Malgré la pandémie, «des milliers de demandes» à la SPCA
La crise du coronavirus a suscité un élan de sympathie inattendu à l’endroit des chats et les chiens abandonnés. La Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal croule sous les demandes d’adoption d’animaux.
«Nous avons reçu des milliers de demandes de gens qui veulent être famille d’accueil», indique Élise Desaulniers, directrice générale.
Cette semaine, en plein crise du coronavirus les gens faisaient carrément la file pour choisir un animal. «Nous avons eu beaucoup plus de monde qu’à l’ordinaire. Il a fallu mettre quelqu’un à l’entrée pour limiter le nombre de personnes et demander aux gens de revenir plus tard pour qu’ils ne viennent pas s’agglutiner dans les locaux», souligne-t-elle.
C’est une bonne nouvelle dans le contexte de la crise du coronavirus, selon Mme Desaulniers. Au total, 58 chats, 36 chiens et 54 autres animaux de compagnie devraient ainsi trouver rapidement preneur.
Cette augmentation des demandes d’adoption serait une conséquence directe de la situation de confinement que vivent les citoyens depuis une semaine.
«Les gens ne travaillent pas. Ils ont du temps. Ils sont devant une situation sur laquelle ils n’ont pas de contrôle et ils veulent aider», explique-t-elle.
Dans les discussions entre adoptants et employés de la SPCA, il s’avère que s’occuper d’un chat ou d’un chien abandonné tient de l’acte collectif. «En prenant soin d’un animal, je fais quelque chose pour ma communauté», croit Mme Desaulniers.
Moins de moyens
Toutefois, les restrictions sanitaires liées à la crise du coronavirus compliquent un peu la situation. «Je dois dire à ceux qui n’ont pas encore reçu de réponse que nous devons prendre du temps pour traiter leurs demandes. Il faut être patient.»
Les adoptions sont suspendues cette fin de semaine pour adapter le système. «À compter de lundi 23 mars, les adoptions se feront uniquement sur rendez-vous pour ne pas créer d’encombrement dans nos locaux », souligne Mme Desaulniers.
Depuis une semaine la SPCA fonctionne avec un effectif réduit. «Tout le personnel qui n’est pas essentiel au fonctionnement de la SPCA est en télétravail. Nous avons aussi fermé le service de stérilisation des chats errants ainsi que la clinique de stérilisation pour les propriétaires particuliers.»
L’accueil d’animaux abandonnés est également suspendu. Seules les urgences pour des animaux blessés ou gravement malades sont reçues.
«Si votre copain n’aime pas votre chat, vous pouvez attendre un petit peu avant de nous l’amener», relève Mme Desaulniers.
Mme Desaulniers souhaite aussi que les animaux qui ont moins de succès à l’adoption trouvent aussi preneur.
«Nous avons 12 tortues, mais aussi des perruches, des cochons d’Inde et des hamsters; des animaux auxquels les gens ne pensent pas forcément à adopter.»
Il est impératif pour l’organisme de faire adopter des animaux pour laisser de la place à d’autres qui vont venir les remplacer. «Ce qu’on veut c’est que les animaux sortent.»
Crise en vue
Il y a quand même une ombre au tableau. La SPCA vit essentiellement des dons et de ses activités de financement autonomes, comme la stérilisation et les frais d’adoption.
«On ne voit pas encore les conséquences, mais si la crise perdure, que nous fermons plus longtemps les cliniques de stérilisation et que le rythme des adoptions est ralenti faute de pouvoir recevoir plus de gens, nous risquons la catastrophe.»
Avec le début de l’été, les chatons et les bébés écureuils vont affluer. À partir de mai, arrivent aussi les abandons d’animaux pour cause de déménagement.
«Ce sont des situations qui reviennent chaque année, mais cette fois, cela risque d’être plus difficile, car nos marges de manœuvre sont limitées. »
L’été passé, la SPCA avait organisé un évènement pour susciter l’adoption gratuite et vider son refuge.
«On ne pourra pas recevoir cette fois des dizaines de personnes au même endroit au même moment.»
La crise de l’emploi induite aussi par les restrictions sanitaires aurait aussi des effets sur les dons. «Lorsque les gens sont au chômage, ils donnent moins d’argent», conclut-elle.