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Printemps érable: 10 ans plus tard, quel héritage au Cégep de LaSalle?

LaSalle cégep
Des centaines de personnes ont pris part à une manifestation étudiante, 10 ans après la manifestation monstre du 22 mars 2012. Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors que la manifestation étudiante historique surnommée «printemps érable» fête ses 10 ans à Montréal, l’Association générale des étudiants du Cégep André-Laurendeau (AGECAL) de LaSalle fait part de ses observations sur l’évolution de la lutte étudiante.

Véritable clin d’œil au passé, mardi 22 mars 2022, 2000 étudiants se sont réunis dans les rues de Montréal pour réclamer la gratuité scolaire, dix ans jour pour jour après la manifestation étudiante monstre du «printemps érable» qui avait eu lieu le 22 mars 2012.

Vincent Brazeau, aujourd’hui agent administratif et politique à l’Association générale des étudiants du Cégep André-Laurendeau (AGECAL) de LaSalle, était lui-même, en 2012, étudiant et membre de l’AGECAL. Selon lui, depuis la mobilisation historique d’il y a 10 ans, le plus grand acquis demeure celui relatif au coût de la facture universitaire.

Vincent Brazeau, agent administratif et politique à l’Association générale des étudiants du Cégep André-Laurendeau (AGECAL) de LaSalle.
Crédits: gracieuseté.

«Je crois que si le Printemps n’avait pas eu lieu, les étudiants auraient les poches encore plus trouées», estime-t-il. «Je pense qu’on peut se permettre de dire que notre mouvement a conduit à une élection que le parti au pouvoir depuis belle lurette a perdue, en plus de conduire à la démission de la ministre de l’Éducation Mme Beauchamp», poursuit-il.

Selon sa collègue Charlotte Duprieu, autre employée actuelle de l’AGECAL, depuis le «printemps érable», «les mouvements étudiants ont gagné en reconnaissance, car ces derniers étaient moins considérés avec sérieux».

De son côté, la présidente actuelle de l’AGECAL, Élisabeth Bisaillon, estime que depuis 10 ans, «les mouvements étudiants ont acquis de la visibilité et ont participé à éveiller davantage la population québécoise sur les enjeux sociaux». Elle précise aussi que «ceux qui ont fait grève ce mardi revendiquent les droits étudiants. La gratuité scolaire, comme en 2012, mais aussi de rémunération des stages et de pouvoir garder nos assurances collectives, entre autres l’aide psychologique. Et ça, autant côté universitaire que collégial.»

Évolution des modes de luttes et des motifs

En observant ces dix dernières années, Vincent Brazeau considère aujourd’hui que «le Cégep André-Laurendeau a connu un essoufflement au niveau de l’implication étudiante pendant les cinq ou six années qui ont suivi». Selon lui, ce sont surtout les méthodes employées qui sont devenues radicalement différentes. «En 2012, nous étions environ 700 membres par semaine à nous éterniser en palabres sur les enjeux sociétaux, sur la durée et l’intensité des moyens de pression et leur pertinence. Mais, en 2019 par exemple, lors de la marche pour le climat, bien que le terme “grève” ait été mentionné, on sentait les étudiants assez frileux à l’idée de ne pas assister à leurs cours», explique-t-il.

Un avis partagé également par Charlotte Duprieu, qui observe quant à elle «un manque d’intérêt de la part des étudiants envers les enjeux socioéconomiques. Ils tiennent moins de forums de discussion publics, tels que des assemblées générales.»

Mais les deux membres de l’AGECAL s’accordent également à dire que si «les étudiants sont mobilisés en plus petits groupes avec des actions locales qu’ils essaient de faire rayonner ailleurs», ce sont surtout le motif et les thèmes des luttes qui ont changé. Selon eux, «on parle aujourd’hui beaucoup d’environnement, de la condition autochtone et de la réconciliation, ou encore de crises humanitaires internationales» comme le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine.

Élisabeth Bisaillon précise également que les cégeps et universités seront de nouveau ensemble pour une autre grève prévue le 1er avril prochain au sujet de l’urgence climatique.

«Ce n’est pas parce les étudiants ne font pas des manifs à tous les jours qu’ils n’ont pas d’opinion ou qu’ils sont indifférents. Je pense simplement qu’ils attendent le bon moment, la bonne cause qui leur parle pour se manifester», conclut Vincent Brazeau.

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