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Faire rire, sans tabous et sans limites

Photo: Gracieuseté / Josée Houle

Anas Hassouna est l’un des visages de la relève humoristique québécoise. Le jeune homme qui a grandi à Montréal-Nord ne s’interdit aucune thématique pour rire de tout avec tout le monde.

«Je ne sais pas décrire mon humour, ma force c’est que je ne lâche pas», confie Anas Hassouna. Résilience, persévérance, travail et sacrifices sont les premiers mots qui viennent à l’esprit du jeune montréalais de 23 ans lorsqu’on l’interroge sur le métier qu’il a choisi. Car si pour de nombreuses personnes, le rire est associé au loisir, pour Anas c’est surtout une vocation née dès le début du secondaire.

Élevé à Montréal-Nord par des parents originaires du Maroc, le jeune homme a découvert l’improvisation à l’école Henri-Bourassa avant de poursuivre cette activité à Repentigny après un déménagement familial. Comme bon nombre d’humoristes modernes, c’est cette discipline qui lui a donné l’envie d’amuser un public. Il a donc poursuivi avec un DEC en arts et lettres profil interprétation théâtrale au Cégep Marie-Victorin pour intégrer l’École nationale de l’humour (ÉNH) à 19 ans, en 2013.

«Là-bas, ils ne cherchent pas un produit fini. Ils cherchent du potentiel, quelqu’un qui veut travailler pour faire sa place dans ce milieu saturé et être parmi les meilleurs», se souvient Anas Hassouna.

«À Montréal-Nord, tu côtoies la diversité, la pauvreté et des gens qui se battent pour y arriver. Cela a influencé ma manière de faire et ça paraît dans mon attitude.»

Anas Hassouna

En appliquant cette consigne, le jeune homme a participé à la création de Fishnet Tv durant sa formation à l’ÉNH avec des camarades de promotion et des amis d’enfance. Cette boîte de production de capsules vidéo humoristiques a permis au Nord-Montréalais de se faire engager dès sa sortie d’école par le festival Zoofest qui met en valeur les artistes émergents. Il y a un an, il est aussi devenu l’animateur des célèbres soirées d’humour du mercredi de l’Abreuvoir.

«On est une génération très entreprenante et autodidacte. (…) On travaille beaucoup sur le web, on a accès directement à notre public et ça bouscule notre manière de faire de l’humour», analyse l’humoriste.

Cette touche générationnelle qu’évoque Anas Hassouna se traduit avec ses textes dans lesquels il aborde toutes les thématiques, sans tabous. Il n’hésite par exemple pas à parler de terrorisme ou d’extrémisme pour tourner en dérision l’obscurantisme.

«L’humour est la meilleure forme de communication. Lorsque tu fais rire quelqu’un, tu as toute son attention. Il ne faut blesser personne, mais il ne faut pas non plus faire de compromis. C’est cela qui nous rassemble», estime-t-il.

En compagnie de Roman Frayssinet, Adib Alkhalidey, Reda Saoui ou encore Eddy King, Anas Hassouna participait d’ailleurs au spectacle collaboratif Extremiss durant le Zoofest 2017 pour rire de la radicalisation.

Mais pour défendre son luxe de parler de tout, le jeune humoriste a aussi joué pour la première fois un show entier seul sur scène lors de ce festival. Son spectacle Blagues Vol.1 était une «mixtape d’humour» inspirée par l’école de la rue et la culture rap.

«J’aurais dû commencer plus tôt. C’est l’apogée de ce qu’on peut ressentir en temps qu’humoriste. C’est un plaisir incomparable qui motive à écrire le prochain pour qu’il soit encore meilleur», s’enthousiasme Anas Hassouna.

Inspiré par Rachid Badouri, Gad Elmaleh et Jamel Debouzze qui lui ont montré qu’il était possible de percer dans l’humour en étant issu de la diversité, Anas Hassouna rêve lui aussi de faire rire dans toute la francophonie.

S’il ambitionne déjà d’aller tester ses blagues sur des scènes parisiennes, il n’oublie pas ses origines et Montréal-Nord.

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