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Le permis neige pointé du doigt par un résident

Le permis neige est actuellement en vigueur dans trois secteurs de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Photo: iStock, Martinedoucet.

Un résident de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM) dénonce le projet du permis neige qui est actuellement en vigueur dans trois zones de l’arrondissement. Il affirme avoir réclamé la visite d’un inspecteur dans sa résidence à deux reprises et n’avoir jamais eu de réponse depuis.

Le permis neige est un sujet polarisant dans MHM. L’opposition d’Ensemble Montréal avait déjà émis des doutes quant à l’efficacité du projet et de la consultation publique le concernant. Mais le permis neige, c’est quoi?

Un service de déneigement

Certains résidents de MHM ont désormais la possibilité de se procurer un permis les autorisant à déposer de la neige sur le domaine public, une pratique qui est normalement interdite depuis 1901.

Ce nouveau service de déneigement de l’Arrondissement permet aux propriétaires manquant d’espace de déposer leur neige sur le domaine public afin que celle-ci soit ensuite ramassée et éliminée par les équipes de déneigement.

En rose, bleu et orange, les secteurs concernés par le service de déneigement de l’Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maissoneuve. Photo: Capture d’écran, Google.

Pour ce faire, les citoyens doivent se procurer un permis, qui leur coûtera 50$ par espace de stationnement pour les bâtiments résidentiels et 4,50$ par m² pour les ruelles privées et publiques. Les résidents n’ayant pas pris de permis et qui déposent tout de même leur neige sur le domaine public s’exposent quant à eux à des amendes.

De plus, même s’il se procure un permis, le citoyen devra respecter un certain nombre de règles encadrant la façon de déposer sa neige sur le domaine public.

Enjeux d’iniquité territoriale

Le projet soulève cependant des questions d’équité territoriale. D’abord, car le service n’est pas disponible pour l’ensemble de l’arrondissement. Ensuite, car tout le monde ne dispose pas du même espace sur son terrain; certains habitants sont donc dans l’obligation de disposer leur neige sur le domaine public, alors que d’autres peuvent simplement la garder sur leur terrain privé.

C’est ce que dénonce en tout cas Jacques, citoyen de l’arrondissement de MHM habitant à la limite de l’arrondissement d’Anjou.

C’est une question de bon sens. Ce projet accroît la disparité de traitement des résidents à l’intérieur même de l’arrondissement.

Jacques, habitant de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Selon lui, la résidence dans laquelle il vit présente une «impraticabilité technique» du projet de déneigement, et ce, depuis l’hiver 2021-2022, période à laquelle il avait déjà effectué une demande de visite d’un inspecteur sur son terrain.

«J’ai fait plusieurs calculs pour démontrer cette impraticabilité. Je n’ai pas la place pour déposer la neige sur mon terrain, car la Ville a décidé de mettre sur un même terrain plusieurs résidences. Elle ne peut pas demander aux habitants qui ont 7 mètres de largeur la même chose que ce qu’elle demande à ceux qui ont un terrain plus grand», affirme-t-il.

Contacté par Métro, l’Arrondissement affirme que l’instauration du permis neige découle d’une demande citoyenne qui avait été initiée en 2018 avec la pétition d’habitants du Faubourg Contrecœur. «Ils ont demandé textuellement à la mairie de l’arrondissement de modifier le règlement en vigueur pour le déneigement afin de permettre à la Direction des travaux publics d’émettre des permis de dépôt de neige sur le domaine public.»

Selon Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement, ce service de déneigement donne une option aux personnes qui n’en ont pas. «Le vrai désavantage, c’est celui qui revient aux milliers de citoyens qui n’ont pas, eux, de stationnement privé et qui subissent la neige poussée illégalement dans la rue pour bloquer le stationnement public», déclare-t-il par courriel à Métro.

Un «coût symbolique»

Le coût du permis indigne certains habitants de l’arrondissement, dont Jacques, qui se demande pourquoi il devrait payer un permis si, dans d’autres arrondissements, déposer sa neige sur le domaine public est toléré.

«J’aimerais pouvoir avoir accès au compte de taxes ventilé de l’Arrondissement et de la Ville de Montréal pour que ce coût puisse être justifié» exprime-t-il. Selon lui, la Ville et l’Arrondissement devraient rendre des comptes aux citoyens pour qu’ils puissent comprendre le coût de projets comme celui-ci.

Pour l’administration de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, le coût du permis neige est «moins cher qu’ailleurs» et permet aux équipes de l’arrondissement de bien faire leur travail de déneigement.

En offrant le service de ramassage de la neige, on envoie le message qu’il est possible de collaborer avec l’Arrondissement, à un coût symbolique.

Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Pour ce qui est de l’efficacité du projet de déneigement, celle-ci reste à prouver. Interrogée par Métro sur le nombre de permis octroyés, l’administration n’a pas pu communiquer de chiffre. Elle assure cependant que le projet pilote de l’hiver dernier avait fait l’objet d’une bonne participation et de bons commentaires.

Mais selon Jacques, presque personne de sa résidence n’a fait la demande du permis neige, lui inclus. «Aux dernières nouvelles, les gens de ma résidence continuent de mettre leur neige sur le domaine public, sans pour autant recevoir d’amende. Aussi, étant à la limite de l’arrondissement d’Anjou, cela les incite à la déposer dans l’arrondissement voisin, qui, lui, tolère le dépôt de neige», confirme Jacques.

Pour l’Arrondissement, il est encore tôt pour s’assurer que le projet fonctionne parfaitement. «Nous ne sommes pas là pour sanctionner les citoyens, mais établir un lien de communication entre les habitants et la municipalité», conclut le cabinet du maire d’arrondissement.

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