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Les nouveaux emballages d’Amazon n’excusent pas nos habitudes de consommation

Un paquet monte un convoyeur chez Amazon
Depuis 2015, Amazon dit avoir réduit de 36% la quantité d'emballages générés. Photo: Christine Beaudoin/Journal Métro

En plein mois de la Terre, Amazon promeut les mesures qu’elle prend pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2040. L’entreprise mondialement connue en a profité pour inviter Métro à son centre d’exploitation situé à Lachine afin de témoigner de son volet de réduction d’emballages, même si le spectre de la surconsommation est omniprésent.

Engagement climatique

En 2019, le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a bouleversé le monde entier. À Montréal, une manifestation monstre a exprimé l’écoanxiété des citoyens. Un mois plus tard, Amazon devient le premier signataire du Climate Pledge, «un appel aux entreprises et aux organisations à prendre des mesures collectives face à la [crise climatique]». Pour inciter les signataires à faire en sorte que leurs mots deviennent des actions, ceux-ci sont tenus de mesurer leurs émissions de carbone et d’en produire régulièrement des rapports.

«On veut être une entreprise responsable et pérenne dans le temps», soutient la directrice aux communications externes chez Amazon Canada, Ryma Boussoufa, concernant les intentions environnementales du commerce en ligne.

Des emballages intelligents

Le géant de la vente en ligne vise plusieurs secteurs avec sa stratégie zéro carbone. Notamment, il souhaite rendre électrique l’ensemble de ses véhicules et se servir uniquement d’énergies renouvelables pour ses opérations.

Lors de la visite, ce sont les méthodes de réduction d’emballages qui brillent. Par exemple, on y montre un programme d’intelligence artificielle qui apprend à réduire la taille des boîtes assignées aux commandes. On explique aussi le concept des emballages «sans frustration», soit le système qui évite d’envoyer une boîte… dans une autre boîte.

Le trophée de ces stratégies est une enveloppe matelassée recyclable. Au lieu de bulles de plastiques à l’intérieur des enveloppes, on y trouve des coussins de fibres de papier. L’entreprise de gestion de matières recyclables Ricova a confirmé qu’elles sont effectivement acceptées dans le recyclage montréalais.

Depuis 2015, ces initiatives auraient permis à Amazon de réduire sa production d’emballage de 36%.

«Ça représente environ deux milliards de paquets et un million de tonnes de diminution en poids», affirme Mme Boussoufa.

Une image qui peine à être verte

Malgré ces développements qui sont, de prime abord, plus sains pour l’environnement, une image négative colle à Amazon.

Nombreux sont les articles et les reportages dénonçant les pratiques de l’entreprise de Jeff Bezos. Même les stratégies de réduction d’emballages font hausser des sourcils.

Mais selon la directrice des communications, il n’est pas question ici de perfection.

«Est-ce que j’ai la présomption de vous dire qu’on est une entreprise 100% verte? Absolument pas. Est-ce qu’on a des lacunes? Est-ce qu’on y travaille? Absolument», explique-t-elle.

Un cas d’écoblanchissement?

Benoit Duguay, professeur titulaire à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, met en garde ceux qui seraient tentés d’accuser l’entreprise de greenwashing, ou d’écoblanchissement. Du moins, c’est le cas si on définit ce phénomène comme étant la prétention d’une entreprise d’être «verte», alors qu’elle ne fait pas d’effort sincère pour s’améliorer sur le plan environnemental.

Selon les informations obtenues, M. Duguay explique qu’il est impossible pour lui d’affirmer hors de tout doute qu’Amazon et ses emballages sont un cas d’écoblanchissement. Mais, il y a un bémol: «[La réduction d’emballages], c’est positif, mais [Amazon] demeure quand même une entreprise principalement basée sur la livraison à domicile.»

Ce type d’entreprise, que ce soit Amazon ou des supermarchés, ne peut pas éliminer entièrement son empreinte écologique, note le professeur. Peu importe le degré de réduction des emballages, ils seront produits quand même. Le fait qu’ils soient recyclables ne les rend pas écologiques pour autant.

Le recyclage ne sauvera pas la planète

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) a publié un rapport en janvier 2022 détaillant le portrait actuel de la gestion des résidus ultimes au Québec.

Ce rapport alarmant révèle que les objectifs de réduction des déchets par habitant pour 2023 sont loin d’être atteints. Selon les projections actuelles, ils seront seulement réalisés en 2041. Le BAPE réitère qu’il faut prioriser la réduction à la source et le réemploi avant le recyclage. Il souligne également que la société d’État RECYC-QUÉBEC devrait «poursuivre le recentrage de ses messages, non pas sur le bon geste de recyclage à poser, mais sur la consommation responsable».

Finalement, M. Duguay soutient que la responsabilité environnementale d’une entreprise comme Amazon est «partagée entre celui qui livre et celui qui achète». Son conseil? «Arrêter les achats impulsifs!»

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