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Violence conjugale: des logements pour aider les femmes à reconstruire leur vie

Dorette Mekamdjio. Photo: Coralie Hodgson, Métro Média

D’ici un an, la Maison Gisèle-Pomerleau offrira aux femmes victimes de violence conjugale l’aide nécessaire pour reprendre le contrôle de leur vie, grâce à 20 logements de deuxième étape qui verront le jour sur l’île de Montréal.

Mise en œuvre par le Centre des femmes de Montréal-Est–Pointe-aux-Trembles, la nouvelle maison proposera de l’hébergement de deuxième étape, soit un hébergement transitoire de 3 à 24 mois visant à protéger des femmes dont l’ex-conjoint représente un risque – notamment de féminicide.

«Décider d’aller dans une maison d’hébergement n’est pas évident. Vous abandonnez votre vie, votre maison, votre conjoint. C’est un détachement qui est puissant. C’est pour ça qu’une fois que la femme a fait ce pas, on doit l’encourager, la mettre en sécurité, pour qu’elle puisse continuer, poursuivre sa vie», soutient Dorette Mekamdjio, directrice du Centre des femmes ME/PAT et instigatrice du projet.

Le projet a été financé à hauteur de 11,75 M$ dans le cadre de la Seconde Entente Canada-Québec concernant l’Initiative pour la création rapide de logements (ICRL). «Un investissement très important pour assurer le bien-être des femmes», soutient la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau.

La ministre, qui est également députée de Pointe-aux-Trembles, a collaboré à la mise sur pied du projet avec la Ville de Montréal et l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape (MH2) pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale.

En réaction aux féminicides

C’est en réaction à des féminicides ayant eu lieu dans les dernières années à Montréal que Dorette Mekamdjio et feu Gisèle Pomerleau, fondatrice du Centre des femmes de ME/PAT, ont vu l’urgence d’agir.

Une étude entreprise par le Centre des femmes a conclu qu’il manquait de places dans les maisons de deuxième étape.

En effet, l’Alliance MH2 indique qu’avant la pandémie, 75% des demandes admissibles pour les services de deuxième étape dans la région de Montréal étaient refusées. Ce manque de places pousse également de nombreuses femmes à risque d’homicide à rester plus longtemps en première étape, ce qui empêche certaines femmes également dans le besoin d’accéder à ces services d’urgence, souligne Mme Gaëlle Fedida, coordonnatrice politique de l’Alliance.

Un besoin criant, souligne Mme Fedida, tout en rappelant que le Québec a connu une importante vague de féminicides en 2021.

«Dans la dynamique de violence conjugale, quand un conjoint s’accroche et que madame prend la décision de quitter, monsieur a perdu le contrôle total. Le moyen de récupérer le contrôle est de poursuivre la violence. Et, éventuellement, de mettre un terme à ce qu’elle puisse lui échapper, c’est-à-dire de la tuer», résume-t-elle.

Dans ce contexte, elle salue d’ailleurs la flexibilité des critères d’admissibilité aux logements et la rapidité de livraison des projets de l’ICRL– 12 mois –, expliquant que des projets d’hébergement peuvent normalement prendre de nombreuses années avant d’être livrés.

Encore plusieurs besoins

Si Gaëlle Fedida salue les efforts et investissements faits dans les dernières années par Québec dans le domaine de la lutte contre la violence conjugale, elle souligne toutefois que les besoins restent toutefois criants et que le financement doit encore être bonifié.

«On est en rattrapage de besoins identifiés en 2016. Depuis cinq ans, il y a eu beaucoup plus de campagnes [de sensibilisation], de services externes développés par les maisons d’urgence, les centres de femmes.» Un investissement bénéfique, mais qui engendre aussi plus de demandes d’aide qu’il faut combler, souligne-t-elle.

Dorette Mekamdjio souligne pour sa part que pour régler réellement les enjeux de violence conjugale, il faut avant tout passer par l’éducation et la sensibilisation, notamment des hommes.

D’ici là, l’apport de ce nouveau projet est cependant indéniable à ses yeux. «J’ai espoir. Si, dans la foulée, on peut sauver ne serait-ce qu’une femme, le projet en vaut le coup», croit-elle.

Une maison nommée en l’honneur de Gisèle Pomerleau

Le choix de nommer la future Maison d’hébergement de deuxième étape «Maison Gisèle-Pomerleau», en hommage à la fondatrice du Centre des femmes, décédée en décembre dernier, coulait de soi pour Dorette Mekamdjio.

Cette dernière relate que Mme Pomerleau, qui s’est battue pour la cause des femmes jusqu’à son dernier souffle, a d’ailleurs porté avec elle ce projet et défendu avec conviction.

La décision de nommer la Maison en son nom a d’ailleurs été prise quelques jours seulement avant son décès. «J’aurais tellement souhaité qu’elle voie cette maison. Elle s’était tellement impliquée. Mais elle la voit autrement», soutient Mme Mekamdjio.

«Quand elle est venue me voir pour me parler de ce projet, personne ne savait qu’elle partirait aussi rapidement. Mais pour elle, c’était l’ultime projet pour s’assurer de la sécurité des femmes et de leur développement. Elle a toujours travaillé pour ça», ajoute Chantal Rouleau.

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