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Retour en Normandie

Photo: Gracieuseté: Paul Rousseau

Trois anciens combattants des Forces armées canadiennes et résidents de l’Hôpital Sainte-Anne ont récemment participé aux commémorations du 75e anniversaire du débarquement en Normandie, une opération-clé de la Seconde Guerre mondiale.

Âgés respectivement de 94, 96 et 95 ans, Jean Trempe, Benoit Duval et Earl Kennedy ont passé neuf jours en France au sein de la délégation canadienne forte de 37 anciens combattants.

Ils ont pu visiter la ville de Chambois, l’Abbaye d’Ardenne et Bernières-sur-Mer à Caen, les cimetières militaires canadiens de Bény-sur-Mer et Bretteville-sur-Laize ainsi que le Centre de Juno Beach, lors de la cérémonie officielle du Jour J, le 6 juin.

Une cérémonie s’est tenue sur la plage de huit kilomètres de long du nom de code «Juno», qui est située dans les villages côtiers de Saint-Aubin-sur-Mer, Bernières-sur-Mer, Courseulles-sur-Mer et Graye-sur-Mer. C’est là que 14 000 troupes canadiennes débarquèrent, le 6 juin 1944.

«C’était touchant. Surtout quand on est passé dans les cimetières, indique M. Trempe. On a été traité aux petits oignons pendant 10 jours. Les enfants venaient nous porter des choses. Ils nous remerciaient pour ce qu’on avait fait.»

Combats
Fusiller mitrailleur au sein d’un régiment composé uniquement de Canadien-français, M. Trempe se souvient que le débarquement s’est fait rapidement pour son unité.

«Quand on est débarqué, les tirs n’ont pas commencé tout de suite. On s’est dépêché pour aller se camoufler. On s’est installé dans une écurie. À 2h ou 3h du matin, on a entendu parler allemand. Eux, ils nous ont entendus parler français. Quand il a fait jour, on est allé pour les surprendre, mais ils avaient reculé», raconte M. Trempe.
L’ancien caporal admet avoir ressenti de la peur au combat.

«On avait l’entrainement pour faire le travail, mais lorsque tu te trouves dans une situation où tu peux perdre la vie, la donne change. Si quelqu’un vous dit qu’il n’a jamais eu peur, c’est parce qu’il est fou. Quand tu vois tomber ton copain et tu avances et il y en a un autre qui tombe, si tu n’as pas peur… Moi, j’ai eu peur», se souvient-il.

Ce dernier se souvient d’ailleurs de la qualité du matériel de guerre des Allemands, qui avaient selon lui les meilleurs chars d’assaut et les meilleurs canons, dont les fameuses pièces de 88 mm. M. Trempe se souvient qu’il fallait aussi se méfier des pièges laissés derrière par les Allemands sur les cadavres et à l’entrée des bâtiments.

De son côté, M. Duval était mécanicien dans un navire, HMS Gatineau, qui devait appuyer, par ses tirs d’artillerie, les troupes qui débarquaient.

Bien qu’assigné à des tâches non combattantes, M. Duval affirme que tout le monde à bord du navire était entraîné pour opérer les canons, si un marin se retrouvait gelé par la peur ou blessé.

Retour au bercail
Originaire de Mont-Laurier, M. Trempe se souvient de son départ après s’être enrôlé, en novembre 1943.
«Sur le quai de la gare de train, ma mère m’a pris par les épaules, elle m’a dit qu’on ne se reverrait plus. C’est elle qui a eu raison. Quand je suis revenu en 1946, je suis d’abord allé chez mon oncle, à Montréal. Il m’a dit que ça faisait deux ans que ma mère était morte. J’ai eu comme une claque», évoque M. Trempe.

Au jour J, 359 soldats canadiens ont été tués, et plus de 5 000 soldats ont perdu la vie au cours des 11 semaines de la bataille de Normandie qui s’en suivit.

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