Le quartier Saint-Pierre perdra bientôt sa caisse populaire
Les mauvaises nouvelles continuent de s’accumuler à Saint-Pierre. Après les bouchons circulation et l’aggravation de l’enclavement engendrés par les travaux à l’échangeur Turcot, les résidents du quartier devront bientôt trouver une alternative pour effectuer leurs transactions financières. La seule institution qui les desservait, la Caisse Desjardins de Lachine, a décidé de fermer son point de service définitivement, le 28 octobre.
« La banque la plus proche se trouvera maintenant à 3 km d’ici, fait valoir David Marshall, le directeur de l’organisme Revitalisation St-Pierre. Les gens ici sont âgés et ne peuvent pas se déplacer facilement. Ils n’auront plus d’option », fait-il valoir.
Depuis l’annonce, faite il y a deux semaines par la direction, M. Marshall se bat pour préserver au minimum un guichet automatique pour desservir le territoire. Ils souhaiteraient aussi qu’un représentant visite les résidences pour personnes âgés.
Pétition
La pharmacienne au Uniprix à proximité de l’institution financière, Élizabeth Verge, ainsi que la secrétaire de la résidence J-Placide Desrosiers, Lucie Ouellette, ont joint leurs forces pour lancer une pétition pour sauver la Caisse. Le marché St-Pierre a emboîté le pas et la pétition y est aussi disponible.
Mercredi matin, lors du passage de TC Media, près d’une dizaine de résidents ont traversé les portes de la Caisse en mois de 15 minutes pour y effectuer des transactions. L’un d’entre eux, M. Breton, déplore la tournure des événements.
« Je ne viens pas d’ici, mais mon frère habite juste à côté, raconte un entrepreneur à la tête de la compagnie de déménagement Breton et frères. Je viens y effectuer mes transactions commerciales depuis bientôt huit ans. C’était vraiment pratique. »
Mais la Caisse affirme que seulement 5000 transactions y sont effectuées par mois, alors qu’il en faudrait de 10 000 à 12 000 pour qu’un guichet, en réseau fermé, soit rentable pour l’entreprise.
« On trouve ça très dommage qu’ils tiennent compte davantage de la rentabilité que de leur devoir communautaire. Selon moi, Desjardins est une institution québécoise et elle se doit d’offrir des services à la population, même s’ils ne font pas des tonnes d’argent », commente M. Marshall.
Discussions
Les élus de Lachine font aussi pression. Ils ont rencontré le directeur général, Stéphane Lavoie. Le maire Claude Dauphin reconnaît que ce secteur, qui souffre déjà de l’enclavement et peine à se revitaliser, perdrait un gros morceau si la clef venait à être mise définitivement sous la porte, tel que prévu.
« Nous avons senti une ouverture de la part de M. Lavoie et je sais que d’autres discussions sont prévues. Nous n’avons pas espoir de préserver la statu quo, mais on voudrait au minimum qu’un guichet soit accessible aux citoyens », affirme le maire.
Il ajoute que les personnes âgées du secteur, bien qu’ils peineraient probablement à utiliser la technologie au départ, auraient au moins une chance d’apprendre, au lieu d’avoir à se déplacer à l’extérieur de leur quartier.
Pour le moment, Stéphane Lavoie est absent de son bureau et il a été impossible de le joindre pour obtenir ses commentaires. Toutefois, le directeur de Revitalisation St-Pierre nous assure qu’une rencontre est prévue d’ici la fin de la semaine. Malgré l’échéancier serré, il garde bon espoir qu’ils parviendront à un compromis.