Des stationnements plutôt qu’une voie réservée, réclament des propriétaires
Une quarantaine de propriétaires et copropriétaires de Rivière-des-Prairies demandent qu’un tronçon de voie réservée aux autobus soit retiré dans le but de donner accès à plus de stationnements près de chez eux. Selon le regroupement de citoyens, le manque d’espaces de stationnement nuit à leur sécurité et est une cause de stress quotidien.
Plusieurs résidents du boulevard Maurice-Duplessis, entre l’avenue Pierre-Baillargeon et la 41e Avenue (côté sud), se disent mécontents du traitement qui leur est réservé.
«C’est un non-sens complet. Pourquoi sommes-nous les seuls à avoir encore cette voie réservée aux autobus sur notre tronçon?», s’indigne Jenny-Lara Romero, propriétaire d’un appartement.
La citoyenne n’en démord pas et, vidéos à l’appui, tente de prouver que la voie réservée aux autobus n’est quasiment jamais utilisée. D’autres citoyens rencontrés emboîtent le pas et pointent du doigt une «absurdité» sans nom.
D’après leurs dires, seule la ligne d’autobus 49 serait en circulation quotidiennement sur le tronçon et elle n’utiliserait qu’à de très rares occasions la voie réservée. La quarantaine de propriétaires demande «par souci d’équité» que cette voie réservée soit désormais une zone de relâchement – soit un tronçon de libre circulation et de stationnement –,ce qui favoriserait entre autres le stationnement de leurs véhicules.
Nous invitons Caroline Bourgeois à venir vivre ne serait-ce qu’une journée notre calvaire. C’est un stress permanent que nous vivons
Jenny-Lara Romero, propritétaire et citoyenne de Rivière-des-Prairies
Contactée par Métro, la Société de transport de Montréal (STM) affirme quant à elle, chiffres à l’appui, que près de 1400 clients transitent directement par le tronçon aux heures de pointe du matin et de l’après-midi grâce aux lignes 49 et 448, et que la voie réservée permettrait à 5800 personnes d’avoir un service plus fiable.
«Il n’est présentement pas question de faire des modifications à cette voie réservée», affirme la STM.
Même son de cloche du côté de la mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Caroline Bourgeois, qui affirmait lors de l’assemblée du conseil d’arrondissement du 10 février que l’arrondissement «n’a pas l’intention de revoir la décision entérinée en novembre 2018».
Stationnements et sécurité
La quarantaine de propriétaires concernés se partagent actuellement dix places de stationnement de même que cinq autres en alternance sur le boulevard Maurice-Duplessis, qu’ils doivent également partager avec les locataires d’en face.
Certaines familles disent vivre un véritable «enfer». «Avec les panneaux de stationnement, il faut en moyenne changer de place trois fois par jour, s’exclame David. Et l’été, c’est deux fois par semaine lors du nettoyage des rues!»
Ils sont aussi plusieurs, comme Thérésa Pentemlé, à avoir reçu des contraventions de stationnement de 311$. Preuve en main, elle se dit éprouvée et désespérée par cette situation.
90% des résidents sont âgés et/ou à mobilité réduite. C’est à prendre en considération.»
Sophie, propriétaire et citoyenne de Rivière-des-Prairies.
Des aînés témoignent aussi de la difficulté de se rendre de l’autre côté de la rue et craignent pour leur sécurité. «Il faut parfois marcher plusieurs mètres pour traverser au prochain croisement», commente Maria.
De son côté, la STM indique que des études supplémentaires ont été effectuées en 2018 à la demande de l’arrondissement. Elles ont démontré que les places de stationnement étaient utilisées à environ 50% durant les heures de pointe.
«Comme c’est le cas dans tout projet de cette nature, celui-ci impliquait des changements dans les habitudes de stationnement», ajoute Isabelle A. Tremblay, conseillère aux communications de la STM.
Tentés de vendre et de déménager
Grazia a acheté un condo dans le secteur il y a tout juste un an et demi. Elle a vendu sa maison pour avoir l’esprit tranquille et vivre paisiblement. Aujourd’hui, elle indique pourtant vouloir revendre son bien immobilier.
Une voisine de l’autre immeuble a reçu près de 900$ en contraventions de stationnement en l’espace de 24 heures, racontent les citoyens. Elle voudrait vendre son bien immobilier elle aussi.
Un autre propriétaire a conclu sa vente tout récemment. «Je soutiens cette démarche pour les prochains résidents», dit-il.
Après plusieurs plaintes auprès de l’arrondissement et des questions sans réponse de la Ville de Montréal, Mme Romero a décidé de lancer une pétition.
Déjà, la pétition a recueilli près d’une vingtaine de signatures en 24 heures, se félicite-t-elle. Une autre étape qui, selon elle, permettra d’ajouter du poids à la demande des résidents.
«Un dossier politique»
Selon Jenny-Lara Romero, très souvent en contact avec les élus de Rivière-des-Prairies, le dossier de la voie réservée serait un «dossier politique». «Toutes les institutions contactées nous le disent», mentionne-t-elle avec désarroi.
En 2017, sous l’administration de l’ancienne mairesse d’arrondissement aujourd’hui députée provinciale Chantal Rouleau, certains tronçons de la voie réservée aux autobus du boulevard Maurice-Duplessis ont été transformés en zone de relâchement.
Puis, en 2018, la «décision d’entériner l’implantation de la voie réservée avec certaines zones de relâchement» a été prise, écrit la directrice d’arrondissement dans une lettre adressée à Mme Romero.
«Une décision appuyée par une assemblée publique en novembre 2018, au cours de laquelle des résidents étaient invités à s’exprimer», précise la directrice.
Pour autant, la zone à laquelle fait référence Mme Romero n’a pas été prise en compte. La citoyenne n’en démord pas: «il me semble que notre demande mériterait d’être évaluée», souligne-t-elle, tout en rappelant qu’il s’agit «seulement» d’un tronçon de 120 mètres.
Cette voie réservée est vouée à rester en place. La question de la zone de relâchement n’est absolument pas dans les cartons de la STM
Isabelle A. Tremblay, chargée des communications et relations publiques à la STM
Nathalie Pierre-Antoine, conseillère d’arrondissement de RDP, a déjà rencontré à de nombreuses reprises le groupe de citoyens. Tout comme Giovanni Rapanà, conseiller de ville de RDP, elle soutient les résidents dans leur démarche, même si elle se dit «pro-transport en commun».
«Les citoyens sont pour un transport structurant. La mise en place de cette zone de relâchement n’occasionnera aucun trafic, soutient l’élue d’Ensemble Montréal. Leur demande mérite d’être étudiée.»
La mairesse Caroline Bourgeois rappelle que la question du transport en commun à RDP-PAT est bien trop importante dans le contexte actuel des choses et affirme qu’elle sera intransigeante dans ce dossier.