Les restaurants en mode résistance au temps du coronavirus
Pour ne pas cesser complètement leurs activités durant la crise du coronavirus, des restaurants d’Ahuntsic proposent dorénavant des plats à emporter. Si certains utilisaient déjà cette formule avant la crise sanitaire, d’autres ont dû innover pour s’adapter à la nouvelle réalité.
À l’Estaminet, un des cafés restaurants de la Promenade Fleury, l’ambiance n’est plus ce qu’elle était. La salle est fermée, les clients entrent un seul à la fois pour chercher leur commande. Les plats en take out, c’est carrément une nouveauté pour la propriétaire au temps du coronavirus.
«Il n’y a rien de comparable entre ce que nous faisions avec la salle ouverte et aujourd’hui», souligne Nancy Collin. Elle a racheté le restaurant il y a une année parce qu’elle voyait le potentiel de ce commerce qui existe depuis 1985.
De son équipe de 15 employés, il n’en reste plus que deux. Le chiffre d’affaires fond rapidement. «Si on aide les entreprises qui ont perdu 30% de leurs revenus, moi j’ai perdu 90%», souligne-t-elle.
D’ailleurs, si elle maintient son commerce ouvert, c’est parce qu’elle espère, en partie, que cette aide gouvernementale lui permettra de souffler. Toutefois, ce n’est pas sa seule motivation. «C’est surtout psychologique, note-t-elle. Fermer n’est pas la meilleure option pour nous et on perdrait de l’argent de toute façon.»
Elle-même ne se donne plus de salaire. «Si cette activité permet de payer un peu le loyer, ce sera déjà quelque chose de pris», note-t-elle.
Un peu plus loin, au Petit Flore, l’ambiance est aussi à la résistance. Situé en face de l’église Saint-Paul-de-la-Croix, cet établissement est un véritable point de repère dans le secteur.
«On faisait une dizaine de plats à emporter par jour, à la demande. Aujourd’hui, on en fait une cinquantaine», confie Stéphanie Bouchard la propriétaire des lieux depuis 26 ans.
Cela représente un peu moins de 10% de l’activité de cet établissement, mais fermer n’a jamais été une option pour elle. «On a d’abord réduit à 50% la salle, puis on a proposé les plats à emporter», énumère-t-elle. Elle n’a plus qu’un seul employé sur les 39 qui travaillaient sur les lieux.
Rester ouvert est pour elle une façon de conjurer le mauvais sort. «Ce restaurant, c’est mon travail, mon fonds de pension, c’est ma vie», affirme-t-elle.
Le fait de revoir quelques-uns de ses clients est aussi une façon de garder le lien avec la vie d’avant la crise.
Une nouveauté pour tous
Sur Fleury Ouest, le restaurant Les Cavistes a rouvert depuis le 2 avril, mais uniquement pour des plats à emporter.
«On s’est mis sur la plateforme Ueat. Les gens commandent et payent en ligne directement. Ils viennent juste ramasser leur boite à pique-nique», dit Maude Theroux-Seguin, la propriétaire. Ce mode lui plait beaucoup, car cela réduit à zéro le contact entre clients et employés.
Le restaurant avait fermé au début de la crise et Mme Théroux-Séguin avait dit vouloir prendre un temps de réflexion avant de proposer éventuellement des plats à emporter. «Notre tartare de saumon réputé nécessite tout de même un emballage particulier», souligne-t-elle.
Le lancement semble prometteur, même si elle ne se fait pas trop d’illusions. «On ne fera pas d’argent avec cette formule, mais je pense que les clients garderont cette habitude après la crise, croit-elle. Autant être prêt à y répondre.»
Le restaurant qui proposait aussi des vins d’importation continuera de le faire en ligne. «On offre des accords mets-vins comme cela se faisait en salle», mentionne-t-elle. La différence c’est que les bouteilles sont à un prix réduit.