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Quel avenir pour l’art et le numérique?

Photo: dglimages - 123RF

Depuis les années 1960, les outils numériques sont devenus un médium de création et de diffusion artistiques à part entière. Aujourd’hui et d’autant plus avec la pandémie, l’art utilise de plus en plus le numérique. Récemment, Culture Montréal a reçu un soutien de la Ville pour mettre en place une étude sur la créativité numérique. Parallèlement, la pandémie a renforcé l’accès de la culture en ligne.

Il est loin le temps où les artistes qui expérimentaient la technologie étaient des ovnis du monde de l’art. Dorénavant, les expositions regorgent d’œuvres vidéo, en réalité augmentée ou virtuelle. Plus qu’un outil d’art visuel, la création numérique est aussi omniprésente dans différentes industries, du jeu vidéo ou du cinéma.

Le regroupement Culture Montréal souhaite se pencher sur ce monde de la créativité numérique. Grâce à un financement de 200 000 $, il réalisera une étude pour dresser un portrait des différents acteurs de cette culture. Pour la directrice générale de Culture Montréal, Valérie Beaulieu, cette étude sera un moyen de mettre en place une meilleure structure. « C’est un secteur qui est assez nouveau, l’idée c’est de mener une étude pour voir quel sera le modèle de gouvernance, et de quelle façon ce secteur-là des arts et de la créativité numériques pourra mieux travailler ensemble ».

Le deuxième objectif de cette étude est de développer des outils financiers pour le secteur de la créativité numérique. Ces outils pourraient prendre par exemple la forme de fonds d’investissement, pour accompagner les industries.

Le projet est chapeauté par la Commission Montréal numérique de Culture Montréal. Cette commission regroupe plusieurs dizaines de membres de différents milieux. On retrouve, entre autres, des représentants de la Société des arts technologiques, du conseil québécois des arts médiatiques, de la Guilde du jeu vidéo du Québec ou encore du studio Moment Factory.

Car la particularité du secteur de la créativité numérique, c’est l’hybridité des acteurs qui la forment. Cela rassemble de grandes compagnies implantées dans les marchés internationaux comme des artistes visuels locaux. Pour Valérie Beaulieu, un regroupement pourrait permettre de mettre en lien les artistes avec les firmes. Le défi étant d’arriver à rejoindre tous les acteurs en un seul et même groupe.

Diffusion numérique de l’art

Alors que des œuvres se créent grâce aux outils numériques, d’autres types d’art plus traditionnels ont migré vers les écrans. La pandémie a fortement renforcé cette tendance, avec la fermeture pendant plusieurs mois des musées et des galeries d’art. Pour la directrice de l’Observatoire des médiations culturelles et chercheuse à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), Nathalie Casemajor, le phénomène de diffusion en ligne s’est accéléré. « Il y a eu une migration forcée de plusieurs acteurs qui depuis plusieurs années étaient déjà en train d’explorer les plateformes numériques de diffusion ».

Certains secteurs s’implantaient déjà dans une nouvelle forme de diffusion. C’est le cas du cinéma qui s’introduisait grâce à des plateformes comme Netflix. On note toutefois une augmentation massive des abonnements pendant la pandémie.

Les arts vivants et arts visuels ont dû mettre en place de nouveaux moyens pour continuer leurs activités, comme des captations audio et vidéo. Pour Nathalie Casemajor, c’est une tendance qui pourrait continuer même après la réouverture des salles et galeries. « Cette expérience est acquise, donc il va probablement rester quelque chose qui continuera à être exploré ».

Image: alphaspirit – 123RF

L’un des avantages de la mise en ligne des œuvres est la possibilité pour les personnes qui habitent des régions plus éloignées d’avoir accès aux nouveautés culturelles. Pour la chercheuse à l’INRS, ce nouveau public acquis pendant la pandémie amènera probablement les instances culturelles à continuer l’hybridité de diffusion.

Fracture et littératie numériques

Même si le numérique a permis de rejoindre une plus grande partie de la population à la culture, il reste encore des défis à relever pour une égalité d’accès aux outils. Au Québec, des foyers ont toujours un accès moindre à des équipements, comme des ordinateurs ou des tablettes. La fracture numérique se traduit aussi par une moins bonne connexion à Internet dans certaines régions rurales.

Parallèlement, les outils numériques demandent aussi une connaissance d’utilisation du matériel. Pour Nathalie Casemajor, il est important alors de mettre en place dès l’école des formations pour la littératie numérique. « Ce n’est pas seulement maîtriser les outils, mais c’est aussi réfléchir et mettre en perspective l’impact des technologies dans nos vies. » 

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