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Entremise: occuper et protéger les bâtiments vacants

Philémon Gravel, cofondateur d’Entremise.
Philémon Gravel, cofondateur d’Entremise. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

L’organisme montréalais Entremise œuvre à trouver des occupants temporaires pour les bâtiments vacants de la métropole. Cette approche serait d’ailleurs un outil pour conserver et protéger des immeubles patrimoniaux.

Fondé en 2016, Entremise a une proposition hors du commun: trouver des occupants temporaires aux bâtiments vides pour une «occupation transitoire».  Et tant qu’à occuper les lieux, pourquoi ne pas y développer des projets ?

D’ici 2021, l’organisme d’économie sociale travaillera avec la Ville à mettre en œuvre un projet dans le bâtiment des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, sur l’Avenue des Pins.

Philémon Gravel, cofondateur d’Entremise, explique que la Ville a acquis le bâtiment en 2017. Cependant, sa restauration devra attendre encore plusieurs années. «La Ville se demande: « Qu’est-ce qu’on va faire avec ce bâtiment immensément patrimonial? »».

Pour combler ce laps de vacance, l’organisme a donc la tâche de récolter les candidatures, et d’accompagner les organismes choisis pour qu’ils développent des projets publics durant quelques années.

Entremise participera également à un projet transitoire de mobilité et sécurité alimentaire qui sera mis sur pied à l’ancienne gare d’autocar sur Berri en 2021. Ce projet durera quelques années, d’ici à ce que la Ville récupère les lieux pour y construire ses nouveaux pôles de bureaux.

Par ailleurs, Entremise travaille présentement avec la Société de développement Angus sur son projet immobilier de revitalisation du Vieux Pointe-aux-Trembles, que la SDA veut « à l’image des Pointeliers». L’organisme est présentement à l’étape de rencontrer les membres de la communauté, d’identifier leurs besoins, et de recevoir leurs projets.

Protéger le patrimoine

Pour M. Gravel, la restauration d’immeubles patrimoniaux doit souvent être justifiée par un projet d’envergure, ce qui prend souvent plusieurs années à mettre en place. Et pendant cette période de vacance, le bâtiment physique se dégrade, note l’architecte de formation.

«Une ancienne église qui est vide pendant 10 ans disparaît tranquillement de l’imaginaire et l’intérêt des gens. Pour justifier un projet, il faut d’abord que les gens la connaissent et l’occupent.»

M. Gravel croit que ce problème risque d’ailleurs de s’aggraver avec la vacance des bureaux qu’on observe depuis l’arrivée de la COVID. «Je pense que le nombre de bâtiments vacants va augmenter. Et le besoin de faire des projets différents aussi».

Par ailleurs, Entremise souhaite offrir des loyers abordables à des organismes, qui, souvent, n’ont pas d’impact sur les projets immobiliers. Bien que les projets soient a priori temporaires, M. Gravel espère d’ailleurs que certains projets prennent assez de galon pour s’intégrer à long terme au projet immobilier.

Des enjeux

Cependant, la réglementation au niveau de la taxe foncière et du code du bâtiment est parfois complexe dans ce type de projet.

En effet, souligne M. Gravel, Entremise serait le seul organisme d’occupation transitoire au Canada. Ce type de concept est beaucoup plus développé en Europe, note-t-il.

Par ailleurs, ne pas savoir d’avance qui seront les occupants d’un immeuble peut «faire peur» à certains gestionnaires immobiliers, croit le cofondateur.

Malgré tout, M. Gravel est d’avis que cet élément fait aussi la force du projet. «Tu ne reposes pas sur une organisation et son succès, mais sur plusieurs organisations et l’écosystème que ça crée. C’est beaucoup plus résilient.»

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