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Priorité jeunesse: une nouvelle formule de financement qui ne fait pas que des heureux

Christine Black, la mairesse de Montréal-Nord affirme se sentir «trahie» par l'administration Plante qui n'a pas voulu s'engager à achever le retrait des aménagements.
La mairesse de Montréal-Nord, Christine Black Photo: Olivier Faucher/Métro

En décembre, l’arrondissement de Montréal-Nord se dotait d’un nouveau cadre de référence pour octroyer les subventions en lien avec son programme Priorité jeunesse de manière plus transparente et à plus long terme. En début de semaine, il a dévoilé la liste des projets d’organismes retenus par cette nouvelle méthode. Les réactions face à celle-ci sont partagées.

Selon des critères précis, le nouveau jury chargé d’évaluer les demandes de subvention a choisi de financer 19 projets sur trois ans. Ces projets sont pilotés par 13 organismes différents. Au total, 2,3 M$ sont investis, une somme «historique», soutient l’arrondissement.

Plusieurs organismes demandaient à ce que des projets soient financés sur plusieurs années, faisant valoir que leur travail aurait un plus grand impact dans la communauté et que les fonds publics allaient ainsi être mieux utilisés.

«Les subventions qu’on donnait auparavant étaient saupoudrées, et leurs effets étaient limités. Ce qu’on recherchait, c’était de pouvoir avoir un impact au niveau de l’intensité de l’intervention et de la durée», explique la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black.

«Lorsque le cadre a été bâti, il a été fait collectivement, souligne la directrice d’Entre-Parents de Montréal-Nord, Isabelle Alexandre. Ça a été fait dans la transparence et l’inclusion.»

Entre-Parents, qui se spécialise en petite enfance, recevra le plus d’argent parmi les organismes sélectionnés, soit près de 350 000$ sur trois ans pour trois différents projets.

Mme Alexandre est d’avis qu’il n’y avait pas assez d’argent qui était investi dans les projets pour la petite enfance auparavant. Elle voit un changement pour le mieux dans l’annonce de l’arrondissement. «Je suis contente parce que tous les paliers d’âge sont représentés dans le nouveau cadre.»

Des projets non reconduits

Le budget pour Priorité jeunesse avait tout de même ses limites. Pour 2020, 14 projets n’ont pas été retenus par le jury.

Lors du conseil d’arrondissement du 3 mars, la mairesse Christine Black a expliqué que, pour cette année, l’administration avait reçu des demandes totalisant plus de 1,7 M$, mais que seulement 926 000 M$ ont pu être octroyés.

Parmi les projets non retenus, certains étaient pourtant financés par Priorité jeunesse depuis plusieurs années, comme c’est le cas du programme «Parle avec ton Rythme» piloté par José Trottier. Le projet permet à jeunes qui habitent majoritairement des HLM de la Place Normandie d’améliorer leur estime de soi par la danse.

«Je fais l’affaire depuis huit ans et là ce n’est plus le cas, déplore M. Trottier. J’ai été obligé de dire aux jeunes que le 31 mars, c’était terminé parce qu’on a plus l’argent», ajoute le responsable qui compte cependant tenter de trouver d’autres partenaires pour financer son projet.

La déception est également palpable au Centre Jean-Paul Lemay, où la subvention de 55 000$ pour le projet «Redémarre ta vie» qui offrait un accompagnement personnalisé à des personnes de 14 à 29 pour l’obtention de leur secondaire 5, n’a pas été reconduite. Il était financé par Priorité jeunesse depuis 4 ans.

Le directeur du Centre, Roger Petitfrère, conteste la manière dont le jury a priorisé les projets et croit qu’il aurait dû sélectionner davantage ceux qui combattent la pauvreté et l’exclusion sociale. «Je pense que le groupe de personnes a ses paramètres, mais qu’il a une approche carrément biaisée par rapport à la vraie réalité», dit-il.

«Redémarre ta vie fait vraiment une différence, ajoute M. Petitfrère. On prend quelqu’un qui vit des fonds publics et on le transforme en contribuable.»

Besoins nombreux

La mairesse Christine Black s’est dite compréhensive face à cette situation. «Certains organismes vont être déçus, même sur le choc d’une telle nouvelle. J’ai déjà été dans le milieu communautaire et ce n’est jamais agréable.»

La mairesse rappelle que Montréal-Nord a des ressources limitées face aux nombreux besoins de sa communauté. «On ne pouvait pas répondre à l’ampleur des besoins de Montréal-Nord et ça nous encourage à demander à d’autres sources pour pouvoir combler ces besoins.»

 

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