Les Pollués de Montréal-Trudeau lancent une campagne de dons
Pour faire face aux réclamations éventuelles de leur adversaire, Aéroports de Montréal (ADM), les Pollués de Montréal-Trudeau qui luttent contre le bruit des avions, ont lancé une campagne de sociofinancement. Ils souhaitent récolter 50 000$ d’ici la fin du mois.
De cet argent, 30 000$ serviront à se pourvoir en appel. Puis 20 000$ permettront de payer les dommages punitifs qui pourraient être exigés au profit d’ADM. Une somme considérée minime par rapport aux 130 000$ de frais juridiques pour le traitement du dossier, selon ADM.
La cagnotte des Pollués a dépassé les 3000$ en moins de cinq jours. À cela, s’ajoutent 4000$ que l’organisme avait déjà dans ses comptes.
«Dès la comparution devant le juge, ADM a clairement établis qu’ils entendaient demander à la cour, cela faisait partie de leur demande de rejet, des dommages envers les administrateurs des Pollués», admet Pierre Lachapelle, directeur de ce regroupement citoyen.
Légalement, c’est lui, Francine Lauzon et Antoine Becotte, de simples citoyens engagés dans un bras de fer avec ADM depuis quelques années qui devront payer.
«Individuellement, nous n’aurions jamais entrepris quelque chose comme cela, car nous n’avons pas la force de le faire. Mais nous avons quand même l’énergie qui vient de nos membres», convient M. Lachapelle. Selon lui, les Pollués revendiquent une centaine d’adhérents.
«Nous avons aussi l’appui de tous ces anonymes qui nous écrivent pour se plaindre du bruit des avions», soutient la porte-parole des Pollués. La balle est donc dans le camp des citoyens qui croient à la démarche des Pollués, croit M. Lachapelle.
Déconvenue
Le regroupement citoyen les Pollués de Montréal-Trudeau a été débouté par la Cour supérieure le 6 août de trois demandes. Ces décisions de justice peuvent être portées en appel. La date d’échéance est le 30 septembre.
Les Pollués demandaient la mise en place d’un couvre-feu strict réduisant le passage des avions au-dessus de Montréal durant la nuit. Une requête déjà refusée par la Cour supérieure en 2018 dans le cadre d’une action collective, considérant qu’elle était de ressort fédéral.
Le groupe citoyen sollicitait aussi une étude d’impact environnemental avant le lancement des travaux d’une nouvelle aérogare de 2,5 milliards$. Pour la justice, cette demande est jugée «prématurée et théorique» dans la mesure où la réalisation de ce projet interviendrait en 2030 et n’en est qu’au stade des études.
Les Pollués voulaient également recevoir 1 M$ en dommages punitif par année depuis 2015 pour compenser la hausse du trafic aérien observé avant la pandémie. Une demande jugée irrecevable dans la mesure où les Pollués ne peuvent représenter les résidents de Montréal si ce n’est dans le cadre d’une action collective.
Ces jugements ne remettent pas en question justement l’action collective des Pollués concernant les nuisances sonores à Montréal-Trudeau qui a été autorisée.
La cour devrait, lors d’une audience à venir, déterminer si le bruit des avions «constitue un inconvénient anormal de voisinage». S’ils remportent ce procès, des milliers de Montréalais recevraient alors une compensation financière pour les préjudices subis.