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Le cri du coeur d’élèves d’une école surpeuplée

L'école Louise-Trichet dispose d'un indice de défavorisation de 10 sur 10 pour l'année 2021-2022. Photo: Lucie Ferré, Métro.

Des élèves de l’école secondaire Louise-Trichet tirent la sonnette d’alarme face à l’augmentation incessante de la population étudiante dans leur établissement scolaire par le biais d’une pétition regroupant plus de 400 signatures.

Déposée au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) en novembre dernier, la pétition réclame d’urgence la construction d’un bâtiment annexe pour accueillir une partie des élèves de cette école de Mercier-Ouest.

Métro est allé à la rencontre des jeunes à l’initiative de cette pétition.

Une surpopulation récente, mais rapide

Amiratou, Sam et Galaxia représentent leur classe chaque semaine au conseil d’élèves de l’établissement. Il y a quelques mois, avec d’autres élèves du conseil, elles ont décidé de lancer une pétition pour dénoncer le problème grandissant de la surpopulation qui menace leur école depuis quelques années.

Sam, Galaxia et Amiratou, membres du conseil d’élèves de l’école Louise-Trichet Photo: Lucie Ferré, Métro

En quatre ans, 218 élèves se sont ajoutés au nombre d’étudiants déjà inscrits dans l’établissement. En 2018, 398 élèves fréquentaient l’école. Aujourd’hui, elle en accueille 616.

Quand je suis arrivée ici, on était une école unie. On faisait des spectacles et des activités. Là, on a même plus le droit de se réunir parce quil y a trop de monde.

Galaxia, 17 ans, élève de l’école secondaire Louise-Trichet.

Cela fait maintenant plusieurs années que certaines activités ont cessé au sein de l’établissement. «C’était facile à l’époque; on faisait ça pour que les jeunes puissent socialiser et se parler. Aujourd’hui, c’est impossible. Pour des raisons de sécurité, notamment», explique une enseignante d’histoire et de géographie de l’école secondaire.

Le sport et le dîner fortement touchés

La surpopulation cause plusieurs problèmes au sein de l’école, spécialement en ce qui concerne les activités sportives et celles qui se déroulent pendant l’heure du dîner.

Les élèves disposent d’un bloc de 30 minutes pour manger chaque midi. «Le temps de faire la queue à la cafétéria, on a déjà perdu 15 minutes avant de réussir à s’asseoir, explique Raphaël, 14 ans. Et puis, après 30 minutes, on nous met dehors. C’est comme si on n’avait plus d’autre endroit où aller.»

Cafétéria de l’école Louise-Trichet. Photo: Gracieuseté, Raphaël Comeau

Certains élèves iraient même jusqu’à manger dans les toilettes pour ne pas perdre leur temps de pause. «C’est ce que je faisais l’année dernière, indique Sam, 15 ans. C’est vraiment stressant de toujours avoir plein de monde qui te demande de partir [de la cafétéria].»

La cafétéria a aussi été envahie par une partie des casiers d’élèves, car il n’y avait plus assez de place dans les couloirs. «Quand je suis arrivée ici, on avait tous deux casiers par personne, explique Galaxia, 17 ans. Aujourd’hui, c’est un casier par élève, et ils sont tous collés les uns contre les autres.»

C’est la même histoire pour les activités sportives. Le gymnase est trop petit pour accueillir tous les élèves. Trois groupes seulement peuvent avoir accès au gymnase au même moment. Ce qui pose de nombreux problèmes de logistique.

«On doit souvent quitter le gymnase parce qu’un autre groupe en a besoin. On se déplace alors dans une autre salle de sport ou encore à l’extérieur, même en hiver», raconte Amiratou, 12 ans.

Impact sur la santé mentale

La pétition de 406 signatures déposée au CSSDM dénonce, entre autres choses, la dégradation graduelle, mais importante du climat à l’école provoquée par cette surpopulation. «Cet état de fait occasionne de l’anxiété, voire de la violence», peut-on lire dans la pétition.

Le stress de ne pas avoir le temps d’aller aux toilettes ou de ne pas manger par peur d’arriver en retard fait désormais partie de la réalité quotidienne des élèves de l’école secondaire Louise-Trichet.

«Des fois, pour ne pas arriver en retard, tout le monde se pousse dans les couloirs, témoigne Galaxia. Ça m’est aussi déjà arrivé de tomber dans les escaliers parce qu’il y avait trop de monde.»

Le couloir le plus étroit de l’école Louise-Trichet (troisième étage) Photo: Lucie Ferré, Métro

De son côté, Sam explique qu’elle a peur de faire tomber ses affaires dans les couloirs. «Si j’échappe mes affaires, c’est compliqué de tout ramasser parce que les gens autour te marchent dessus, te poussent, ne s’arrêtent pas.»

Le chahut dans les couloirs fait aussi beaucoup de bruit pour les élèves qui sont en classe, ce qui joue sur leur concentration. «Moi, j’attends juste de finir l’école», s’exaspère Galaxia.

Actions et solutions

L’instauration d’une annexe dans l’immeuble du 8300, rue de Teck, à proximité de l’école secondaire, règlerait le problème puisqu’elle permettrait de diviser le nombre d’élèves par deux et d’avoir deux gymnases au lieu d’un.

Contacté par Métro, la CSSDM promet la création de cette annexe. Le bâtiment de la rue de Teck est cependant occupé temporairement par l’école primaire Saint-Justin, en raison de travaux d’agrandissement.

«Une fois que les élèves auront réintégré l’école Saint-Justin, en 2025-2026, l’immeuble de la rue de Teck pourra recevoir des élèves de l’école secondaire Louise-Trichet», a indiqué le CSSDM à Métro. Il serait aussi en discussion avec le ministère de l’Education pour augmenter la capacité d’accueil de l’Académie Dunton se situant dans le même secteur.

Immeuble situé au 8300 rue de Teck qui pourrait servir d’annexe. Photo: Lucie Ferré.

Mais selon certains élèves, parents d’élèves et professeurs de l’établissement, le délais est trop long. «On sera sûrement encore plus en 2025. Le problème, c’est maintenant, car c’est plus vraiment vivable», assure Sam.

Pour soutenir les élèves de l’établissement, une seconde pétition réclamant les mêmes mesures d’action a été déposée par des parents d’élèves sur le site de l’Assemblée nationale. Lancée fin décembre, elle a déjà récolté plus de 167 signatures. La pétition, parrainée par Paul St-Pierre Plamondon, député de la circonscription de Camille-Laurin, est accessible jusqu’au 15 mars 2023.

Cet établissement fait face à de nombreux défis qui ont de l’impact direct sur la réussite scolaire, la persévérance des élèves […] ou encore l’impossibilité d’enseigner adéquatement et dans des conditions gagnantes.

Paul St-Pierre Plamondon, député de la circonscription Camille-Laurin.

Le député a d’ailleurs interpellé le ministre de l’Éducation Bernard Drainville, le 30 novembre dernier, pour qu’il vienne visiter l’école. La demande demeure toujours sans réponse.

«J’aimerais juste que, à l’aide de l’annexe, les prochains élèves connaissent l’école magique de Louise-Trichet que j’ai déjà connue», exprime Galaxia, qui en est à sa dernière année d’études dans l’école secondaire.

La pétition pour l’ajout d’une annexe à l’école Louise-Trichet est disponible ici.

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