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Cri du cœur des maisons des jeunes

Le "Squat" d'Ahuntsic. Photo: Nicolas Monet/Métro

Face à un sous-financement chronique et les défis de la pénurie de main-d’œuvre, les maisons des jeunes sont devenues expertes dans l’art d’en faire beaucoup avec très peu.

Ces maisons disposent d’environ un tiers du budget de base nécessaire à leurs opérations, dénonce le directeur général du Regroupement des maisons des jeunes du Québec (RMJQ), Nicholas Legault.

Nicholas Legault explique ce sous-financement par la mission des maisons, qui sont dans la prévention, et par ceux qui en profitent, les adolescents, qui tombent souvent dans l’oubli. En somme, les maisons des jeunes n’attirent pas l’attention des différents paliers de gouvernement.

«On ne fait pas pleurer personne malheureusement», laisse tomber le directeur général.

De grandes difficultés opérationnelles

Les maisons du RMJQ doivent gérer un taux de roulement de 37%, un taux significativement plus élevé que la moyenne québécoise de 28%, rapporte Nicholas Legault.

La cogestionnaire de la maison des jeunes d’Ahuntsic (le «Squat»), Joëlle Dorion, déplore la difficulté de recruter et de garder ses employés, lorsque les salaires représentent parfois la moitié de ce qui peut être offert dans le réseau public à une personne ayant la même formation.

Une situation qui a un impact direct sur les jeunes. «Quand un intervenant quitte, le jeune perd quelqu’un avec qui il a créé un lien […] Il a un sentiment de trahison», explique Joëlle Dorion.

Un nombre insuffisant de collations pour tout le monde, des meubles délabrés, et le manque de budget d’activités font aussi partie de la réalité quotidienne de celle qui œuvre dans les maisons des jeunes depuis près de six ans.

«Les coordonnateurs passent plus de temps à essayer de survivre qu’à offrir des services», affirme Nicholas Legault.

Dans la dernière année, 45% des maisons ont dû fermer ou réduire leurs heures d’ouverture à cause du manque de main-d’œuvre.

Le RMJQ, qui chapeaute 221 maisons des jeunes, se mobilise pour un plus grand financement dans le cadre de la 25e Semaine des maisons des jeunes, qui se déroule du 10 au 16 octobre.

«Le loisir est un prétexte pour intervenir»

Nicholas Legault veut combattre plusieurs mythes entourant les maisons des jeunes, dont l’objectif est de permettre aux jeunes de devenir autonomes et de se réaliser.

On a la préconception qu’on est un centre de loisirs […] mais c’est le moyen qu’on utilise pour entrer en contact avec les jeunes. On va beaucoup plus en profondeur que ça.

Nicholas Legault, directeur général du RMJQ

«Les maisons sont un milieu de vie où les ados se rencontrent, en compagnie d’une équipe de professionnels, explique pour sa part Joëlle Dorion. Notre but, c’est de créer des liens.»

Les intervenants font donc beaucoup plus que de la surveillance. L’encadrement dans les maisons est relativement minimal, servant surtout à assurer la cohabitation saine et respectueuse entre les jeunes.

Les jeunes sont au centre de la gestion de l’établissement, la participation et les initiatives personnelles étant mises de l’avant. Des jeunes siègent au conseil d’administration de certaines maisons. Au «Squat» d’Ahuntsic, les jeunes votent lorsqu’un budget est disponible pour une nouvelle acquisition. Lors du dernier vote, une Nintendo Switch a triomphé face à une table de hockey sur air.

«On a le meilleur spot en ville»

Le «Squat» d’Ahuntsic accueille de 20 à 30 jeunes de 11 à 18 ans sur l’heure du midi et après l’école.

Les adolescents rencontrés par Métro sont tous sur la même longueur d’onde: les principaux attraits de la maison sont les jeux et l’ambiance décontractée. Le tennis de table et le billard sont les grands gagnants du sondage improvisé.

Félix, 14 ans, passe tous ses midis et ses débuts de soirée au «Squat», appréciant particulièrement les occasions de socialiser. «Comme ça, on n’est pas tout seul chez soi, on est en train de s’amuser», affirme-t-il.

Joëlle Dorion dissimule mal son sourire en entendant les jeunes s’exprimer. «Ma mission est accomplie s’ils ne se rendent même pas compte qu’on fait de l’intervention», se réjouit-elle.

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