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L’île Lapierre: mésentente au conseil de Ville

Leduc-Frenette Samuel - TC Media
Moins d’une semaine après la diffusion d’un reportage de Radio-Canada dans lequel il est révélé que l’île Lapierre, située dans la rivière des Prairies près du pont de l’autoroute 25, a été vendue par son propriétaire pour près de 14 millions $, la Ville et les partis d’opposition ne s’entendent toujours pas sur la valeur pécuniaire et environnementale de ce « don écologique ».

Ainsi, selon la Ville de Montréal, les deux avis qui concluaient à la faible valeur de l’île n’étaient pas pertinents lorsqu’il a été convenu d’acquérir l’île, étant donné que Louis-Guy Hénault, l’auteur de l’un de ces avis, s’était entretemps rétracté. Or, cet avis contraire n’aurait pas encore été dévoilé à l’opposition.

« Alan DeSousa [vice-président du comité exécutif] ne nous l’a pas déposé, et si cet avis-là existe, ça veut dire qu’il y a eu une infraction à la loi d’accès à l’information, parce que lorsque la journaliste a fait ses recherches et a mis la main sur cet avis-là, logiquement elle aurait dû obtenir dans ce cas-là le deuxième avis, dit Caroline Bourgeois, conseillère dans l’arrondissement Rivière-des-Prairies—Pointe-aux-Trembles. Si le fonctionnaire a indiqué une chose et s’est rétracté par la suite eh bien ça veut dire que cet avis-là aurait lui aussi dû être transmis. »

Du côté de la mairie, on affirme qu’il n’y a eu aucune « cachette » faite à l’opposition lorsque la décision d’acquisition a été prise le 24 novembre 2008

« Lui [M. Hénault], une fois qu’il avait pris connaissance de la vérification faite par l’arrondissement si le projet était en conformité, une fois qu’il a eu un avis légal, il était arrivé à la même conclusion que nous, que oui, c’est un projet qui a du sens et qu’en conséquence la valeur marchande qui a été établie était en conformité », avait tenu à rappeler M. DeSousa lorsque questionné en conseil par la leader de l’opposition officielle Anie Samson le 21 novembre.

Pour son île, le promoteur Alfonso Argento avait reçu 4 millions $ de la part de Montréal et près de 10 millions $ sous forme de crédit d’impôt. Le promoteur participait ainsi au programme fédéral de dons écologiques qui favorise la cession de terrains afin d’en faire des aires protégées.

L’opposition prétend que M. Argento, qui devait construire quatre immeubles regroupant un total de 700 unités d’habitations après avoir acquis l’île en 1981, a obtenu un prix beaucoup trop élevé.

La Ville, qui considère le zonage de l’île adaptée à ces quatre tours, a évalué le prix de l’île à plus de 5 millions $.

Or, l’opposition affirme que l’île valait plutôt 368 000 $, car le zonage révisé en 1994 prévoyait seulement la construction d’un bâtiment d’un à trois logements.

Deux visions de la beauté de l’île

Le doute persiste quant à la valeur écologique de l’île Lapierre. Quatre mille camions sont venus remblayer son sol lorsque M. Argento a voulu construire ses tours d’habitation.

Seuls les arbres ceinturant l’île n’auraient pas été touchés. « J’ai eu l’occasion de visiter l’île Lapierre, j’ai eu l’occasion de voir qu’est-ce que ça ajoute, j’ai eu l’occasion de marcher sur l’île, et laissez-moi vous dire, c’est quelque chose, a lancé M. DeSousa à Mme Bourgeois lors du conseil du 21 novembre. Je n’ai aucun regret quant à la décision qui a été prise par ce conseil. »

Celui-ci croit que l’île s’intégrera à merveille au parc-nature du Ruisseau-De Montigny. Il n’est toutefois pas possible de connaître l’ampleur ni les coûts de la réhabilitation de l’île.

Josée Duplessis, qui est conseillère dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et membre de Projet Montréal, s’est demandé lors du conseil du 22 novembre pourquoi la Ville ne s’était pas servi des quatre millions $ payés pour l’île afin d’y effectuer des travaux de revitalisation.

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