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Un nouveau monde, une nouvelle vue

Photo: Josie Desmarais/Métro Média

Qu’arrive-t-il aux jeunes écoliers demandeurs d’asile lorsque leur vision fait défaut? Pour des raisons financières, la visite chez l’opticien n’est souvent pas envisageable. Sensible à leur situation, Émilie Gagné a décidé d’offrir la vue en cadeau à 21 élèves de l’école primaire Sainte-Colette.

En statut précaire, et sans carte d’assurance maladie, les examens de la vue et l’achat de lunettes représentent un investissement colossal pour les familles de demandeurs d’asile. Et dans un contexte où les écrans sont au cœur des apprentissages, la direction de l’école nord-montréalaise s’inquiétait du nombre grandissant de petits avec de difficultés visuelles.

«En temps normal, on réfère les élèves, mais là ce n’était pas possible. On a demandé à une mère si elle connaissait des optométristes qui pourraient les prendre. C’est ce qui a ouvert ce projet», indique Nadine Lalancette, directrice adjointe responsable des maternelles.

Opticienne de formation, Mme Gagnée est partie en mission. Elle a pris ses vacances, travaillé les soirs et les fins de semaine pour arriver à ses fins. Deux optométristes bénévoles l’ont joint dans des locaux de la Place Bourassa pour des examens de la vue.

Émilie Gagné
Josie Desmarais/Métro

Pendant trois jours, les familles se sont rendues à la lunetterie Greich & Scaff où des traducteurs étaient à leur disposition. Grâce à un généreux donateur déniché par Émilie Gagnée, les 21 élèves ont finalement reçu leurs lunettes anti-reflets et anti-lumière bleue le mercredi 12 mai.

«On croyait qu’un enfant était turbulent parce qu’ils fonçait dans tout, mais on s’est rendu compte qu’il ne voyait pas à 30 cm devant lui. Un autre connaissait bien ses lettres, mais n’était pas capable de les distinguer», souligne Émilie Gagné.

Remise des lunettes

Mercredi, les enfants se sont donc regroupés dans la cour d’école pour officialiser la remise des précieuses lunettes. Debout devant des sacs-cadeaux miniatures portant leurs noms, plusieurs piétinaient d’impatience. Au signal, la joie s’est emparée des petits qui découvraient un tout nouveau monde.

Josie Desmarais/Métro

«Je vais pouvoir pratiquer mes lettres», s’est écrié Bethsaleel alors qu’une camarade ouvrait son petit étui rose, bouche bée.

Pour sa part, Denersley était peu intéressé à répondre aux questions, trop occupé à exécuter ses pas de danse.

Autour, le personnel scolaire et les bénévoles se réjouissaient d’assister à l’émerveillement des enfants.

«Juste de les voir, j’ai eu ma paye. On a fait une réelle différence, et pas juste pour aujourd’hui, mais pour toute leur vie. J’ai un gros sourire derrière mon masque», a confié Mme Gagnée, visiblement émue.

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