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Forte croissance des surdoses de drogue à Montréal

Photo: GettyImages

Bien que les yeux du Québec soient rivés sur les données de la pandémie, d’autres causes affectent la mortalité en province. La crise des surdoses d’opioïdes fait encore des ravages alors que durant l’été, Montréal a enregistré le plus grand nombre de décès depuis la vigie des surdoses instaurée il y a six ans.

Le Bureau du coroner du Québec a signalé 23 décès probablement liés à une intoxication aux drogues de rue en juillet. Une augmentation significative des signalements de surdoses nécessitant l’utilisation de naloxone, un médicament qui agit rapidement pour renverser temporairement les effets des opioïdes, a également été observée depuis.

Parmi les opioïdes les plus connus, on retrouve la codéine, l’opium, la morphine, l’oxycodone et le fentanyl, dont certains sont des stupéfiants. Consommés de façon abusive, ils produisent une sensation d’euphorie, mais ils peuvent aussi mener à une surdose fatale.

Or, même au plus fort de la crise sanitaire, le centre d’injection supervisé Cactus, situé dans le Quartier des spectacles, n’a jamais fermé ses portes. Pour le directeur général, JeanFrançois Mary, la problématique s’est même accentuée durant la pandémie à Montréal.

Un établissement comme Cactus devient plus essentiel que jamais et fait partie de la solution à la crise des surdoses d’opioïdes à Montréal, estime le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins.

«Il a été largement démontré que cela a permis de réduire énormément la mortalité associée aux opioïdes. Ça fait partie de la stratégie qu’on appelle la réduction des méfaits», explique-t-il.

L’objectif est d’éviter de juger les personnes qui se droguent et qu’elles puissent le faire de façon sécuritaire afin de rester en vie.

Situation désespérée

Les gens ne savent plus vers qui se tourner pour survivre, estime M. Mary, qui œuvre dans le milieu depuis une quinzaine d’années. Il remarque que les personnes que Cactus dessert, souvent marginalisées, sont dans des situations assez désespérées.

Certains auraient été jusqu’à utiliser la Prestation d’urgence canadienne (PCU), même s’ils ne sont pas éligibles, sachant qu’ils en subiront les conséquences plus tard. «L’enjeu principal pour ces gens-là ce n’est pas la COVID, c’est la surdose ou les enjeux socioéconomiques qu’ils subissent», expose M. Mary.

De plus, les règles sanitaires strictes et les craintes reliées à la pandémie sont loin d’encourager les gens à prêter main-forte à une personne en situation de surdose. Les passants sont toutefois presque toujours les premiers secours, sauvant des vies notamment grâce aux manœuvres de réanimation.

Solutions

Le Québec est la province canadienne la moins impactée par la crise des opioïdes, fait savoir le Dr Robert. Notamment parce que les médicaments prescrits pour le contrôle de la douleur sont en partie régulés. Il y a toutefois des failles dans le système.

«Ce n’est pas hermétique. Le patient qui reçoit ses médicaments, il peut faire autre chose après, comme les vendre dans la rue», souligne-t-il, précisant que l’approvisionnement illégal est particulièrement important au Québec.

«Il n’existe pas une seule solution miracle qui va faire disparaître les drogues et leurs effets demain matin. Il y aura toujours de la dépendance.»

-Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins

La situation de l’Ontario était similaire au Québec il y a quatre ans. «Il y a eu une réorganisation des marchés de la drogue et beaucoup d’opérations policières qui viennent déstabiliser le marché et [ainsi] Toronto a changé de portrait en un mois. Je pense qu’on est en train d’être témoin de ce changement [à Montréal]», estime M. Mary. Selon lui, l’exemple ontarien nous montre qu’une fois qu’on a passé ce cap, on ne revient plus en arrière.

Un premier pas dans la bonne direction serait de rattraper le retard en matière de réduction des méfaits, estime Jean-François Mary. Il soulève notamment qu’il n’y a pas de site de prévention des surdoses sur le territoire et aucune nouvelle salle d’injections depuis 2017. Selon lui, pour régler le problème de surdoses, il faut se concentrer sur l’approvisionnement, c’est-à-dire fournir les drogues dont on connaît la composition et la concentration.

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