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Prévention de la violence à Montréal-Nord: un «diagnostic» pour tendre la main

Policier de dos
Le rapport fait état d'une méfiance des jeunes envers les institutions. Photo: Stockdeca/123RF

Méconnaissance des services, peur de ne pas être crus, d’être jugés: de nombreuses barrières empêchent les jeunes de Montréal-Nord d’aller chercher de l’aide et de se sentir à leur place dans leur quartier, témoigne un rapport commandé par l’arrondissement.

Le document de 86 pages a d’abord été obtenu par La Presse au moyen d’une demande d’accès à l’information avant d’être rendu public aujourd’hui.

Il se veut un «diagnostic» sur la violence commise et subie chez les jeunes de 12 à 25 ans à Montréal-Nord. Le Centre international pour la prévention de la criminalité (CIPC) l’a réalisé à la demande de l’arrondissement de Montréal-Nord, en vue de lancer un appel de projets auprès des organismes en 2021.

«On ne fait pas ce genre de diagnostic seulement pour faire un état des faits, mais aussi pour trouver des solutions, dans une approche concertée avec les milieux», explique Michelle Côté, directrice de la recherche appliquée au CIPC et coauteure du rapport.

Méfiance généralisée

Les chercheurs ont dressé un portrait statistique de la criminalité à partir de données du ministère de la Sécurité publique et de données sociodémographiques.

Ils ont aussi mené un sondage auprès de 256 jeunes en milieu scolaire ainsi que des entrevues de groupe avec des jeunes de 20 à 25 ans. Des représentants de la police, des écoles, et de 20 organismes communautaires, de même que des parents, ont été consultés. Au total, plus de 300 personnes ont collaboré.

Les données recueillies témoignent d’une grande méfiance de ces derniers envers toutes les institutions du quartier, exacerbée par la pandémie.

Mariam Hassaoui, professeure en sociologie à l’Université TÉLUQ et coauteure du rapport, a été particulièrement ébranlée par ses conversations avec un groupe de jeunes filles.

«Cinq des six ont été agressées sexuellement sans jamais porter plainte. Elles avaient peur de ne pas être crues, peur d’être jugées, raconte-t-elle. Elles ne sentaient pas qu’il y avait une écoute pour elles. J’en ai pleuré.»

Quant aux jeunes hommes, ils ont le sentiment qu’ils n’ont leur place nulle part et qu’ils sont constamment jugés comme étant dangereux, rapporte-t-elle.

Il y a quelque chose qui fait en sorte que la population de Montréal-Nord ne se sent pas en confiance pour aller chercher des services et qu’elle se sent jugée.

Mariam Hassaoui, professeure en sociologie à l’Université TÉLUQ et coauteure de l’étude

Des services insuffisants et mal adaptés

Le rapport fait état de plusieurs lacunes du milieu pour prévenir la violence chez les jeunes, dont le manque d’espaces qui leur sont destinés, au sens propre comme au sens figuré.

«C’est souvent très encadré, très réglementé; les jeunes ne se sentent souvent pas les bienvenus», illustre Mme Hassaoui.

Le document met aussi de l’avant le manque d’infrastructures de loisirs, de même que la nécessité de pérenniser le financement des organismes communautaires et d’investir dans les travailleurs de rue.

«Il y en a trop peu, il n’y a pas de cadre en ce qui concerne leurs qualifications. […] On en a besoin, ce sont eux qui peuvent rejoindre les jeunes qui sont les plus vulnérables et les plus susceptibles d’entrer dans des groupes de délinquance», souligne Mme Hassaoui.

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