Briser la solitude une lecture à la fois
Pour briser la solitude des aînés, la bibliothécaire Stéphanie Brazeau a mis sur pied, en partenariat avec le gouvernement du Québec, une activité de dix séances de lecture destinée aux aînés de la communauté afin qu’ils se réunissent et qu’ils discutent le temps d’une lecture.
Le service Lecture à distance pour les 65 ans et plus a vu le jour au début de la pandémie. Cette activité peut être comparée à un club de lecture audio. Chaque semaine, le participant reçoit un appel téléphonique ou vidéo par un professionnel de la médiation du livre qui lit pour cinq personnes un livre correspondant à leurs intérêts.
«J’attends avec impatience ce petit moment-là toutes les semaines. J’ai juste ça comme activité», rapporte Micheline Paré, résidente d’Ahuntsic, qui participe à l’activité depuis 2020. Ce moment de lecture vient donc ponctuer la semaine d’un instant de joie.
Un pairage bien organisé
Le plaisir de la lecture
Le plaisir de se faire raconter des histoires reste malgré l’âge. Mme Paré décrit cette heure comme «un moment magique». Elle lui permet d’explorer son imaginaire et de retrouver la joie de se faire lire un livre comme lorsqu’elle était enfant. Certains usagers ont rapporté que les médiateurs faisaient les voix ou encore chantaient certains passages.
Les médiateurs du livre font ainsi vivre le texte afin de garder le public captif. Cette lecture permet à celui-ci d’oublier un peu la pandémie. «Ça vient chercher des souvenirs, ça fait vibrer quelque chose en dedans d’eux qui vibre moins ces temps-ci», raconte la médiatrice du livre Isabelle Lamontagne. Il s’agit donc d’un moment divertissant et intellectuellement stimulant pour les participants.
Maintenir les cognitions
«Je pense que ça me permet d’être plus actif au niveau intellectuel», soutient Jean Duval, résident de Rosemont. À Montréal, environ 40% des aînés vivent seuls. Avec la COVID-19 et l’hiver, les personnes du troisième âge se retrouvent isolées chez elles. Un tel programme leur permet ainsi de maintenir certains acquis.
«Le fait que ce ne soit pas juste de la lecture, mais qu’après il y a un espace de parole, ça favorise leurs habiletés cognitives et ça diminue les maladies neurodégénératives», explique la professeure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM Marie-Emmanuelle Laquerre.
Les personnes âgées peuvent donc continuer à communiquer et à maintenir leur capacité communicationnelle, laquelle peut être perdue lorsqu’ils se retrouvent isolés.