Soutenez

Une école de CDN veut revoir la méthode de calcul de l’indice de défavorisation

La cours d'école du Petit-Chapiteau, dans Côte-des-Neiges.
La cour de l'école du Petit-Chapiteau, dans Côte-des-Neiges. Photo: Capture d'écran Google Maps

Des enseignants de l’école du Petit-Chapiteau, dans Côte-des-Neiges, souhaitent une modernisation de l’indice du milieu socioéconomique (IMSE), qui permet d’identifier quelles écoles ont besoin de mesures spécifiques pour assurer la réussite scolaire des élèves. Ils ont lancé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale.

Cet indice ne représenterait plus adéquatement la réalité d’élèves de partout au Québec et «particulièrement dans la grande région de Montréal», estime une des enseignantes derrière la pétition, qui préfère taire son nom par peur de représailles. Selon elle, l’école primaire où elle enseigne est une «démonstration exemplaire» d’une méthode de calcul qui ne fonctionne plus.

Qu’est-ce que l’IMSE?
L’IMSE est un indice utilisé dans le cadre d’une démarche du ministère de l’Éducation visant à contribuer à la réussite scolaire des élèves de milieux défavorisés. Pour calculer l’IMSE d’un enfant, différents facteurs sont pris en considération, dont le niveau de diplomation de la mère et les revenus de ses parents.
Les écoles ayant un IMSE de 1 sont les écoles dont les élèves sont les plus favorisés. Plus l’indice est élevé, plus les élèves sont défavorisés. Le maximum est de 10.
La moyenne de l’IMSE d’enfants d’un secteur est compilée, et les écoles affichant un IMSE se situant entre 7 et 10 inclusivement ont droit à des mesures particulières aidant à la réussite des élèves.

Le souci avec la méthode de calcul actuelle, selon les enseignants derrière la pétition, est qu’elle se baserait sur le revenu de toutes les familles d’un secteur donné, sans égard à l’école fréquentée par les enfants. L’école du Petit-Chapiteau, par exemple, est l’école primaire publique d’un quartier de Côte-des-Neiges où résident entre autres des familles bien nanties.

L’enseignante affirme que la plupart des parents de ce milieu envoient leurs enfants à l’école privée plutôt qu’à l’école de quartier. Les deux tiers des élèves de cette école du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) sont des immigrants philippins de première ou de deuxième génération, selon l’enseignante. Le tiers des élèves fréquentant l’école sont nés aux Philippines.

La méthode de calcul actuelle prend aussi en considération le niveau de diplomation de la mère des enfants. Le problème, c’est que plusieurs mères ont des diplômes qui ne sont pas reconnus au Québec. «Plusieurs mamans d’élèves [de l’école du Petit-Chapiteau] travaillent comme nounou ou comme femme de ménage. Elles gagnent donc beaucoup moins que ce que leur diplôme philippin pourrait laisser croire», explique l’enseignante.

L’indice de défavorisation [de l’école du Petit-Chapiteau] est de 5, alors que ceux des écoles avoisinantes sont tous de 9.

Enseignante de troisième année à l’école du Petit-Chapiteau dans Côte-des-Neiges

L’école Lucille-Teasdale, par exemple, est située à environ 800 mètres de l’école du Petit-Chapiteau, alors que celle des Nations se trouve à 550 mètres à peine. Leurs indices de défavorisation, ainsi que ceux des écoles Simonne-Monet et Saint-Pascal-Baylon, montent à 9.

Si l’indice de défavorisation d’une école descend sous 7 – ce qui est le cas de l’école du Petit-Chapiteau -, elle n’est alors pas visée par la stratégie d’intervention du gouvernement «Agir autrement», qui vise à réduire le décrochage scolaire et améliorer les chances de réussite scolaire.

Le nombre maximum d’élèves par classe dans les écoles ayant un IMSE plus élevé est plus bas. Ce qui favorise la réussite scolaire. Et aide à l’apprentissage du français.

«Dans ma classe, sur 24 élèves, j’en ai juste une qui parle le français à la maison», illustre l’enseignante. Ce n’est donc qu’un seul modèle de français que les jeunes peuvent prendre en exemple quand ils parlent entre eux. Plusieurs études démontrent que d’avoir moins d’élèves dans une classe permet d’accorder plus de temps à chacun des élèves.

L’IMSE trop bas de l’école du Petit-Chapiteau ne reflète donc pas la réalité des besoins des élèves, ce qui nuit à leurs apprentissages et à leur intégration dans la communauté montréalaise et québécoise, soutient-elle. «La méthode de calcul utilisée date d’une époque où il y avait deux ou trois élèves qui ne parlaient pas français à la maison dans les classes», dit-elle.

Celle-ci invite la population à signer, d’ici le 25 juillet 2023, la pétition mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale.

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.