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Favoriser la francisation des propriétaires de dépanneur

Photo: Wikimedia Commons

Dans le but d’aider les propriétaires de dépanneur peinant à s’exprimer dans la langue de Molière et trop occupés pour suivre un cours de francisation, le Centre d’Intégration Multi-Services de l’Ouest de l’Île (CIMOI) lance un site web permettant de pratiquer des mots et phrases couramment utilisées dans le commerce de détail.

Mis en ligne le 27 septembre, «Mon dépanneur en français» s’adresse principalement aux propriétaires de magasins issus de l’immigration. On y retrouve 19 scénarios de conversations adaptées aux besoins du commerce, dont sept sous forme d’animation.

«Ce sont des mises en situation dans lesquelles un propriétaire de dépanneur transige avec un client sur un problème spécifique, par exemple, l’achat de cigarettes. Après l’animation, l’usager du site peut aller voir tout le vocabulaire utilisé et tous les dialogues. Il peut même aller faire un test de compréhension», indique le directeur et fondateur du CIMOI, Mustapha Kachani.

L’organisme, qui a pignon sur rue à Pierrefonds et Pointe-Claire, a pour but d’aider dans l’intégration économique sociale et linguistique des nouveaux arrivants. Le CIMOI a reçu un financement total de 75 000 $ de l’Office québécois de la langue française pour réaliser son projet de site web.

«C’est un projet qui nous tenait à cœur depuis cinq ou six ans. On voit de plus en plus de nos membres issus de l’immigration, qui achètent des dépanneurs. Malheureusement, ils ne parlent pas bien le français. On veut faire en sorte qu’ils apprennent pour qu’ils puissent transiger avec les clients francophones de l’Ouest-de-l’Île», précise M. Kachani.

Coup de pouce
Cinq propriétaires de dépanneurs ont été choisis pour former un groupe-focus, il y a quelques mois, afin de concevoir le contenu du site. S’il reconnaît que le français peut représenter une langue difficile à apprendre, M. Kachani souligne que l’objectif principal est de donner un coup de pouce pour enclencher le processus d’apprentissage.

«On veut d’abord créer un prélude pour l’apprentissage. C’est un départ qu’on leur donne. Ça leur facilite la vie parce qu’ils vont communiquer, même si ce n’est pas parfait, dans l’espoir que dans les deux ou trois prochaines années, ils vont améliorer leur niveau de français de manière générale. S’ils poursuivent, ils peuvent s’améliorer», croit-il.

Arrivé au Canada en provenance de Chine il y a sept ans, Wei Cao a acheté un dépanneur à Pierrefonds, il y a quatre ans. Ayant participé au groupe-focus du CIMOI, il croit qu’un site web comme «Mon dépanneur en français» est une nécessité.

M. Cao fait valoir que pour de nombreux immigrants, l’accès au marché du travail est difficile en raison de leur manque de connaissance du français et même parfois de l’anglais.

«Mais en possédant un dépanneur, c’est un petit peu plus facile de se débrouiller avec des mots et des phrases simples. Mais ce n’est pas suffisant, souligne-t-il. Je peux imaginer que si j’étais Québécois et que j’allais au dépanneur tous les jours et que les gens ne pouvaient pas me servir en français… C’est correct pour acheter quelques trucs, mais ce ne serait pas génial».

Directeur du développement des affaires pour l’A (AMDEQ), Raymond Guillet, assistait au lancement de «Mon dépanneur en français», il y a deux semaines.

Il croit que cet outil peut non seulement aider les commerçants à transiger avec leurs clients, mais également avec leurs fournisseurs, un aspect important de leur travail.

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