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Chouette, des fleurs du Québec

Chouette, des fleurs du Québec
Photo: Gracieuseté Les Productions Novatik

Passionnés d’horticulture, Thierry Bisaillon-Roy et Alice Berthe font partie de cette nouvelle génération de fleuristes adepte du «Slow Flower». Lui, diplômé en gestion agricole, et elle, conceptrice de projets alliant agriculture urbaine, engagement citoyen et art, ont allié leurs compétences pour fonder la ferme florale et écoresponsable Enfants Sauvages à Stanstead, en Estrie.

Leur rêve? Propulser l’industrie de la fleur coupée locale, si émergeante au Québec, tout en respectant une étiquette complètement verte. Leurs commandes se font en ligne (abonnements floraux bi-mensuels ou bouquet à la pièce), et les bouquets ne sont confectionnées qu’avec les fleurs du moment.

Alors que les États-Unis comptent des milliers de fermes florales, le Québec n’en dénombre que quelques dizaines. «Plus que jamais, à cause de la pandémie, les Québécois ont cet engouement pour la nature et la consommation locale (vêtements, soins, aliments…). C’est aussi possible de prendre ce virage lorsque vient le temps d’acheter des fleurs et on espère que les gens suivront le mouvement », dit Mme Berthe. Entrevue avec la femme derrière Enfants Sauvages.

Quelle est l’histoire derrière votre entreprise?
Enfants Sauvages est née de notre passion commune pour les fleurs et du désir de les mettre à l’avant plan. Nous croyons sincèrement à leur pouvoir et voulons les démocratiser. Cette connexion avec la nature a de réels bénéfices (estime de soi, créativité, humeur) dans la vie des gens. Ce n’est pas pour rien qu’on inclut des espaces verts dans les plans d’architecture.

Quelle est votre mission entrepreneuriale ?
On souhaite démocratiser l’accès à des fleurs saines et locales et décomplexer l’image de la fleuristerie. On veut inclure des fleurs dans le quotidien des gens. Ce n’est pas nécessaire d’attendre une occasion spéciale comme la Fête des mères ou la St-Valentin pour acheter un bouquet, on peut se l’offrir pour son propre bien-être, tout simplement.

Pourquoi avoir choisi la voie éco-responsable?
Pour nous, c’était une évidence. On ne s’en rend pas nécessairement compte quand on va chez le fleuriste, mais la provenance des fleurs qu’on achète a un impact majeur au niveau environnemental et social. Elles arrivent majoritairement (90%) de l’étranger et sont cultivées à gros coups d’engrais chimiques (certains d’entre eux sont même interdits au Canada). À la ferme, on ne coupe que les fleurs qui seront utilisées pour créer un bouquet lorsque nous recevons une commande. Il n’y a alors aucune perte. La nature revient à la nature.

Expliquez-nous le «Slow Flower »
C’est un mouvement américain (le petit frère du « Slow Food »), qui met à l’honneur les circuits courts et qui apporte une autre expérience aux produits. Le «Slow Flower», c’est le fait de se procurer des fleurs locales et de respecter leur période de floraison, comme on le fait pour les aliments. Les bleuets et les fraises au Québec en sont de bons exemples. Ce sont des fruits qui ont bien capitalisé sur la saisonnalité et qui ont démontré que ce côté éphémère est magique. Il en est de même pour les fleurs! À la ferme, on a une soixantaine de variétés qui vont toutes fleurir à différents moments : les tulipes, les anémones, les renoncules, les pivoines, les pavots, les pois de senteur (que j’adore!!), les roses, les magnolias, les dahlias. On a aussi des vergers sur la ferme; on peut ainsi utiliser les belles branches de fleurs de pommiers. On conçoit toujours nos bouquets à la saveur de ce que nous avons au moment de leur création.

Combien de temps dure la saison des fleurs locales au Québec?
Ça dépend si la ferme est munie d’une serre ou non. Ici, on en a une, mais elle est à peine chauffée. L’idée n’est pas de faire de la fleur tropicale. On va plutôt y mettre celles qui ont besoin de fraîcheur. Ça nous permet aussi de devancer quelque peu la saison. On aura donc des fleurs à partir de mai et on pourra en cultiver jusqu’au début d’octobre. Toujours dans le but d’avoir une empreinte environnementale qui est cohérente avec notre mission, on ne veut pas chauffer la terre en hiver. Pour tout de même continuer notre activité pendant la saison froide, nous allons utiliser les fleurs qu’on aura séchées pour faire des couronnes à Noël et des bouquets pour la St-Valentin.

Pour plus d’informations: https://www.enfantssauvages.ca/


Une destination agrotouristique

La ferme ouvrira ses portes aux visiteurs pendant la saison chaude. Ils pourront, entre autres, participer à une dégustation d’hydromel, assister à des ateliers de couronnes de fleurs, faire de l’auto-cueillette tout en apprenant à confectionner un bouquet et à l’entretenir… Tout ça en respectant les recommandations les plus récentes de la Santé publique.

Une campagne de financement en cours
«L’idée, c’est de vendre nos services à l’avance pour ainsi bénéficier de l’enveloppe budgétaire afin de pouvoir payer nos infrastructures. Nous aimerions avoir une génératrice pour être autonome «énergétiquement» et un système d’irrigation, pour que notre étang et notre source puissent alimenter nos plantations», explique l’entrepreneure.

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