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Construction d’une piscine: un entrepreneur retient des pièces

Photo: Collaboration spéciale

Une immense piscine extérieure contenant 2,5 millions de litres d’eau sera installée au parc Hans-Selye de Rivière-des-Prairies, dès l’été prochain. Des pièces du bassin sont toutefois conservées en garantie par l’entrepreneur général qui n’a pas été payé.

Financé au coût de 2,4M$ par la Ville, le bassin olympique a été construit pour accueillir les Championnats du monde FINA des maîtres 2014. Plus de trois mois après l’événement, plusieurs fournisseurs attendent toujours leur chèque.

Exaspéré, l’entrepreneur général qui a réalisé les travaux s’est emparé de la moitié des pièces du bassin et compte les garder jusqu’à ce que la Fédération internationale de natation (FINA) paie la facture.

«Tout le monde va être payé cette semaine, promet Pierre Cloutier de Montréal 2014 qui organisait l’événement. Nous n’avions pas le choix. Nous attendions des fonds du gouvernement. On pensait que l’argent allait rentrer plus tôt.»

Le bassin olympique construit au parc Jean Drapeau sera déménagé au parc Hans-Selye de Rivière-des-Prairies.
Le bassin olympique construit au parc Jean Drapeau sera déménagé au parc Hans-Selye de Rivière-des-Prairies.

Investissement de 2,4M$
Les Championnats du monde FINA des maîtres 2014 se sont déroulés du 27 juillet au 2 août. En raison de travaux à la piscine du Parc olympique, la Ville a fourni les fonds nécessaires à l’achat, à l’installation et au démontage d’un bassin temporaire au parc Jean Drapeau.

«Il faut comprendre que ce bassin est démontable, explique Dimitrios Jim Beis, l’élu responsable des sports au comité exécutif de la Ville. C’est ce qui fait la grande qualité de cette installation, on peut la transporter et la remonter ailleurs; ce qu’on ne peut pas faire avec une piscine en béton.»

À la suite de la compétition, le bassin d’une valeur de 1,3M$ devait d’ailleurs être démonté et reconstruit au parc Hans-Selye. L’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles a prévu un budget de 804 000$ pour financer l’opération.

«Il fallait remettre les installations de ce parc à niveau alors nous avons saisi l’opportunité, affirme la conseillère d’arrondissement, Nathalie Pierre-Antoine. Je trouve que c’est un projet super pour nos citoyens.»

Projet sur la glace
Ce projet a toutefois été mis sur la glace pour l’hiver puisque l’entrepreneur l’Archevêque & Rivest qui n’a pas encore été payé pour ses services, s’est emparé de deux des quatre conteneurs où sont entreposés les bassins.

La Ville ne s’inquiète toutefois pas de cette situation.

«FINA va payer l’entrepreneur, assure M. Jim Beis. Il est exact qu’il y a encore des sommes à recevoir et que des fournisseurs n’ont pas été payés, dont l’entrepreneur responsable de la piscine. Mais je suis très confiant que ce sera réglé d’ici quelques semaines.»

L’élu responsable des sports affirme être en contact avec le comité organisateur pour les aider à trouver des solutions et pour défendre les intérêts de la Ville de Montréal.

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L’effet domino du retard de paiement

parc Hans-Selye
Le parc Hans-Selye accueillera bientôt un bassin olympique.

 

Comme c’est souvent le cas dans ces histoires, l’entrepreneur général qui n’a été payé par son client subit ensuite les foudres de ses sous-traitants. Résultat : Plomberie G et G menace de poursuivre l’Archevêque & Rivest pour défaut de paiement, à son tour.

«Je sais que ce n’est pas de la faute de l’entrepreneur, mais je n’ai pas le choix de le poursuivre, lui. Je n’ai toujours pas été payé et ça fait mal au “cash flow”», explique le plombier Benoit Bourde, à qui l’entrepreneur général doit 132 000$.

Un mal généralisé
À la suite de cette mésaventure, le plombier a pris la décision de ne plus soumissionner pour les projets de la Ville de Montréal ou de gonfler ses tarifs en prévision du non-paiement.

«Depuis la fusion, chaque fois, il y a des conflits et ça prend au moins un an avant de se faire payer, dénonce M. Bourde. Les gens qui gèrent ces événements sont incompétents [en matière de construction] alors ils ont toujours peur de payer.»

Il n’y pas que les entrepreneurs qui n’ont pas été payés. L’entreprise Laser Quantum, qui notamment coordonné les cérémonies d’ouverture, a d’ailleurs intenté des poursuites de 77 137,88$ contre la FINA et Montréal 2014. Les organisateurs doivent environ 60 000$ à cette entreprise.

«Ils nous ont payé une partie, puis ils nous ont remis une enveloppe de chèques postdatés. Le jour qu’on devait encaisser les chèques, ils nous ont appelés tôt le matin pour nous dire de ne pas le faire. Depuis, c’est resté lettre morte: ils ne répondent plus à nos appels et à nos courriels», s’impatiente Jean-Stéphane Groulx de Laser Quantum.

En 21 ans d’existence, c’est la première fois que l’entreprise vit cette situation. Contrairement à l’entrepreneur qui a conservé des pièces en garantie, M. Groulx n’a aucun autre recours pour s’assurer qu’il sera dédommagé pour son travail.

La Ville
De son côté, la Ville n’envisage pas de poursuite contre Montréal 2014.

«Le comité organisateur est aux prises avec des problèmes de liquidité qui devraient se régler lorsque les bailleurs de fonds auront tous versé les sommes attendues. Pour obtenir les sommes, Montréal 2014 doit fournir les rapports demandés par les bailleurs de fonds et ils travaillent actuellement là-dessus. Nous sommes sûrs que tout se réglera et nous sommes en contact avec le comité organisateur», explique-t-on dans une réponse par courriel.

Du côté du ministère du Loisir et du Sport, on indique que toutes les sommes prévues pour ce projet ont déjà été versées aux fédérations sportives.

La nouvelle piscine du parc Hans-Selye

  • Le bassin respecte les normes internationales les plus élevées.
  • longueur: 50 mètres
  • largeur: 25 mètres
  • profondeur: 2 mètres
  • huit corridors

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