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Mal soigné, un tétraplégique a demandé l’aide médicale à mourir

Jacques Comeau, 66 ans, dans son domicile à Lachine.
Jacques Comeau, 66 ans, dans son domicile à Lachine. Photo: Alexis Fiocco, Métro Média

Jacques Comeau, tétraplégique depuis 46 ans, a demandé l’aide médicale à mourir après avoir reçu de mauvais soins à domicile. Soigné par le CLSC de Dorval-Lachine, M. Comeau met en cause des changements structurels au CLSC survenus à la suite d’une réforme en santé au niveau provincial.

Il y a quelques semaines, les aides à domicile qui soignaient Jacques Comeau depuis plusieurs années ont été remplacées par d’autres aides-soignants qui ne l’ont pas traité adéquatement. Dans l’inconfort et la douleur, M. Comeau a décidé de faire une demande d’aide médicale à mourir auprès de son médecin. «Je préférais mourir que continuer à vivre comme ça», a-t-il déclaré lors d’une entrevue avec Métro.

Formation insuffisante et pénurie de main-d’œuvre

Tétraplégique depuis qu’il est jeune, le retraité de 66 ans n’a jamais perdu son autonomie – il conduit, fait le ménage, et cuisine. M. Comeau n’a besoin d’aide que pour se lever le matin, se coucher le soir, et surtout pour vider ses intestins plusieurs fois par semaine. C’est ce dernier soin, mal administré, qui l’a poussé à vouloir finir sa vie. «Je n’avais jamais senti cette douleur psychologique là de ma vie», a déclaré M. Comeau.

Selon lui, les nouvelles aides à domicile n’étaient pas bien formées à faire le curage, ce qui a provoqué une incontinence ayant mis en péril son désir de vivre. «Comment tu veux que je vive, quand je m’en vais quelque part et que je ne sais pas ce qui va se passer?»

Interpellé par M. Comeau, le CLSC aurait répondu que tous les aides-soignants étaient formés à l’administration de ce soin, et qu’il n’y avait pas de solution. Mais selon lui, la formation initiale ne suffit pas pour connaître les besoins de chaque personne.

Contacté par Métro, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île a déclaré «essay[er] d’offrir du personnel stable à [ses] usagers afin qu’ils soient soignés par le même professionnel de la santé», mais qu’il est confronté à une «pénurie de main-d’œuvre». 

Après avoir lancé la démarche pour l’aide médicale à mourir, M. Comeau a tout de même contacté le CIUSSS pour lui faire part de sa détresse. En quelques jours seulement, les anciens aides-soignants sont revenus au domicile de M. Comeau, qui a finalement décidé d’annuler sa demande.

Une réforme de la santé mise en cause

Le problème des mauvais soins est «récurrent», selon une organisatrice communautaire en défense des droits de l’organisme Moelle épinière et motricité (MEMO) Québec, Adèle-Liliane Ngo Mben Nkoth. Celle-ci met en cause la réforme Barrette adoptée en 2015. «C’est depuis cette réforme que les structures [et les services] ont changé, au nom de l’efficacité et de l’optimisation des ressources», explique-t-elle. «Mais est-ce qu’en réalité, ça répond aux besoins de la personne?», s’interroge-t-elle.

Pour Mme Nkoth, ce sont «des soins qu’on ne négocie pas». Le Québec étant une «société riche», elle estime que «ça doit se ressentir dans les soins qu’on donne à notre population». MEMO revendique par ailleurs une augmentation du financement dans les programmes de soutien à domicile.

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