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Des rassemblements festifs malgré les restrictions

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Des rassemblements informels sont régulièrement interrompus par la police dans les parcs et espaces publics de Montréal Photo: 123RF

Une centaine de jeunes fêtards réunis sur un terrain vague d’Hochelaga a été dispersée par la police dimanche dernier. Bien qu’interdits, ces rassemblements se multiplient alors que les restrictions sociales s’éternisent. Pourquoi certains jeunes enfreignent-ils les règles malgré les risques encourus?

Fin juillet, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus avait rappelé aux jeunes qu’ils ne sont pas «invincibles» face à la pandémie de COVID-19 et qu’ils ne doivent pas «baisser la garde» face aux mesures sanitaires.

Des rassemblements comme celui qui a eu lieu fin août sur un terrain vague d’Hochelaga-Maisonneuve se font en dépit des mesures imposées par le gouvernement.

Au Québec, le 5 août dernier, le nombre maximal de personnes pouvant se réunir dans certains lieux publics extérieurs a été étendu à 250. Ces évènements doivent cependant être encadrés et les organisateurs s’assurer que l’espace permet le maintien d’une distance de 2 mètres entre chaque participant. Les rassemblements informels, dans les parcs par exemple, demeurent strictement interdits. Ils ont pourtant bien lieu.

Des rassemblements «en cachette»

«Depuis la fin du confinement, mes amis et moi nous donnons régulièrement rendez-vous dans des parcs comme celui du Mont-Royal pour faire la fête. On apporte des enceintes pour mettre de la musique et danser. Si la police vient nous contrôler, on dit qu’on ne se connait pas, qu’on s’est tous retrouvés là par hasard, et on se disperse», explique Jonathan*, un montréalais de 28 ans. Les rassemblements auxquels il a participé ont réuni jusqu’à une centaine de personnes cet été, chacun conviant ses amis, les amis de ses amis, etc.

Jonathan* confie aussi avoir continué à participer à des fêtes pendant le confinement. «Je me sentais très seul et déprimé. C’est plus le manque de voir des gens que celui de faire la fête qui m’affectait. Alors je suis allé voir mes amis en cachette», avoue-t-il. Selon lui, demander aux jeunes vivant seuls de s’isoler pendant une si longue période n’était pas réaliste de la part du gouvernement.

La fête comme moyen d’expression

Pour la professeure Julie-Anne Boudreau, spécialiste de la jeunesse et de la régulation urbaine à l’INRS, ces rassemblements festifs sont avant tout un moyen pour les jeunes d’exprimer leur ras-le-bol des restrictions.

«On dit que les jeunes se sentent moins vulnérables face au virus, mais je crois que la plupart d’entre eux ont bien compris l’enjeu des mesures sanitaires. En faisant quand même la fête, ils veulent rappeler aux autorités que les restrictions actuelles nuisent à leur vie sociale et à leur santé mentale et que leurs efforts ne peuvent pas durer éternellement», dit l’experte.

«Les besoins de socialisation des jeunes ne peuvent pas être ignorés trop longtemps par les autorités de Santé publique.» Julie-Anne Boudreau, professeure spécialiste de la jeunesse et de la régulation urbaine à l’INRS

Une question de santé mentale

La professeure Boudreau explique que le développement de relations virtuelles, comme les apéros Skype, a aidé les jeunes à combler leurs besoins de socialisation durant la crise, mais que ces solutions ne sont que temporaires. Le gouvernement doit désormais prendre des décisions en fonction de plus de variables que celle de la contagion.

«Si l’effort demandé aux jeunes devient trop long, on peut redouter que les consignes sanitaires soient de moins en moins respectées, dit-elle. De plus, les risques de dépression, d’isolement, voire de régression dans le développement des plus jeunes augmentent à mesure que les privations sont prolongées.»

*Le prénom a été modifié à sa demande.

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