Immatriculation des armes à feu: les victimes de Polytechnique soulagées
La décision de Québec de se doter de son propre registre des armes à feu d’ici 2018 via le projet de loi 64 est accueillie avec soulagement par les victimes de la tragédie de l’École polytechnique.
Après plus de quatre ans de combat afin de récupérer les données sur les armes à feu au Québec, les députés provinciaux ont voté à 99 contre 8 à l’Assemblée nationale le 9 juin en faveur de se doter d’un registre afin de remplacer celui aboli par le gouvernement de Stephen Harper.
«Nous avons perdu notre fille à la violence commise par une arme à feu, raconte Suzanne Laplante-Edward, dont la fille Anne-Marie est décédée à Polytechnique sous les balles de Marc Lépine. Il nous était évident que l’accès facile aux armes à feu avait été un facteur décisif dans ce drame. Je suis énormément touchée de voir adopter cette loi historique. La mort d’Anne-Marie n’aura pas été en vain.»
Heidi Rathjen, porte-parole du groupe PolySeSouvient, formé à la suite de la tuerie à l’école d’ingénierie en 1989, renchérit. «C’est l’aboutissement d’une longue mobilisation de plus de 25 ans pour un meilleur contrôle des armes. C’est un véritable triomphe. Le projet de loi est solide, et nous sommes heureux que le premier ministre ait rempli son engagement.»
Loi
En vertu de la nouvelle loi, toutes les armes à feu sur le territoire de la province devront être immatriculées avec un numéro unique et inscrites à un fichier contrôlé par Québec. Toutes les transactions devront être signalées et les permis des acheteurs potentiels seront systématiquement vérifiés.
Dorénavant, l’immatriculation des armes n’incombera plus seulement à l’acheteur. Le vendeur sera contraint de transférer aux autorités certains renseignements critiques dont le numéro d’immatriculation de l’arme vendue ainsi que l’identité de l’acheteur. Ces informations seront transmises au corps policier.
«C’est une excellente nouvelle. Ce règlement minimisera les risques de détournement des armes vers le marché illicite et de transferts d’armes orphelines qui ne laissent pas de trace,» spécifie Mme Rathjen.
Lacune
Selon PolySeSouvient, le règlement ne comporte qu’une seule lacune. Les gens qui visitent le Québec n’auront pas à inscrire temporairement au registre les armes qu’ils transportent avec eux à l’intérieur des frontières de la province.
«La commission a refusé. Le raisonnement tournait autour de l’importance de minimiser la paperasse et de ne pas nuire au tourisme de chasse et, par ricochet, le secteur économique des pourvoiries.»
Les coûts d’implantation du registre québécois sont évalués à 17 millions de $.
La tuerie de l’École polytechnique a eu lieu le 6 décembre 1989. Marc Lépine, âgé de 25 ans, a ouvert le feu sur vingt-huit personnes, tuant quatorze d’entre elles (10 femmes et 4 hommes), avant de s’enlever la vie.