Les hôpitaux de Montréal débordent (encore plus que d’habitude)
Le taux d’occupation dans les urgences des hôpitaux montréalais atteint depuis plusieurs jours des seuils alarmants pour dépasser 130% en date du 6 juillet. Certains établissements ont même franchi la barre de 200% d’occupation à l’urgence. Les syndicats de la santé demandent donc à la population de se rendre à l’urgence «seulement quand nécessaire» afin d’éviter un bris de service dans les hôpitaux.
À 16h, l’Hôpital général Juif Sir Mortimer B. Davis enregistrait hier un taux d’occupation à l’urgence de 215%. Il est suivi de près par l’Hôpital de LaSalle (180%) et ensuite par l’Hôpital général de Montréal et l’Hôpital Royal Victoria (148% chacun). Plus tôt dans la journée d’hier, l’Hôpital général du Lakeshore a aussi atteint la barre de 200% et plusieurs autres hôpitaux dépassaient 150%.
Ceux qui envisagent de sortir de la métropole pour trouver des soins feront le voyage pour rien. Même les régions limitrophes affichent de très hauts taux d’occupation à l’urgence. À Lanaudière, par exemple, le taux d’occupation des lits a atteint 167% en cours de journée mercredi.
Pour le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) affiliée à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Réjean Leclerc, cet engorgement se répète chaque année avec le début de la période estivale et l’augmentation du tourisme. Mais, selon lui, l’absentéisme du personnel de la santé en lien avec la COVID-19 vient s’ajouter au tableau. Le nombre de contaminations chez les travailleurs de la santé a nettement augmenté dans les dernières semaines. Mardi, on comptait plus de 7000 absences liées à la COVID-19. Il y a un mois, ce chiffre était de seulement 3670.
Certains établissements auraient ainsi vu leur taux d’absentéisme doubler en quelques semaines. Avec une tendance «clairement à la hausse» sur l’ensemble du réseau de la santé.
C’est un double facteur qui peut rendre la situation beaucoup plus difficile qu’en temps normal. […] C’est une convergence de circonstances qui vont faire en sorte que les gens vont devoir attendre davantage dans les urgences.
Réjean Leclerc, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS) affiliée à la CSN
Il y a quelques semaines, l’Hôpital général du Lakeshore demandait à la clientèle d’éviter les urgences. L’Hôpital de LaSalle, l’Hôpital Royal Victoria et l’Hôpital général de Montréal n’envisagent cependant pas de bris de service pour l’instant.
Retour des primes?
Le fort taux d’occupation des urgences dans les hôpitaux de Montréal pourrait-il mener à un nouveau délestage? C’est la première crainte des travailleurs de la santé, qui ne veulent pas revenir à la situation qui avait cours au plus fort de la pandémie. «On appréhende beaucoup le délestage, c’est-à-dire des soins moins urgents qui vont encore être reportés, alors qu’on essaye d’être en rattrapage», dit Réjean Leclerc.
La CSN explique avoir pourtant tiré la sonnette d’alarme dès le printemps lors du retrait des mesures incitatives qui visaient à augmenter la présence au travail des travailleurs de la santé. «Clairement, on est préoccupés. On l’annonçait déjà au gouvernement qu’il y aurait un problème cet été lorsqu’il annonçait la levée des mesures incitatives. Il faut planifier davantage pour s’assurer qu’on n’échappe pas des cas cliniquement urgents parce que l’urgence est pleine», affirme Réjean Leclerc.
Les syndicats se disent prêts à collaborer avec le gouvernement pour la remise en place de mesures incitatives. Certaines de ces mesures, comme «primes COVID», auraient prouvé leur efficacité dans le passé, selon la CSN. Ces dernières avaient eu un impact positif sur la présence au travail des travailleurs de la santé.
«Le gouvernement doit nous approcher pour convenir de mesures aussi fortes que dans le temps de la COVID-19. Un coup de téléphone et on règle tout ça», lance Réjean Leclerc.
Non, dit le ministère
De son côté, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) ne souhaite pas mettre en place de nouvelles primes incitatives comme lors de la cinquième vague.
«Nous déployons de très nombreuses mesures pour attirer davantage de personnel et assurer la rétention du personnel en place. Ces mesures donnent des résultats, mais la pénurie de main-d’œuvre ne se réglera pas en quelques mois, explique le MSSS. Nous devons offrir des vacances au personnel en place. […] Ces vacances sont méritées.»
Le MSSS ajoute que certains montants de rétention, ainsi que d’autres primes et allocations, restent toujours en vigueur.