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Les élèves de l’école Laurier délocalisés depuis plus d’un an

La devanture dégarnie de l'école primaire Laurier. Photo: Isabelle Chénier, Métro

Les quelque 400 élèves de l’école primaire Laurier sont toujours délocalisés à plus de trois kilomètres, à l’ancien Centre communautaire de loisir Lajeunesse. Il est prévu que les élèves et les membres du personnel de l’école Laurier réintègrent leur école originale à la rentrée 2024-2025. Une attente qui opère déjà une petite transformation dans le quartier.

Depuis le trottoir de la rue homonyme, l’école Laurier est entourée de grillage et de cônes orange. La façade a été dépouillée de ses briques, toutes empilées dans la cour de récréation, où l’on aperçoit également des conteneurs et des tracteurs. Ce bref regard tourné vers l’établissement indique que les travaux de rénovation avancent progressivement. Assez rapidement, faut-il l’espérer, pour que les élèves le réintègrent à l’automne prochain.

La cour de récréation de l’école Laurier. Photo: Isabelle Chénier, Métro.

Les enfants ont été transférés, il y a plus d’un an, dans une école située dans le quartier Villeray et qui, sur papier, semble idéale. L’établissement est une «belle école fraîchement rénovée, sécuritaire, fonctionnelle et propice à la réussite scolaire», a indiqué par courriel le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), qui a refusé notre demande d’entrevue. Il s’agit du Centre Lajeunesse, qui abritait auparavant des organismes communautaires.

David Quirion, le père d’une élève de l’école, atteste de la beauté des classes et confirme que les élèves sont heureux malgré le déménagement. L’ennui, nuance celui qui est aussi le président du conseil d’établissement de l’école Laurier, c’est que, dans les faits, les travaux entrepris au Centre Lajeunesse en 2020 sont toujours inachevés.

Métro a obtenu copie d’une lettre transmise en mars aux parents d’élèves par le CSSDM. Dans ce document, il est indiqué que les travaux de finition comportent notamment l’asphaltage, le marquage au sol, la pose de clôture et le verdissement de la cour des maternelles, l’installation de portes d’entrée extérieures, la mise au point des sonneries du système d’alarme-incendie, la réparation de stores et la mise en service de l’ascenseur.

«Il y a encore des rampes en charpente de bois pour accéder à l’école. La cour de récréation des maternelles est toujours en chantier, donc les enfants de niveau préscolaire auront passé une année sans cour de récréation adaptée pour eux, déplore David Quirion. Le CSSDM nous avait promis une école transitoire prête en février 2021. Leur promesse n’a pas été respectée.»

Le père de l’élève ajoute que ce n’est que depuis la fin mars que le débarcadère pour les autobus scolaires a été réaménagé. Le tronçon de la rue Berri entre les rues De Castelnau Est et Faillon a été mis à sens unique en direction nord pour que les élèves n’aient plus à traverser l’artère.

Une liste de détails importants qu’un déménagement plus tardif de l’école mère à celle de transition aurait pu permettre de rayer, croit M. Quirion.

«En attendant que les portes soient installées, la présence de gardes de sécurité est nécessaire pour assurer une surveillance. Si le déménagement avait été retardé, il n’y a aurait pas eu à engager cette dépense et l’argent aurait pu être injecté dans la réfection de la cour de récréation de l’école mère qui est boueuse et vieille, juge-t-il. Actuellement, il n’y a pas de budget alloué pour ça.»

Concernant les travaux de finition qui restent à terminer, le CSSDM a fait valoir par courriel qu’un délai de livraison «hors de [son] contrôle» avait retardé l’installation des portes d’entrée «patrimoniales confectionnées spécialement pour cette école». Quant à la cour de récréation pour les maternelles, le centre de services scolaire a plutôt évoqué qu’il fallait attendre «la période de dégel […] pour en terminer l’aménagement et l’installation de jeux pour les enfants».

La cour de récréation de l’école Laurier. Photo: Isabelle Chénier, Métro.

Des liens de proximité distendus

La délocalisation prolongée d’élèves d’un arrondissement à l’autre risque aussi de dénaturer l’idée même d’une école de quartier, craint David Quirion. Depuis le déménagement, l’école a instauré un service de transport d’élèves par autobus pour conduire les élèves vers leur école transitoire. Une mesure appréciée par les parents qui, auparavant, amenaient puis allaient chercher à pied leur enfant à l’école Laurier, mais qui a entraîné certains inconvénients.

«Maintenant, il n’y a plus vraiment cette relation de proximité entre parents et avec les professeurs qui se croisaient chaque matin et soir», a observé le père.

Ce dernier a aussi constaté que la population étudiante a diminué depuis la délocalisation. Des enfants se sont inscrits à d’autres écoles de leur quartier plus près de leur domicile ou ont même été envoyés à l’école privée par leurs parents. Un déclin qui s’observe également du côté des enseignants, dont le nombre est passé de 26 à 22 depuis le déménagement et qui risque de baisser encore à 19 ou à 18 en prévision de la rentrée 2023-2024, affirme M. Quirion. Ce dernier s’interroge d’ailleurs sur l’impact qu’aura cette tendance sur la planification des effectifs scolaires.

«Une des questions que je me pose actuellement c’est : “est-ce que, dans un contexte de délocalisation, le CSSDM considère notre école comme une école ordinaire ou comme une école délocalisée qui a des besoins particuliers dus à la délocalisation?”.»

À cela, l’organisme public répond qu’il serait prématuré d’émettre quelconque prévision quant à l’organisation scolaire en vue des prochains mois. Déménagements accrus durant la période estivale, arrivée de nouveaux élèves issus de l’immigration: le nombre d’inscriptions est imprévisible, estime le CSSDM.

«Au sujet des effectifs, il s’agit d’un processus d’organisation scolaire qui se prolonge sur plusieurs mois. […] Ce processus se poursuivra jusqu’à la prochaine rentrée. Nous ajusterons la formation des groupes, s’il y a lieu, en fonction de l’évolution des inscriptions et des départs dans le respect des règles utilisées au CSSDM.»

Le conseil d’établissement de l’école primaire Laurier tiendra une séance publique virtuelle le 2 mai, notamment pour faire le point quant à l’avancement des travaux et la planification des effectifs scolaires.

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