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Apprendre, les mains dans la terre

Leduc-Frenette Samuel - TC Media
En entrant dans la serre, située à un jet de pierre de l’annexe de l’école secondaire Jean-Grou destinée aux élèves qui éprouvent des troubles graves d’apprentissage, on est enveloppé par la chaleur du soleil. Les tables, en cette matinée de novembre, sont à moitié couvertes de plants de légumes, de fleurs et de pots de terres ensemencées. Les allées, quant à elles, sont parcourues par une demi-douzaine d’élèves venues apprendre les matières scolaires par l’entremise de… l’horticulture. Bienvenue à la serre Rivard-Paquette.

Ce projet unique à Montréal est l’œuvre de Marie-France Paquette, une orthopédagogue passionnée d’horticulture. En alliant cette activité à son enseignement, Mme Paquette a réussi à captiver des jeunes autrement que par le sport, souvent cité comme l’une des solutions pour stimuler les jeunes qui ont de la difficulté en classe.

« Avant ça, je plantais des tomates dans ma classe, et très vite l’espace est devenu restreint », raconte-t-elle. L’idée d’une serre, un peu saugrenue au début, s’est vite imposée comme une solution intéressante.

Avec l’aide de subventions du gouvernement québécois, d’entreprises privées et d’institutions, Mme Paquette est allée chercher l’argent nécessaire pour l’achat de la serre. Le bâtiment a été assemblé gratuitement grâce à l’aide de Jean-Marie Rivard, un citoyen retraité qui a déjà eu une serre sur un terrain de ferme, et de quelques consorts, d’août à décembre 2013. Encore aujourd’hui, M. Rivard aide à l’entretien de la serre et vient parfois, lors des jours de congé, vérifier que la température des lieux est constante.

Savoir, savoir-faire et savoir-être

Ouverte en 2004, la serre accueille de 17 à 20 élèves à la fois, durant toute l’année scolaire. « J’essaie de garder jalousement le projet pour ceux qui ont de la difficulté », dit l’enseignante, mais je garde tout de même l’endroit ouvert à certaines classes de science de Jean-Grou.

En travaillant sur des plantes, les élèves de Mme Paquette pratiquent le français autant que les mathématiques ou les sciences. Par exemple, ils doivent à la fois maîtriser le vocabulaire lié à l’horticulture et les notions de base de cette science.

Loin de s’ennuyer, l’expérience fait dire à Mme Payette que ses élèves apprennent plus qu’en classe.

« Il y a des élèves qui ont des troubles de comportement, qui ne peuvent pas rester assis longtemps », mentionne-t-elle. Pourtant, ils peuvent rester 75 minutes à travailler avec minutie dans la serre.

Les élèves, en plus des connaissances, apprennent à mieux se comporter les uns avec les autres, et, par le fait même, à développer une meilleure estime d’eux-mêmes.

« L’empathie, ce n’est pas quelque chose qui vient naturellement, affirme-t-elle, mais ça change quand il faut s’occuper d’une plante. »

En plus de compter sur l’aide de M. Rivard, Mme Paquette a l’aide d’un horticulteur qui travaille à temps complet avec les jeunes. Des personnes âgées, à titre de bénévoles, viennent aussi parfois lui prêter main-forte.

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