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Projet Broadway: des développements sont à venir

L’avenue Broadway a perdu sa vitalité d’antan. Photo: Coralie Hodgson, Métro Média

Malgré les nouveaux aménagements réalisés dans le cadre du projet Broadway, l’artère commerciale de Montréal-Est est toujours jonchée de locaux abandonnés et l’offre commerciale est rare. La donne devrait cependant changer prochainement, car l’intérêt de promoteurs pour le secteur se fait sentir. Une situation qui suscite espoir et appréhension chez des citoyens.

«En 2014, la Ville s’est rendu compte que la densification ne permettait pas de revitaliser une artère commerciale typique», résume Nicolas Dziasko, directeur de la gestion du territoire et environnement à la Ville de Montréal-Est. Afin de redonner à l’artère sa vitalité d’antan, elle a lancé une consultation publique et ensuite retravaillé le zonage du secteur pour densifier, attirer des commerces, et développer une nouvelle «signature» visuelle.

Près de huit ans plus tard, les travaux amorcés en 2020 pour la réfection et le réaménagement du secteur sont aujourd’hui terminés «à 99%». Un plus de 15 M$ ont été engagés pour les réaliser.

Depuis 2016, cinq nouveaux projets immobiliers totalisant 40 logements ont été construits sur Broadway au nord de Victoria. La construction d’un prochain projet immobilier, le «Quartier Broadway», au coin de Victoria (côté nord), devrait commencer d’ici le mois de mars.

Or, malgré les investissements, le tronçon situé dans sa partie sud semble à l’abandon; peu de commerces sont en fonction, et Métro a dénombré minimalement six locaux abandonnés ou terrains vacants entre les rues Victoria et Notre-Dame.

La donne devrait cependant changer. M. Dziasko explique que la «municipalité a été sollicitée par des promoteurs», et il y aurait «minimalement trois projets à l’étude» actuellement.

Besoin de revitaliser

Daniel Angers, propriétaire du Marché Montréal-Est, observe que Broadway se dévitalise «depuis une dizaine d’années». Celui qui est à la barre d’un des rares commerces de l’artère espère que la venue de nouveaux projets aura un impact positif dans le secteur. «Si [le projet] est bien fait, ça va marcher», croit-il.

Chantal, une résidente de l’avenue Broadway, s’enthousiasme de l’arrivée prochaine de commerces de proximité. Elle déplore devoir faire toutes ses courses en voiture, le secteur n’ayant plus d’offre commerciale.

À l’instar d’Audrey*, elle voit d’un bon œil l’arrivée des condos plus «haut de gamme» qui donneraient plus de «classe» au secteur à l’abandon, mais espère que la mairesse, Anne St-Laurent, encadrera les projets pour que le secteur reste «familial».

Mme St-Laurent indique pour sa part qu’il y a un besoin de densification dans le secteur. Elle assure que cela devra se faire de façon «responsable» et que chaque dossier sera étudié au conseil.

Demande de logements sociaux

La perspective de nouveaux projets immobiliers inquiète cependant plusieurs citoyens. Sur les réseaux sociaux et sur le terrain, des citoyens comme Chantal, une citoyenne qui réside près de l’avenue Broadway, indiquent vouloir voir plus de développement de logement social ou abordable, plutôt que de logements plus cossus.

«Peut-être que ça va revitaliser le quartier. Mais les gens qui habitent ici présentement, est-ce qu’ils ont les moyens de vivre là? Ou on va se trouver encore avec deux classes [de citoyens]?» se demande Michel Caron, qui trouve le quartier plutôt défavorisé.

Jean-Guy Picard juge pour sa part que les nouveaux logements construits au nord de la rue Victoria sont peu abordables pour les familles, et observe que beaucoup de petites maisons sont remplacées par des condos dans la ville.

Anne St-Laurent se dit consciente du besoin exprimé pas des citoyens pour des logements sociaux sur le territoire et assure qu’elle va s’y attarder au cours de son mandat. Elle précise cependant que la réalisation de projets dépendra de l’appui que la Ville recevra, notamment des différents paliers gouvernementaux.

Le stationnement: un enjeu majeur pour les citoyens

Comme plusieurs citoyens rencontrés, Jean-Guy Picard s’inquiète particulièrement du stationnement qui a été réduit avec l’élargissement des trottoirs, un enjeu majeur dans la réussite du projet pour attirer l’offre commerciale, selon lui.

À l’instar de la mairesse, la directrice générale de Montréal-Est, Louise Chartrand, assure que des mesures seront entreprises pour régler le problème et que «des annonces vont être faites dans les temps».

Pression immobilière

Bien que le conseil aura le dernier mot sur les projets présentés, on peut s’attendre à ce que les projets immobiliers suivent les tendances du marché – qui s’est particulièrement enflammé depuis la pandémie.

Nicolas Montmorency, courtier immobilier chez Via Capitale Distinction, souligne que des données de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) démontrent que depuis cinq ans, dans l’est (RDP-PAT-Montréal-Est), les copropriétés ont pris 51% de valeur, ce qui «est quand même beaucoup». Des données de Centris démontrent par ailleurs que le prix de vente moyen des copropriétés à Montréal-Est est passé de 273 864$ en 2020 à 298 917$ en 2021 – des prix que l’on voyait plus pour des maisons du secteur il y a quelques années, remarque M. Montmorency.

Le courtier croit toutefois que le marché devrait se calmer d’ici deux ans, et rappelle que le manque de terrains à Montréal témoigne du besoin de densifier. «C’est un défi pour les villes. Les promoteurs veulent faire du profit, et ils vont essayer de bien enrober ça. C’est aussi un défi d’intégrer du logement social là-dedans.»

*Nom fictif

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