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Léo Fiore, au service de la quiétude à Ahuntsic-Cartierville

Léo Fiore
Le travail de Léo Fiore reconnu par ses collègues. Photo: Amine Esseghir/Métro Média

L’équipe de Tandem – Prévention du crime Ahuntsic-Cartierville a célébré il y a quelques jours les dix ans de Leonardo «Léo» Fiore à la tête leur organisme. Il raconte comment il a vécu cette décennie à renforcer le sentiment de sécurité chez les citoyens.  

Comment en êtes-vous venus à diriger Tandem Ahuntsic-Cartierville?

J’avais fait toute ma carrière dans les sports et loisirs à Rosemont. Pendant mes cinq dernières années, j’ai été en relation avec Tandem en tant que fonctionnaire de la Ville. Quatre ans après ma retraite, je m’ennuyais et j’ai vu un affichage de poste pour Tandem Ahuntsic-Cartierville. Je me suis dit, c’est pour moi. On était une dizaine de candidats.

Qu’avez-vous trouvé en prenant les rênes de l’organisme?

Il y avait trois personnes et j’étais le quatrième. Moi je suis un gars d’équipe et c’était un groupe qui marchait très bien. Au début, j’ai changé des petites choses comme le burinage des objets. Dans ce temps-là, le pain et le beurre de l’organisme, c’était de mettre des numéros sur les objets de valeur, les télévisions ou les micro-ondes. C’est comme pour les vélos, mais ce n’était pas vraiment au point.

À cette époque aussi on a mis au point un formulaire avec les deux postes de quartier [le 27 à Ahuntsic et le 10 à Bordeaux-Cartierville]. Quand les gens se faisaient voler, ils appelaient la police et les agents leur remettaient un document avec l’en-tête Tandem Ahuntsic-Cartierville. Après cela, on allait faire la visite des lieux pour voir si c’était sécuritaire.

On organise alors avec la victime la protection de la maison, même si elle est locataire. C’est gratuit et on va lui fournir un beau rapport avec des recommandations, changer ta serrure, mettre des barreaux aux fenêtres si on est au premier étage, etc.

Dans le privé, c’est un service qui doit coûter cher.

Ça coûte très cher. Les policiers le font de temps à autre, mais nous, nous le faisons continuellement dans l’arrondissement.

En dix ans, comment a progressé la criminalité à Ahuntsic-Cartierville?

Cela varie beaucoup si on parle des vols par effraction dans les résidences ou les vols d’autos ou dans les autos. Quelquefois, c’est la même personne qui commet ces méfaits. Quand il est pogné, c’est tranquille pendant quelques mois, mais quand il sort cela reprend.

Ahuntsic-Cartierville est très sécuritaire. Il y a parfois des gens qui parlent de gangs de rue. S’ils voient sept ou huit jeunes dans un parc, ils pensent que c’est une gang. Ce ne sont pas des gangs de rues. Il n’y en a pas beaucoup à Ahuntsic-Cartierville, et je ne parle pas à tort ou à travers.

Avez-vous vu des changements après vos interventions dans des secteurs problématiques?

Le plus gros changement que j’ai vu, c’est au parc Tolhurst. Il y avait de la vente de drogue et beaucoup de citoyens se plaignaient. On a assisté à de grosses rencontres avec des policiers. On a travaillé avec les partenaires du coin, notamment avec l’Office des HLM, et nous sommes arrivés avec un plan très coûteux, on a demandé à poser des barrières, à augmenter l’éclairage. Ils ont tout fait.

Dans Bordeaux-Cartierville, il y avait des jeunes qui se réunissaient autour d’une table à pique-nique sous un balcon. Ils n’étaient pas méchants, mais ils faisaient du bruit jusqu’à minuit, ils urinaient dans le coin. La table était amovible. On a demandé à la Ville de fixer les tables dans un parc à proximité. Le problème a été réglé.

Quelles sont les activités les plus courantes de Tandem à Ahuntsic-Cartierville?

On fait de la médiation. On est un des bureaux qui en fait le plus à Montréal. C’est pour les chicanes de clôtures. On peut faire des ententes entre voisins et leur éviter d’aller en cour pour régler leurs différends.

Nous faisons aussi beaucoup de porte-à-porte. Nous sommes ceux qui en font le plus. Nous ne sommes pas des médecins, mais quand on voit des situations difficiles on peut recommander les gens au CIUSSS. On avait vu dans une maison privée un monsieur qui avait au moins 145 vélos. Il y’en avait dans sa cour, dans sa cuisine.

Justement, à cause de notre expérience dans le porte-à-porte, on a fait appel à nous pour former les brigades de prévention de la COVID.

Après dix ans, que voudriez-vous encore changer?

Je voudrais ajouter une ressource supplémentaire, une personne qui ne s’occupera que du dossier aîné. Dans l’arrondissement, 18% de la population est âgée. Il y a des problèmes de prévention des fraudes sur Internet et d’isolement. J’espère l’avoir avant de partir à la retraite.

Quelle conclusion tirez-vous après dix ans à la tête de l’organisme?

Nous travaillons pour améliorer la qualité de vie des citoyens, mais nous restons dans nos mandats. Nous ne sommes ni des travailleurs de rue ni des policiers. La prévention sert à augmenter le sentiment de sécurité, mais il y a aussi son pendant qui est de réduire le sentiment d’insécurité. Ce qui est intéressant dans notre travail, c’est que nous sommes écoutés. Nos recommandations sont prises en compte.

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