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Pharmaciens sous pression

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L’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec estime qu’il faudrait réorganiser le travail en pharmacie. Photo: François Lemieux/Cités Nouvelles

Le vieillissement de la population, la complexification des thérapies médicamenteuses et la diversification des actes cliniques ont augmenté les responsabilités des pharmaciens depuis quelques années. L’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec lance un cri du cœur pour régler le problème de «surcharge de travail» dans le milieu.

Adoptée par l’Assemblée nationale, la loi 31 élargit notamment le nombre d’actes que les pharmaciens sont autorisés à poser comme la vaccination.

La nouvelle loi permettra aussi aux pharmaciens d’effectuer certains prélèvements sur le patient, de prescrire un médicament de vente libre lorsque la situation le justifie ou encore d’administrer un médicament lors d’une situation d’urgence.

Si elle voit de façon positive l’arrivée de cette nouvelle loi, l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ) s’inquiète que ces nouvelles tâches n’augmentent la pression sur les pharmaciens qui seraient déjà en surcharge de travail.

Une enquête sur la rémunération, les environnements de travail et la santé globale des pharmaciens salariés du Québec menée par l’APPSQ en novembre 2019, révèle que 97% des pharmaciens salariés jugent que la charge de travail actuelle nuit à l’instauration de nouvelles activités.

«Même avant l’arrivée de ces nouveaux actes, trois pharmaciens sur quatre affirmaient que la charge de travail avait un impact sur leur propre santé», indique la présidente de l’APPSQ, Karina Savoie.

Solutions

L’APPSQ souhaite que l’on planche sur des solutions concrètes. La gestion du système Santé-Québec qui donne accès au dossier des patients doit, selon elle, être optimisée et qu’il devienne un outil de communication avec les médecins.

«Ce serait beaucoup plus facile si on voyait les intentions thérapeutiques et les antécédents des patients. De notre côté, on part de rien en consultation. On souhaite avoir accès à qui est attitré au patient pour favoriser la collaboration interprofessionnelle», souligne-t-elle.

Afin de pouvoir accomplir les nouvelles tâches comme ajuster les médicaments en fonction des effets secondaires ou faire des consultations mineures, le travail en pharmacie doit être réorganisé, selon Mme Savoie.

«On doit s’organiser pour libérer le pharmacien. Il y a des choses qu’on va devoir déléguer à nos assistants techniques. On va devoir rehausser leur formation pour leur permettre de mieux nous assister», précise-t-elle.

Réactions des pharmaciens

Avec des normes, protocoles et directives à respecter qui changeaient constamment selon l’évolution de la crise sanitaire, la pandémie de COVID-19 a significativement bouleversé le travail des pharmaciens. Dans ce contexte, l’annonce de l’application prochaine de la loi 31 a créé de l’anxiété dans le milieu.

«On se disait que déjà on était surchargé de travail avec toute la gestion de la situation. On se demandait comment on pourrait commencer à encore plus intégrer de nouvelles activités. Mais la façon qu’il faut le voir, est que c’est un pas vers l’avant pour la profession», soutient une des pharmaciennes cheffes à la succursale Jean Coutu de L’Île-Bizard, Pascale Djandji.

Propriétaire de deux pharmacies Uniprix à Sainte-Anne-de-Bellevue et Lachine, Maciek Zarzycki a hâte de voir comment il sera possible de gérer le nouveau service de vaccination.

«On a l’impression qu’une grosse partie de la charge de vaccination sera sur nos épaules. Ça ne sera pas un service rentable. Dans le contexte de la pandémie, comment va-t-on être capable de vacciner 300 à 500 personnes en deux mois ? Ça demeure un défi logistique. Les autres actes de la loi 31 vont plus s’intégrer progressivement et naturellement», explique-t-il.

Adoptée en mars, la loi 31 devrait officiellement entrer en vigueur à l’automne.

APPSQ

Association professionnelle indépendante créée sous forme d’un organisme à but non lucratif et dont les fonds proviennent principalement de la cotisation des membres, l’APPSQ a été mise sur pied en 2015. Son objectif est de rallier les pharmaciens salariés québécois à l’avancement de la profession.

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