Bernard Émond tourne son prochain film entre Rosemont et Trois-Rivières
Plonger dans les décors de Bernard Émond, rue Molson, c’est un peu comme voyager dans le temps. Le réalisateur montréalais a posé sa caméra à Rosemont pour le tournage de son prochain long-métrage, Une femme respectable.
L’histoire se déroule dans le Trois-Rivières des années 1930. Mme Lemay, une femme séparée de son mari depuis onze ans,l’accueille de nouveau chez elle à la mort de la concubine de celui-ci.Il amène avec lui les trois fillettes qu’il a eues de sa deuxième union.
«Elle veut venir en aide à ces enfants-là. Il n’y a aucune mièvrerie, c’est une histoire douloureuse», indique Bernard Émond.
Pour incarner ce personnage «complexe et contradictoire», le cinéaste a choisi Hélène Florent. À ses côtés, on retrouve Martin Dubreuil, qui joue le rôle d’un homme de classe ouvrière pendant la crise des années 1930.
Un film tiré d’une nouvelle italienne
Une femme respectable est adapté d’une nouvelle de Pirandello dont le titre italien est Pena di vivere cosi («la peine, la douleur de vivre ainsi»).
«Le récit de Pirandello est extraordinaire en ce qu’il nous fait pénétrer loin dans le monde intérieur de ses personnages, dans un dévoilement troublant de leur intimité et de leurs contradictions. Rien n’est simple, nous dit Pirandello: un sentiment peut en cacher un autre et nous nous leurrons souvent sur la vraie nature de nos désirs. Il n’y a peut-être pas de vérité, nous dit-il, mais il y a une réalité: c’est la “douleur de vivre ainsi” qui est, autant que la recherche du bonheur, la toile de fond de nos existences», confie Bernard Émond.
Ainsi, le réalisateur a été attiré par la profondeur des personnages, trop rares dans le cinéma contemporain, selon lui.
Retour sur un plateau après deux ans de pandémie
C’était la «première fois depuis la COVID» que le cinéaste se relançait dans un tournage.
«C’est un peu embêtant de tourner avec les masques, mais on s’y fait», confie-t-il. Bernard Émond a profité de la pandémie pour écrire Quatre histoires de famille, un recueil de nouvelles qui paraît cette fin de semaine.
En retournant à nouveau dans le monde du cinéma, il avait aussi envie de voyager dans le temps. En se transposant dans les années 1930, l’artiste échappe à «la laideur dans le monde contemporain». Il retrouve des costumes d’une «beauté extraordinaire». Et aussi le «bonheur de voir un peu de décorum».
Il souligne le plaisir qu’il a eu à travailler avec Hélène Florent et Martin Dubreuil, «deux comédiens formidables».
«C’est un miracle de les voir incarner ces personnages», ajoute-t-il. Le tournage doit se poursuivre jusqu’à la fin du mois d’avril. La date de sortie du long-métrage est, elle, encore inconnue.