Pétard ou coup de feu? Une question qui sème l’inquiétude
Des pétards et des feux d’artifice tirés tard le soir, parfois en pleine nuit, contribuent au sentiment d’insécurité dans Montréal-Nord, où plusieurs fusillades sont survenues ces derniers mois.
Martin Joseph Lamontagne habite un secteur «tranquille» de Montréal-Nord. Mais depuis le début de l’été, il entend les détonations de pétards et de feux d’artifice presque quotidiennement.
«Ça peut se passer à toute heure de la nuit, à 10 heures du soir comme à 3 heures du matin», témoigne le père de famille. Parfois, il ne s’agit que d’une ou deux détonations; d’autres fois, elles se succèdent pendant une minute.
Ce qui ne serait qu’un désagrément en temps normal est devenu franchement inquiétant compte tenu de la multiplication des fusillades dans l’arrondissement.
Dans la nuit du 5 au 6 juillet, un homme dans la quarantaine a été abattu par balle sur l’avenue de Paris, à la hauteur de la rue Monselet. Deux semaines plus tôt, trois fusillades avaient lieu le même soir à quelques kilomètres de là, faisant deux blessés mineurs.
«À un moment donné, on en vient à avoir des doutes. Est-ce que ce sont des coups de feu ou des feux d’artifice?», demande celui qui réside dans le secteur depuis trois ans.
Un phénomène qui s’intensifie
Martin Joseph Lamontagne n’est pas le seul à s’inquiéter.
Dans son infolettre du 12 juillet, le poste de quartier 39 reconnaît que les bruits de pétards et de feux d’artifice «similaires à ceux de coups de feu» rendent les résidents inquiets et «affectent le sentiment de sécurité dans le quartier». Le document indique que les policiers «sont intervenus à plusieurs reprises» dans les derniers jours à la suite d’appels concernant des détonations.
Le phénomène n’est d’ailleurs pas unique à Montréal-Nord, souligne le Service de police de la Ville de Montréal dans un courriel envoyé à Métro.
Il «se serait intensifié l’été dernier à la suite du déconfinement qui a suivi la première vague de la pandémie de COVID-19 au Québec», écrit Anik de Repentigny, chargée de communication au SPVM.
Elle rappelle que l’utilisation de pièces pyrotechniques sans autorisation est interdite sur l’ensemble de l’île, même sur un terrain privé. Les contrevenants s’exposent à des amendes de 500$ à 1000$ et de 1000$ à 2000$ en cas de récidive.
Dans son courriel, Mme de Repentigny indique ne pas pouvoir commenter davantage, puisque la «compilation des données ne permet pas d’isoler les interventions du SPVM de façon spécifique.»
Légiférer la vente
Montréal-Nord a tenté de serrer la vis l’été dernier en abrogeant son règlement d’arrondissement sur les nuisances, moins sévère que le règlement municipal interdisant l’utilisation de pièces pyrotechniques sans autorisation.
Abdelhaq Sari, maire suppléant de Montréal-Nord pendant le congé parental de Christine Black, croit que Québec et Ottawa doivent désormais agir à la source, en légiférant la vente.
«Ce à quoi il faut s’intéresser, c’est à comment ces jeunes-là peuvent acquérir des pétards, des feux d’artifice qui font des sons semblables à des coups de feu», explique le conseiller de ville d’Ensemble Montréal.
L’été dernier, la mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Caroline Bourgeois, avait évoqué l’idée d’interdire la vente à Montréal.
«Ce serait envisageable, mais il suffirait de traverser la frontière en Ontario pour s’en procurer. Ça prend vraiment une réglementation provinciale et fédérale», croit pour sa part M. Sari.