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Tétraplégie: les nouvelles mains de Jeanne Carrière

Photo: Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR)

Trancher des légumes en fines lamelles. Déplacer des objets. Saisir un texte au clavier d’ordinateur… Des tâches anodines du quotidien que Jeanne Carrière, devenue tétraplégique à la suite d’un accident survenu au cœur de l’hiver 2021, ne pensait plus pouvoir accomplir un jour.

Et pourtant, parfois, des miracles – de la médecine, dans le cas présent – se produisent. Grâce à une nouvelle pratique chirurgicale de transferts nerveux offerte par l’équipe des docteurs Dominique Tremblay et Élie Boghossian, chirurgiens plasticiens à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), la jeune femme de 27 ans a pu retrouver l’usage de ses mains.

«Je suis capable d’ouvrir et de fermer les deux mains, de pincer, de manger, de me brosser les dents, choses qui étaient impossibles vu que mes mains étaient complètement paralysées», témoigne Jeanne, une peu épuisée, en entrevue avec Métro.

Si les bénéfices de l’intervention chirurgicale subie par Jeanne en juillet dernier sont déjà bien apparents, il faudra encore attendre deux ans pour constater la pleine étendue des progrès réalisés. La route est longue, et de nombreuses séances de réadaptation sont au programme.

«Je fais de la physio aux deux semaines. Ça va durer encore deux années», explique Jeanne.

L’opération: «J’ai tout de suite dit oui»

À la suite de son accident à l’hiver 2021, Jeanne s’est retrouvée paralysée du tronc, des jambes et des bras. Lorsque les chirurgiens Dominique Tremblay et Élie Boghossian l’ont approchée afin de lui parler des transferts nerveux, elle n’a pas hésité une seconde. Jeanne était alors sortie de l’hôpital Sacré-Cœur et se trouvait à l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal (IRGLM).

«J’ai tout de suite dit oui. Je n’avais pas vraiment de crainte. De toute manière, je me disais que ça ne pouvait pas être pire. Je n’avais rien à perdre», confie Jeanne.

S’en est alors suivi une impressionnante opération, déployant des techniques à la pointe du savoir dans le domaine chirurgical.

«Le transfert nerveux existe déjà depuis plusieurs années, détaille la Dre Dominique Tremblay, chirurgienne à l’HMR. Il a commencé à être développé depuis 2010 chez la clientèle tétraplégique pour lui redonner la fonction de ses membres supérieurs. On applique une chirurgie qu’on connaissait sur une nouvelle clientèle.»

Pour assurer le bon déroulement de cette opération, la minutie est de mise. La manœuvre consiste à s’appuyer sur un réseau de nerfs fonctionnels afin de relancer le signal vers les muscles.

«On va chercher des nerfs qui ont une bonne connexion au cerveau et on va les coudre à un circuit qui ne fonctionne pas. Avec le temps, la régénération va avoir lieu à travers ces nouvelles connexions et tout va refonctionner», dissèque la chirurgienne.

L’opération, qui s’est étendue sur presque neuf heures, aura nécessité une dizaine de personnes. En phase de développement durant plusieurs années, cette nouvelle chirurgie est maintenant offerte à l’HMR à tous les patients éligibles.

«On peut en parler aujourd’hui parce qu’on a la preuve de nos résultats. Il fallait attendre un minimum de deux ans. Dans le cas de Jeanne, sa chirurgie a été faite cet été. C’est une patiente avec beaucoup de charisme et une histoire touchante. Il fallait attendre un minimum de mois avant de pouvoir dire que c’est un succès», poursuit la chirurgienne.

On veut en parler parce que c’est quelque chose qui a un impact majeur sur la vie de ces patients.

Dre Dominique Tremblay, chirurgienne à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont

Convalescence difficile

Les temps ont tout de même été difficiles pour Jeanne dans les mois suivant l’opération. L’immobilité forcée, le temps que les membres visés par l’intervention récupèrent, a été un grand défi.

«Je suis paralysée de la poitrine aux orteils, alors si on rajoute les bras qui ne peuvent pas bouger, ça fait que je ne bougeais juste pas. Ça, c’était le plus difficile.»

Depuis, en sept mois seulement, la jeune femme en a parcouru du chemin. Jeanne, qui est scénariste, a notamment pu reprendre ses activités. «J’ai repris le travail déjà depuis deux mois et ça se passe super bien», précise-t-elle.

Autrefois résidente de Montréal, elle a décidé de déménager. Cap sur la campagne. Elle s’est installée dans sa maison familiale, qui a été adaptée à ses besoins. Là-bas, même si elle devient de plus en plus autonome, elle peut compter sur le soutien de sa famille et de son conjoint.

«J’ai un appartement fermé dans l’ancienne maison familiale. Ma nouvelle vie se passe bien. Je veux continuer la physio, le travail, et continuer à faire des améliorations dans mon autonomie», conclut la jeune femme.

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