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Ray-Mont Logistiques: un enjeu «majeur» dans Hochelaga

La députée sortante d’Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada, et celui de Laurier–Sainte-Marie, Steven Guilbeault, ont rencontré les citoyens dans le boisé Vimont le 24 août dernier. Photo: Jason Paré/Métro Média

La campagne fédérale bat son plein et le projet de plateforme de transbordement de l’entreprise Ray-Mont Logistiques dans le secteur Assomption Sud-Longue-Pointe prend de plus en plus de place dans la lutte électorale qui s’annonce serrée dans le comté d’Hochelaga.

Après la candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD), Catheryn Roy-Goyette, c’était autour de la députée sortante d’Hochelaga, la libérale Soraya Martinez Ferrada — accompagnée du ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault — de rencontrer le 24 août les citoyens dans le boisé Vimont.

Est-ce que le projet Ray-Mont Logistiques serait en train de devenir l’enjeu principal de la campagne électorale dans la circonscription d’Hochelaga ?

Non, répond de but en blanc la députée sortante.

«Je pense que l’environnement est un enjeu important de façon générale dans la campagne fédérale, soutient Mme Ferrada. Pour ce qui est de Ray-Mont Logistiques, ça touche un secteur très particulier de notre comté, mais l’enjeu des gens à Langelier-Bélanger, ce n’est pas ce projet. »

Du côté du candidat du Bloc québécois, Simon Marchand, cet enjeu fait partie du «top 3» pour le comté.

«En 2019, on n’en parlait à peu près pas, raconte le bloquiste. Tout le monde était dans l’expectative face aux démarches judiciaires. Maintenant que cela s’est résolu, définitivement, on en entend plus parler.»

Mme Roy-Goyette admet que la circonscription d’Hochelaga «est extrêmement grande», ce qui fait qu’il y a de «multiples enjeux», dont celui de la crise du logement, «mais, sans équivoque, le dossier de Ray-Mont Logistiques occupe et continuera d’occuper une place extrêmement importante dans la campagne électorale».

Expropriation ou rachat?

Catheryn Roy-Goyette propose carrément d’exproprier Ray-Mont Logistiques, tandis que M. Marchand croit plutôt que le fédéral devrait négocier avec l’entreprise pour racheter le terrain. Cette dernière option semble peu probable aux yeux de la candidate du NPD.

«La négociation avec M. Raymond est extrêmement difficile. Pour ne nommer qu’un exemple, la poursuite bâillon que l’entreprise a déposé contre la Ville de Montréal, démontre clairement qu’il n’est pas ouvert à négocier.»

La néo-démocrate et le bloquiste s’accordent sur une chose: ils reprochent tous deux à la députée sortante de ne pas avoir fait de ce dossier une priorité plus tôt.

«Je suis très content qu’elle finisse par se réveiller sur un dossier où on l’a très peu entendue dans les deux dernières années», mentionne M. Marchand.

En réaction aux critiques de ses adversaires, Mme Ferrada rétorque que ce projet était là bien avant son arrivée.

«Catheryn Roy-Goyette était au bureau de la députée [Marjolaine Boutin-Sweet du NPD] pendant huit ans. Qu’est-ce que le bureau de la députée du NPD a fait autre qu’envoyer des mémoires? Elles n’ont pas fait changer le zonage.»

Un changement qui aurait permis, selon la candidate libérale, d’éviter que Ray-Mont Logistiques achète le terrain.

Mme Goyette-Roy réplique que le changement de zonage relève du municipal, mais elle affirme que le NPD a toujours été présent pour accompagner la Ville dans ses démarches.

«Quand M. Raymond a acheté le terrain, on avait déjà produit une vision du développement qu’on avait sur le Port de Montréal et l’interface qui devait exister entre ce dernier et le quartier résidentiel», ajoute-t-elle.

Un parc linéaire

Lors de la rencontre avec les citoyens, les candidats libéraux se sont engagés à travailler à ce qu’un gouvernement libéral réélu collabore à la création d’un parc linéaire entre le quartier Viauville et le terminal de transbordement de Ray-Mont Logistiques, ce qui nécessiterait de s’entendre avec le CN et le promoteur pour le rachat ou la cession de cette friche et le déplacement des chemins de fer s’y trouvant.

Si la proposition d’un parc linéaire est intéressante, ce n’est pas suffisant pour les membres de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM, puisque, selon Cassandre Charbonneau, «ça ne réglerait pas le problème de cohabitation avec une entreprise incompatible avec un milieu de vie.»

Les libéraux proposent la création d’une parc linéaire.

Un comté baromètre

Même si le dossier de Ray-Mont Logistiques est avant tout un enjeu municipal, le directeur de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill, Daniel Béland, croit que cette question jouera un rôle «très important» aux élections fédérales dans le comté d’Hochelaga.

«C’est un projet qui pourrait vraiment avoir un impact direct sur la vie quotidienne des gens d’Hochelaga, mentionne M. Béland. Il y a eu une manifestation quand même importante avec des milliers de personnes ce printemps.»

Malgré que Soraya Martinez Ferrada se dit contre le projet et qu’elle travaille sur des mesures de mitigation pour réduire les nuisances provoquées par les futures installations de Ray-Mont Logistiques, le professeur croit que ce dossier peut nuire à sa réélection, puisque la population a tendance à blâmer les députés sortants.

«Mme Ferrada est associée à cette situation juste parce qu’elle était députée au moment où la décision [juridique] a été prise, même si elle n’a rien avoir avec cette décision de façon directe.»

Que ce soit la proposition du candidat du Bloc québécois de racheter le terrain ou celle de la candidate du Nouveau Parti démocratique d’exproprier l’entreprise, M. Béland affirme que c’est plus facile à dire qu’à faire. Dans les deux cas, ça coûterait très cher et pour ce qui est spécifiquement de l’expropriation, «cela se ramasserait devant les tribunaux et ce n’est pas du tout certain que le fédéral l’emporterait».

«L’expropriation, je pense que c’est vraiment une solution de dernier recours, et il y aurait sans doute un backlash dans les milieux d’affaires.»

«Faire tourner le vent»

Selon le politologue, Hochelaga est un comté baromètre dans le contexte des élections fédérales. Il rappelle que la dernière fois, le Bloc a perdu par quelques centaines de votes (319 voix) et mentionne également que la circonscription a été aux mains du Nouveau Parti démocratique entre 2011 et 2019 à la suite de la vague orange qui avait emporté le bloquiste Daniel Paillé, «un joueur important» pour le parti indépendantiste.

Pour ce qui est de la lutte actuelle, M. Béland a l’impression qu’elle se fera principalement entre Soraya Martinez Ferrada et Simon Marchand du Bloc, puisqu’en 2017 la candidate du NPD, Catheryn Roy-Goyette, était «assez loin derrière» et que les présents sondages ne sont pas très favorables à son parti au Québec.

Selon lui, la question de savoir qui est le mieux placer pour représenter les intérêts du Québec à Ottawa, incluant les intérêts locaux, sera déterminante pour la campagne dans Hochelaga. Il croit donc que l’enjeu concernant Ray-Mont Logistiques est suffisant pour «faire tourner le vent ou aider le Bloc à l’emporter».

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