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REV sur Saint-Denis: mise en demeure à l’endroit de la Ville

REV Saint Denis
Une trentaine de commerces ont fermé depuis janvier 2020, selon la Société de développement commercial de rue Saint-Denis (SDC). Photo: Pablo Ortiz/Métro

Exaspérés par les travaux du Réseau express vélo (REV), des commerçants de la rue Saint-Denis ont envoyé une mise en demeure à la mairesse de Montréal, Valérie Plante, mardi.

La Coalition Accès Rue Saint-Denis, par le biais de ses porte-paroles Concept Zone inc., Mycoboutique inc. et Optique Georges Laoun inc., est à l’origine de cette mise en demeure qui «fait largement écho à nombre d’autres commerçants de la rue», précise-t-on.

Réalisé en aval de multiples travaux et dans un contexte de pandémie qui a fragilisé plusieurs places d’affaires, le REV s’additionne aux difficultés en compromettant largement l’accès aux commerces, selon les commerçants.

Ces derniers ne mâchent pas leurs mots envers l’administration Plante.

«Envers et contre tous, en pleine crise de pandémie et après que les commerçants de la rue Saint-Denis aient subi un long chantier (2016-2017) qui a laissé de graves séquelles, l’administration municipale va de l’avant avec les travaux d’aménagement du REV.

Le moment choisi pour ce faire ne peut être pire», fait valoir le document, ajoutant que le tronçon, qui ne laisse qu’un étroit passage en direction nord, se trouve presque entièrement bloqué.

Hémorragie

Les commerçants subissent «un préjudice qui va bien au-delà des inconvénients normaux qui découlent habituellement de travaux publics», stipule la mise en demeure signée par Me Denis Cloutier.

Celle-ci fait mention de «la quasi-absence d’espaces de stationnement sur la rue, la difficulté à y circuler même à vélo, à y immobiliser un véhicule pour fins de livraison et la difficulté d’y circuler pour les piétons».

Or, aucune solution concrète n’a été annoncée jusqu’ici, déplorent les commerçants, qualifiant de «vague et théorique» la possibilité d’indemnisation en regard de «l’hémorragie en cours».

Face à cette menace pour la survie des commerces – dont on souligne que la baisse du chiffre d’affaires s’est aggravée pour plusieurs depuis le commencement des travaux sur Saint-Denis – les signataires de la Coalition Accès Rue Saint-Denis «entendent intenter tous les recours appropriés dans les circonstances».

Non essentiels

La présidente de l’entreprise Optique Georges Laoun souligne que la démarche reçoit l’appui d’une large partie des commerçants. «On nomme quelques commerces, par contre c’est vraiment toute la rue qui se sent asphyxiée par le manque de travail. C’est difficile de respirer en ce moment», lance Anne-Marie Laoun au bout du fil.

Saint-Denis est une destination, rappelle-t-elle. Sans minimiser l’apport de la clientèle de proximité, pas moins de 40% de ceux qui fréquentent son commerce viennent de l’extérieur du voisinage. Dans les conditions actuelles qui ne sont favorables ni pour les résidents, ni pour les visiteurs, Mme Laoun se désole des importantes chutes de revenus occasionnées par des aménagements qui auraient pu être reportés.

«Ce sont tous des travaux non essentiels, c’est ça la chose qui fait le plus mal. On est en pandémie, on attend une deuxième vague et on ne sait pas de quoi elle aura l’air. Dans un moment de grandes incertitudes et de déstabilisation», observe la dame.

Elle espère que la mairesse Plante et son équipe prendront le temps de discuter afin de comprendre pourquoi les commerçants souhaitent tant l’arrêt de ces travaux. «On aimerait que la Ville au moins ait la gentillesse et le respect de nous parler. Qu’elle nous dise « Vous valez la peine qu’on vous parle, qu’on s’assoit ensemble et qu’on vous écoute »», indique Anne-Marie Laoun. C’est rare sur Saint-Denis les commerces qui y sont depuis quarante ans, on peut les compter sur une main.»

La Coalition Accès Rue Saint-Denis regroupe une soixantaine de commerçants parmi les 260 membres de la Société de développement commercial (SDC) rue Saint-Denis. Cette dernière n’était pas au fait de la mise en demeure avant qu’elle soit acheminée.

La direction est consciente que ces travaux majeurs du REV surviennent pendant une période pénible et suscitent des inquiétudes. Elle remarque que les membres sont «extrêmement divisés sur le sujet». Quoique, pour la plupart, en accord avec le fait de reporter le chantier.

«On a fait des démarches pour le report des travaux auprès de l’arrondissement et de la Ville-centre au courant du mois de juin. Les travaux étaient prévus le 20 juillet et le maximum qu’on a eu est le 6 septembre», explique Kriss Naveteur, directrice générale de la SDC rue Saint-Denis.

Actuellement, le taux d’inoccupation est autour de 25% sur l’artère commerciale. En augmentation de 6% par rapport au mois de janvier, avant la COVID-19. Une situation «quand même inquiétante», selon elle.

Alors qu’une trentaine d’établissements ont fermé leurs portes, seize sont venus s’installer sur la rue. Mme Naveteur prévoit que la hausse du nombre de locaux vides pourrait continuer. «On se prépare en tout cas.»

De son côté, la Ville de Montréal commente que «en lien avec la mise en demeure de trois commerçantes, Monsieur Rabouin [maire du Plateau-Mont-Royal] a expliqué en entrevue [le 15 septembre] que, comme toute démarche légale, nous prendrons le temps de l’analyser. Il a également ajouté que des réunions ont débuté avec la SDC pour la relance de la rue Saint-Denis».

On adjoint que le maire du Plateau-Mont-Royal a rappelé les démarches entreprises pour compenser les commerçants, telles que «le fonds de mitigation à la SDC pour les impacts du chantier et le fonds de dédommagement direct aux commerçants».

Selon le résumé d’une rencontre portant sur les travaux du REV qui s’est tenue le 11 septembre entre la SDC Saint-Denis et l’arrondissement, de la signalisation supplémentaire sera implantée et l’installation de chantier pourrait être modifiée, les fins de semaine par exemple, pour faciliter l’accès aux commerces et le stationnement.

Les parties Est et Centre devraient se terminer le 25 septembre. La section Ouest sera effectuée du 26 septembre au 9 octobre, laissant plus de voies de circulation disponibles. À noter que la réouverture de la rue se fera à cette date plutôt que le 22 octobre. Les travaux de planage et de marquage au sol prévus les 16 et 22 octobre n’entraîneront pas de fermeture.

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