Plus de protection aux intersections pour les cyclistes à Ahuntsic-Cartierville
Les aménagements pour vélos comme le REV (réseau express vélo) se multiplient à Montréal. Mais pour les défenseurs des transports verts, ils ne sont pas toujours pertinents, voire sécuritaires. C’est ce que pense Frédéric Bataille, porte-parole d’Ahuncycle et membre de l’Association de mobilité active d’Ahuntsic-Cartierville (AMAAC).
Il cite en exemple la bande cyclable située sur la rue Prieur Est, qui a été installée en 2020 et qui relie les rues Christophe-Colomb et Saint-Hubert. Bien qu’elle réponde à une demande exprimée par les associations cyclistes depuis 2014, elle est aujourd’hui souvent disputée entre les vélos et les autos.
«Cette piste-là est mal faite», lance d’entrée de jeu Frédéric Bataille.
Ainsi, si des bollards souples sont installés pendant l’été, ils sont retirés de novembre à mai. Une mesure pour, entre autres, assurer un déneigement efficace de la rue. L’aménagement est pourtant situé le long de plusieurs écoles et est emprunté par de nombreux élèves de septembre à juin.
«L’hiver, avec un peu de neige, la piste disparaît complètement et les autos roulent dedans», poursuit Frédéric. Son trajet quotidien passe d’ailleurs par le REV puis le parc Ahuntsic pour se retrouver à l’intersection de Prieur et Saint-Hubert.
«La plupart du temps, il y a une voiture qui veut tourner à droite dans la piste. Il n’y a pas beaucoup de protection. Les automobilistes ne regardent pas la signalisation puis circulent dans la piste. Cet élément est dangereux. Ça arrive tous les jours en hiver», assure le porte-parole d’Ahuncycle.
Quelle alternative?
Dans son cahier de propositions pour améliorer la mobilité active à Ahuntsic-Cartierville, l’AMAAC propose des solutions à cet enjeu.
Si la voie réservée aux vélos sur Prieur Est est actuellement une voie bidirectionnelle non protégée tout le long de l’année, l’Association souhaiterait y voir des «pistes unidirectionnelles protégées» de chaque côté de la route.
Pour cela, «il faudrait enlever des stationnements» afin de réaliser ce que Frédéric pense être «l’aménagement idéal».
«Ici, le compromis qui pourrait être fait est de protéger cette piste bidirectionnelle tout le long», ajoute-t-il. Par exemple, l’arrondissement pourrait ajouter «des poteaux à distance régulière» et «à chaque intersection», suggère-t-il.
Une demande «pertinente» mais pas forcément réalisable, répond la mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier.
«Là où les pistes cyclables sont proches des voitures, il faut penser au rayon de braquage», note-t-elle.
Une cohabitation pas toujours évidente
Si elle apprécie les propositions de l’AMAAC, l’élue note que «pour tout ce qui est technique, ce sont les fonctionnaires de l’arrondissement qui peuvent le faire». Elle souligne par ailleurs des «enjeux de cohabitation».
Justement, ce n’est parfois pas le grand amour entre les cyclistes et les automobilistes, entre autres à l’angle des rues Prieur Est et Christophe-Colomb. Sur cet axe se trouvent l’une des plus vieilles pistes de l’arrondissement, installée depuis près de 40 ans.
Selon Frédéric Bataille, les conflits entre les vélos et les voitures y sont légion, en direction nord notamment. Les cyclistes se feraient ainsi régulièrement «couper par les voitures».
«Durant la pandémie, il y avait des voies actives sécuritairse unidirectionnelles» des deux côtés de la route, rappelle le militant pro-vélo. Un marquage au sol complétait le tout. «Ç’a été apprécié par beaucoup de cyclistes. C’était aussi plus sécuritaire», juge-t-il.
Ahuncycle et l’AMAAC demandent donc un aménagement similaire et permanent afin de protéger les cyclistes et d’encourager la pratique du vélo.
«On leur demande de le faire le plus vite possible, on en a besoin», conclut Frédéric.