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Hortithérapie à l’Institut Douglas: guérir en jardinant

Photo: Zoé Arcand / Journal Métro

Il fait chaud dans les serres de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Cette semaine, toute la communauté hospitalière était accueillie à l’occasion de la vente semestrielle de ce programme qui renaît de ses cendres pandémiques. À l’entrée, des participants au programme d’horticulture s’occupent de la caisse et de l’accueil des visiteurs.

«C’est un programme thérapeutique, de l’hortithérapie, qui existe depuis les années 1980», met en contexte la travailleuse sociale aux services de rétablissement, Andréanne Léveillé. Interrompu depuis trois ans à cause de la pandémie, le programme a repris en octobre dernier. L’atelier permet de développer une aise en groupe, pour nourrir un sentiment d’entraide, dit Mme Léveillé.

Léa (nom fictif) est en suivi à la clinique externe de l’Institut Douglas pour anxiété et dépression. Elle a accepté de parler à Métro, entre deux clients. «Moi, je suis plutôt ermite, dit-elle en rigolant. C’est moins le côté social que le travail manuel et l’apprentissage qui me font du bien. Sinon, c’est pour le pur plaisir que je viens ici».

Les participants à l’atelier sont les bienvenus, peu importe leur humeur, «ils savent que quand ils viennent ici, c’est pour le plaisir, pas pour se mettre de la pression», affirme la travailleuse sociale.

Être «dans une bulle»

Quand Léa travaille dans les serres avec le personnel du programme d’horticulture, elle est «dans une bulle». Elle en apprend sur le jardinage et les soins à donner à un potager. Ce sont les fleurs «plus esthétiques» et les plantes qui donnent des fruits ou légumes comestibles qui l’intéressent le plus. Son rêve est de vivre dans une ferme reculée, d’être autosuffisante.

En attendant, elle raconte la joie que lui procure le geste d’enfouir ses mains dans de la terre retournée. Elle récolte les apprentissages dans ce programme du CIUSS de l’Ouest-de-l’Île, auquel elle peut assister deux fois par semaine. Accompagnés d’un horticulteur et de la travailleuse sociale Andréanne Léveillé, Léa et les autres participants apprennent les bases du jardinage, en groupe si possible.

Les ateliers du matin sont dédiés aux patients suivis par la clinique externe, alors que les patients hospitalisés peuvent assister aux ateliers de l’après-midi. Pendant les sessions de jardinage «on ne parle pas de patients, dit Mme Léveillé, on parle de participants ou d’apprentis jardiniers». Le but est de les sortir du contexte hospitalier. Dans les serres de l’Institut Douglas, ce sont le travail de la terre et la réinsertion sociale qui comptent. Et on est loin de s’y sentir à l’hôpital, grâce aux terrains verts et à l’esprit de groupe.

Tous les profils de patients peuvent prendre part à l’activité, qui évoluent dans des groupes mixtes, donc composés de personnes suivies par différents départements.

Les deux serres sont pleines à craquer d’annuelles, «qui vendent le mieux». Ces plantes et ces fleurs seront plantées au-devant des serres ou achetées lors de la vente estivale. «Le lieu est parfaitement adapté» aux différents besoins des apprentis jardiniers, trouve Victor. Les cosmos côtoient les plants de tomates et les pétunias, mais aussi un grand bananier, fierté de la travailleuse sociale.

Dehors, à l’arrière, se trouve le potager. Des sections y sont aménagées pour les participants au programme ayant des problèmes de mobilité. Des bancs de bois se glissent facilement entre les parcelles de terre surélevées, pour ceux ayant de la difficulté à se pencher. Un grand arbre et un gazebo permettent aussi à ceux plus sensibles au soleil de s’abriter.

Renouer avec une routine

En plus d’implication sociale de l’activité, la reprise d’une routine aide beaucoup les participants. «Les ateliers commencent à 8h30 le matin, explique Victor. Pour plusieurs, c’était un enjeu à la base, mais finalement, ils trippent tellement sur le jardinage qu’ils réussissent à développer une routine pour assister à l’atelier».

Si tôt le matin, nul besoin de se stresser: l’activité commence en groupe, assis autour d’une table, un café dans la main. Les jardiniers peuvent discuter et se réveiller doucement avant de mettre la main à la terre. Pour ceux pour qui les matins sont plus difficiles, pas de problème, ils peuvent intégrer des plus petits groupes, actifs pendant une heure, en après-midi.

En plus de développer le pouce vert, «ils sont en contact direct avec quelque chose de concret. Prendre soin de quelque chose les aide aussi à prendre soin d’eux-mêmes», dit la travailleuse sociale.

Les jardiniers, en contact avec les plantes, sont confrontés à des réussites. «Certains ont comme a priori qu’ils ne vont pas réussir, alors de réussir à s’occuper de quelque chose de vivant, ça peut être bon pour la confiance et l’estime de soi», dit l’horticulteur. «Mais les plantes sont vivantes», rappelle-t-il. L’atelier permet donc d’être confronté à des embuches dans un environnement qui pardonne.

Les participants s’occupent de tout. Rempotage, plantation, semence, arrosage et taille des plantes se finalisent en vente semestrielle: une à l’été et une à Noël.

«Le but c’est que les participants aient un impact sur le fonctionnement de l’atelier», dit Mme Léveillé. Le personnel responsable leur laisse donc beaucoup de liberté dans les prises de décision, et collecte le plus possible les avis des gens. Pour ce qui sera fait avec l’argent récolté lors de la vente, les jardiniers auront assurément leur mot à dire. Pour l’instant, aucune décision n’est prise, mais «ça cogite».

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