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« Écoutez les consignes », plaide un homme immunodéficient

Étienne Gervais est atteint de immunodéficience primaire qui, dans son cas, est génétique.  Photo: Gracieuseté - Étienne Gervais

«Restez chez vous», implore un homme de 36 ans cloitré dans sa résidence de l’Est de Montréal en raison de son immunodéficience génétique. Son seul espoir de reconnecter avec le monde extérieur, c’est que le Québec réussisse à aplanir la courbe du coronavirus.

Pandémie et immunodéficience primaire ne font pas bon ménage, comme en témoigne Étienne Gervais, un résident du Faubourg Contrecoeur.

«Ça va faire 21 jours que je ne suis pas sorti de chez moi, à part pour faire le tour du bloc. Mon univers est un peu rapetissé», raconte-t-il. 

Bien qu’il soit encore jeune, ses anticorps ne suffisent pas à défendre son corps des attaques virales et bactériennes. Vulnérable, il se résigne à rester à la maison.

Même en s’isolant des autres, il doit demeurer vigilant ; tout ce qui entre dans son appartement doit être désinfecté minutieusement. «Quand l’épicerie arrive, on met tout ça sur une couverte, relate-t-il. On lave les fruits et les légumes au savon. Tout ce qui est en carton, on le laisse 48 heures en quarantaine dans le garde-robe.» 

Faire sa part

C’est notamment pour protéger des personnes vulnérables comme Étienne que le directeur national de la santé publique du Québec, Horacio Arruda, martèle qu’il faut pratiquer sans relâche la distanciation physique.

Pourtant, le message n’est compris de tous.

«J’avais vu une vidéo d’un monsieur qui disait que si le coronavirus tuait des gens, c’est peut-être parce qu’ils étaient rendus là, raconte Étienne Gervais. Ça m’a écœuré parce que je connais des enfants et des adolescents qui ont une maladie comme la mienne. Je pense que c’est à moi de décider quand je vais vouloir mourir, pas aux autres.»

Indigné par l’insensibilité et la mauvaise attitude de certaines personnes, il a créé la page Facebook «En quarantaine». C’est sa manière de raconter avec humour sa réalité tout en demeurant en sécurité chez lui.

Il utilise aussi cette tribune pour réitérer l’importance du respect des mesures de distances sociales.

«Si tu n’as pas besoin de manger, de te faire soigner ou d’aller travailler, tu restes chez toi. C’est trop dangereux», affirme-t-il.

Depuis, M. Gervais alimente sa page «pour le plaisir» et pour passer le temps qu’il trouve particulièrement long ces temps-ci.

Même s’il ne travaille plus depuis quatre ans en raison de sa maladie, il assure qu’il est très occupé en temps normal. «Je fais beaucoup de bénévolat, mais actuellement, j’ai vraiment rien à faire, se désole-t-il. J’ai essayé de trouver des occasions de bénévolat, mais je n’ai rien trouvé que je peux faire à partir de chez moi.»

Bien que ce ne soit pas encore le cas, Étienne Gervais ne peut s’empêcher de penser à l’éventualité de tomber malade. «Si, moi et la personne qui n’a pas fait attention, on devait se retrouver aux soins intensifs en même temps, je me demande qui ils vont choisir de soigner», s’interroge-t-il.

 

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