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La Tranchefile: reliure sous toutes ses coutures

Josée Dessureault dans son atelier Photo: Lila Maitre/Métro Média

Depuis plus de dix ans, Josée Dessureault pratique dans son atelier du Mile-End, sur la rue Saint-Laurent, la reliure de livre. Fondée en 1979, La Tranchefile propose des services de restauration de vieux ouvrages, de fabrication de livre d’art ou encore des cours de reliure. District est partie à la visite de cet atelier qui allie tradition et modernité. 

«C’est un peu le désordre ici» s’excuse Josée Dessureault alors qu’elle nous fait visiter, tasse de café à la main, l’atelier de la Tranchefile.

Les lieux regorgent de matériaux divers, on retrouve des rouleaux de toiles de papier, des bandes de cuir, des perles, des livres et d’innombrables outils. Mais le plus impressionnant, ce sont les machines.

Certaines datent du 13e siècle, à l’instar du cousoir, composé de bois et qui sert à coudre les cahiers. D’autres sont plus modernes, comme les machines d’estampage à chaud utilisées pour marquer les titres grâce à la chaleur, ou encore la machine à couper au laser pour la création de motifs gravés.

Quelques machines ont dû être importées d’Europe, «Là, j’ai ma belle grosse presse à percussion […] qu’Odette a fait venir par bateau».  

Odette Drapeau est la fondatrice de la Tranchefile, à la base établie dans le vieux Montréal. Elle est aussi l’ancienne professeure de Josée Dessureault, qui a repris la direction de l’atelier en 2010.

Quelques outils traditionnels pour la reliure 

Un cousoir: cet objet en bois permet, grâce à des cordes, de maintenir le livre en place pour le coudre.

Une presse à percussion: machine très lourde, elle est utilisée à plusieurs étapes de la reliure. Une pression est exercée sur le livre, cela permet de tasser le papier, on peut aussi l’utiliser pour marquer des motifs. 

Une cisaille: outil serti d’une lame pour couper les cartons

Un étau à endosser: étau qui permet de faire l’endossure, soit la préparation de la couverture d’un livre

Roulette: en forme de disque, elle permet d’imprimer des motifs répétitifs sur le livre. 

Cette dernière est entrée dans le monde de la reliure par hasard. Diplômée en tant que technicienne en médecine nucléaire, elle commence à suivre des cours de reliure et, de fil en aiguille, acquiert les connaissances nécessaires pour pratiquer cet artisanat à temps plein.

Dû à l’absence d’école de reliure au Québec, les apprentis relieurs n’ont pas le choix de se former directement en atelier. 

Aujourd’hui, Josée Dessureault peut tout aussi bien construire de toute main une couverture de livre ou un coffret, que restaurer un manuscrit du 18e siècle. 

Du livre à l’œuvre 

Au-delà de l’artisanat, la reliure de livre peut devenir une pratique artistique.

La liberté de fabrication d’une couverture amène les relieurs à expérimenter toutes les possibilités. Ainsi, des expositions sont organisées par les différentes associations internationales de reliure, comme l’Association pour la promotion des Arts de la Reliure (APPAR).

Les participants reçoivent un livre en pièce détachée qu’ils doivent relier en respectant certaines contraintes, faire une couverture textile par exemple. Motifs, gravures, collages et impressions se rejoignent pour créer des couvertures inédites. 

Photo : Lila Maitre

Josée Dessureault et Odette Drapeau avaient elles-mêmes exposé leurs œuvres en 2016 à la bibliothèque de HEC Montréal en compagnie d’une autre relieuse, Delphine Platten. Pour cette exposition, Josée Dessureault avait fabriqué des livres en cuir suédé avec des formes d’animaux en Lumigra, matériaux qui donnent un aspect réfléchissant et coloré. 

Le livre en lui-même se détache de sa fonction première pour devenir une véritable œuvre d’art, un livre objet. Josée Dessureault accueille par ailleurs de nombreux artistes et les accompagne dans l’aboutissement de leurs projets. 

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