Organismes à bout de souffle: Verdun joint sa voix aux manifestations
Alors que les organismes communautaires dénoncent leur sous-financement, des groupes verdunois lancent un véritable cri du cœur.
Plusieurs organismes verdunois ont protesté dans les rues de Verdun hier, et ils ont ensuite participé à la manifestation montréalaise au parc Émilie-Gamelin.
De nombreux organismes communautaires de Verdun ont cosigné une lettre destinée à la députée de Verdun, Isabelle Melançon. Cette missive résume les revendications nationales pour le milieu communautaire; principalement de «financer les 4000 organismes d’action communautaire autonome à hauteur de 460 millions d’ici le budget 2022».
Les organismes souhaitent aussi que le gouvernement reconnaisse l’expertise des différents groupes dans leur milieu. Québec doit investir de façon majeure non seulement dans les organismes communautaires, mais aussi dans les services publics et les programmes sociaux. «On est dans un contexte d’austérité et on va l’être dans les prochaines années encore davantage. On veut que le gouvernement investisse en masse», insiste, le coordonnateur de la table de quartier Concertation en développement social de Verdun (CDSV), Julien Caffin.
Ce dernier souligne que l’investissement servirait à avoir une stabilité auprès des groupes communautaires. «On l’a vu durant la pandémie, le milieu communautaire a été extrêmement important. Il l’était bien avant, mais la crise sanitaire a mis en exergue les inégalités, et montré un certain nombre de vulnérabilités qui sont de plus en plus présentes, que ce soit en matière d’accès à l’alimentation, de l’itinérance, de santé mentale chez les jeunes ou d’isolement chez les aînés», souligne M. Caffin.
Plusieurs organismes font face à des problématiques tels que la crise du logement et la pénurie de main-d’œuvre. «En ce moment, le milieu communautaire est en grande difficulté. Il y a une pénurie de main-d’œuvre, et on a du mal à retenir les employés parce qu’on n’est pas bien financé et les salaires sont donc moins élevés. Ça crée des bris de service et on ne peut pas répondre aux besoins de plusieurs personnes», explique M. Caffin.
Même son de cloche du côté du Centre des femmes de Verdun. L’organisme est temporairement localisé dans le sous-sol de l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, faute de trouver un nouvel espace abordable et adapté à leurs besoins.
«C’est important pour nous d’être [présent à la manifestation] parce qu’on ressent le filet social qui s’effrite. Il est affaibli parce que le réseau communautaire l’est aussi par manque de financement», mentionne l’ intervenante en action communautaire au Centre des femmes de Verdun, Emmanuelle Bonneau-Lebleu.
Besoins accrus
Le Centre des femmes de Verdun travaille souvent en collaboration avec d’autres organismes en référent sa clientèle aux prises avec des besoins spécifiques. Mme Bonneai-Lebleu indique que les centres avec qui elle travaille sont souvent trop achalandés pour aider de nouvelles personnes. «On a des femmes qui viennent et qui ont besoin d’hébergement soit pour des raisons de violence conjugale ou parce qu’elles sont en situation d’itinérance, mais les centres n’ont plus de place», se désole-t-elle.
Il y a un manque de financement qui se combine au besoin accru de la population. La communauté avec laquelle on travaille est beaucoup plus précarisée. Au Centre des femmes de Verdun, on le ressent vraiment.
Emmanuelle Bonneau-Lebleu
L’intervenante remarque qu’à Verdun, il y a une explosion du nombre de personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être. M. Caffin constate également la même chose.
«Il y a des enjeux qui sont ressortis à Verdun, mais c’est présent aussi dans les autres quartiers», dit-il. Le coordonnateur souligne que la crise du logement est un «enjeu énorme» à Verdun.
La CSDV a aussi développé plusieurs projets pour une meilleure sécurité alimentaire puisqu’il y a eu beaucoup de demandes récemment. Avec un meilleur financement, l’organisme pourrait, par exemple, lancer un nouveau projet d’épicerie solidaire à Verdun.