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Mesures sanitaires: «la réalité n’est pas la même à Montréal-Nord»

Cassandra Exumé, coordonnatrice générale pour Hoodstock, croit que le couvre-feu est une mesure inégalitaire.
Cassandra Exumé, coordonnatrice générale pour Hoodstock, croit que le couvre-feu est une mesure inégalitaire. Photo: Xavier Bourassa/Métro Média

Les citoyens du Nord-Est, quartier rudement éprouvé par la COVID-19, se sentent délaissés par leur arrondissement d’après l’organisme Hoodstock. Le groupe communautaire dénonçait, jeudi, l’insensibilité des instances gouvernementales face au contexte particulier de cette population.

«L’impact des mesures sanitaires et du couvre-feu est différent selon la situation économique, sociale et familiale de la communauté. À Montréal-Nord, les logements sont souvent petits, les familles qui y habitent sont parfois intergénérationnelles et le statut des citoyens est souvent précaire», souligne Cassandra Exumé, coordonnatrice générale pour Hoodstock.

L’organisme a mené un sondage auprès de 4948 résidents de l’est de Montréal-Nord pour constater que 92,4% des répondants ayant contracté le virus affirmaient n’avoir reçu aucun soutien à la suite de leur diagnostic.

«Il y a un manque criant de services sociaux à Montréal-Nord et le couvre-feu vient diminuer drastiquement l’aide intracommunautaire, affirme Stéphanie Germain, administratrice pour Hoodstock. C’est inacceptable que ces gens, qui vivent déjà beaucoup de difficultés, ne puissent plus s’épauler entre eux.»

Marie-Livia Beaugé, une avocate responsable du volet justice pour l’organisme, affirme qu’un effort de communication doit être effectué auprès de la population. «On aimerait avoir une ligne téléphonique spéciale pour venir en aide aux citoyens affectés par la COVID-19. L’arrondissement Saint-Michel en a une, pourquoi pas ici?»

Montréal-Nord est l’arrondissement ayant enregistré le plus haut taux de cas confirmés par 100 000 habitants avec 736 au cours des 14 derniers jours.

Environ 37% des résidents sondés par Hoodstock affirment avoir besoin d’aide pour leurs tâches quotidiennes. Un peu plus du tiers des répondants se disent en besoin d’un suivi médical et/ou psychologique.

Logements

Malcom Philoctète, 20 ans, est allé au front sonder la population du Nord-Est. Il décrit une situation très délicate pour de nombreux résidents.  «Beaucoup d’immeubles sont insalubres et en mauvaise condition. Les logements sont minuscules et surpeuplés, tout le monde est donc à risque d’attraper le virus».

Les problèmes de moisissure dans les logements de Montréal-Nord ne sont rien de nouveau. La situation inquiète cependant M. Philoctète davantage dans le contexte actuel. «La moisissure, comme le COVID-19, attaque les poumons. C’est 30% des logements quand même qui sont pris avec ce problème.»

Marie-Ève Lemire, du Comité logement de Montréal-Nord, croit également que la situation d’habitation de plusieurs citoyens de l’arrondissement est périlleuse depuis l’instauration du couvre-feu.

«C’est pas une mesure qui est égalitaire. Les gens ici n’ont pas nécessairement accès à une cour ou un balcon pour souffler. Cela empire la situation d’habitation précaire dans laquelle plusieurs se trouvent déjà», affirme-t-elle.

Violence conjugale

Le taux de violence conjugale est deux fois plus élevé à Montréal-Nord que sur l’ensemble de l’île, en temps normal. Pour Sophie Lemay, directrice de l’organisme Halte-Femmes, les mesures de confinement, et particulièrement le couvre-feu, viennent compliquer la vie des victimes.

«C’est beaucoup plus difficile pour les femmes de demander de l’aide. Elles sont prises à l’intérieur sous surveillance de leur conjoint, elles vivent encore plus d’isolement et de stress. Elles ne savent pas si elles peuvent quitter dans des circonstances de violence, elles ont peur d’empirer leur situation avec la police», affirme-t-elle.

SOS violence conjugale offre depuis peu des nouveaux services de clavardage et de texto pour les femmes qui ne sont pas en mesure de placer un appel. «Les victimes se retrouvent au quotidien dans des situations beaucoup plus difficiles, elles n’ont souvent plus d’espaces de liberté. Elles peuvent à présent demander de l’aide sans risquer de se faire entendre», déclare Claudine Thibaudeau, travailleuse sociale pour l’organisme.

Pour une assistance, les victimes peuvent texter SOS violence conjugale au 438-601-1211.

Le clavardage est disponible sur le site web www.sosviolenceconjugale.ca

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