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Les automobilistes ne comprennent pas le principe de la rue partagée

La signalisation indiquant le passage dans la rue partagée, aux abords de la place Simon-Valois. Photo: Matéo Gaurrand-Paradot, Métro

Prévu depuis 2018 dans le Code de la sécurité routière, le concept de rue partagée s’installe progressivement à Montréal, alors que la rue Ontario et l’avenue Valois aux abords de la place Simon-Valois bénéficient de ce type d’aménagement visant l’apaisement de la circulation. Métro s’est rendu sur place pour voir si les différents usagers comprenaient le principe de la rue partagée.

Dans une rue partagée, la priorité est aux piétons. Les vélos doivent leur céder le passage, et les voitures – pour lesquelles la limite de vitesse est fixée à 20 km/h – doivent laisser passer les vélos et les piétons en priorité. Les passages piétons n’ont donc plus de marquage, les citoyens à pied pouvant traverser la rue à l’endroit où ils le veulent, du moins, en théorie.

Lors d’une observation sur place, Métro a constaté que la majorité des piétons traversent encore la rue aux passages prévus à cet effet et que la vaste majorité des automobilistes circulent à la même allure que sur le reste de la rue Ontario. En un quart d’heure, neuf personnes ont traversé au milieu de la route, comme il leur est permis. La plupart (huit) l’ont fait alors qu’aucune voiture ne circulait.

Lors de l’observation, le journaliste de Métro a fait 21 tentatives pour traverser la rue devant des voitures qui se sont conclues par un refus de priorité de la part des automobilistes, même lorsque le journaliste posait son pied sur la route. Deux conducteurs se sont aussi montrés énervés.

Lors des traversées de rue effectuées par le journaliste, seulement 5 automobilistes (sur 26) ont cédé la priorité. Un des conducteurs ayant cédé le passage faisait partie des rares automobilistes roulant lentement, comme il se doit. Un autre véhicule ayant laissé Métro traverser la rue était une patrouille du Service de police de la Ville de Montréal.

Notons par ailleurs que si la plupart des piétons peuvent traverser la rue partout, le trottoir reste surélevé, ce qui fait en sorte que les personnes en fauteuil roulant ne sont pas libres de circuler partout. De plus, les bandes podotactiles d’éveil de vigilance – les plaques en relief à la limite du trottoir et du passage piéton – se limitaient également aux passages piétons, ne permettant pas de garantir une traversée sécuritaire partout pour les personnes aveugles et malvoyantes.

Des piétons sceptiques

«Des gens sont venus nous expliquer [aux piétons] le concept de rue partagée, mais je crois qu’il faudrait plutôt l’expliquer aux automobilistes», analyse une mère de jeunes enfants, résidente du quartier et se déplaçant à pied.

«Je crois que ça devrait être plus mis en avant pour les automobilistes», renchérit une jeune piétonne qui vit et travaille dans le secteur et traverse régulièrement la place Simon-Valois. Les deux piétonnes comprennent le principe de rue partagée. Pourtant, aucune des deux ne profite de cet aménagement.

«Les automobilistes sont fous à Montréal», considère la jeune piétonne, qui dit ne pas leur faire assez confiance pour traverser n’importe où. Elle confie avoir peur même aux passages piétons officiels. Du côté de la mère de famille, elle dit ne pas vouloir prendre de risques, alors qu’elle est souvent accompagnée de ses jeunes enfants.

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