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Dépression porcine

Photo: Métro

Les animaux ressentent-ils les mêmes émotions que nous?

Eh bien, je suppose que si les émotions ont évolué chez les humains dans le but d’augmenter leurs chances de survie, il doit en être de même pour tous les animaux.

Quand j’avais 14 ans, je suis allé à la ferme de mes grands-parents en Italie. À un certain moment, on décida qu’il était temps d’abattre un des cochons. Ce ne fut pas un spectacle agréable. Néanmoins, j’ai bravement regardé, pour éviter qu’on se moque de moi. Quelques jours plus tard, on remarqua que le petit de la truie abattue ne mangeait plus. Toutes les tentatives pour le convaincre de s’alimenter  furent vaines. Finalement, la famille décida qu’il faudrait abattre aussi le porcelet. Tous disaient qu’il était dommage qu’on ne puisse attendre qu’il soit bien gras.

Quel diagnostic auriez-vous posé concernant le porcelet? Était-il déprimé? Si oui, quelle en était la cause? Souffrait-il d’un déséquilibre biochimique, ou faisait-il la même chose que tous les autres animaux, c’est-à-dire pleurer la perte d’un être cher?

Si nous considérons les émotions comme un instinct de survie, l’anecdote du porcelet déprimé nous en dit long sur la psychologie humaine.

Les humains, comme tous les animaux, se battent avec ténacité pour survivre. C’est pourquoi nous éprouvons des émotions comme la colère et l’anxiété. Lorsque nous nous sentons menacés, nous avons peur et fuyons le danger. Quand il n’y a pas d’issue, nous faisons face au danger et luttons de notre mieux. Mais la dépression? Pourquoi éprouver une émotion qui diminue notre aptitude à fonctionner et nos chances de survie?

La survie individuelle n’est qu’une petite partie de l’évolution. La survie d’une espèce dépend aussi de la capacité des représentants de cette espèce à se reproduire et à poursuivre la lignée. Nous éprouvons donc des émotions sociales comme la culpabilité, l’amour et la timidité. Pour que les humains survivent, ils doivent établir des liens entre eux. Nous devons nous préoccuper de ce que les autres pensent, parce que nous devons nous trouver un partenaire. Nous sommes également moins vulnérables quand nous faisons partie d’un groupe.

C’est pourquoi nous pleurons les êtres chers. Sans les émotions qui créent une cohésion sociale, nous ne serions pas là. Les individus doivent se battre pour survivre, mais les espèces doivent en faire autant. L’histoire est la même, qu’il s’agisse de porcelets ou d’humains. Si nous n’étions pas aussi affectés par une perte, cela signifierait que nous ne nous soucions guère des autres. Et si nous ne nous souciions guère des autres, nous ne serions pas là.

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