Révolution verte dans les pharmacies
Ayant travaillé à titre de remplaçant pendant huit ans, ce résident de La Petite-Patrie a constaté le gaspillage qui se fait quotidiennement dans les pharmacies des quatre coins de la province.
On n’a qu’à penser au suremballage des médicaments, à la surutilisation de papier et de sacs plastiques, aux centaines de petites fioles qui ne sont pas réutilisées ou aux nombreux déplacements en voiture pour la livraison.
« Les enjeux du développement durable (DD) y sont pratiquement invisibles. Je ne comprenais pas pourquoi les pharmacies, qui devraient pourtant être des modèles en la matière puisqu’il s’agit d’un enjeu intimement lié à la santé, soient si peu engagées », estime le jeune homme.
Au-delà du simple bac de recyclage, M. Mailhot propose de repenser les transports de la pharmacie, qu’il s’agisse de la livraison des médicaments et du déplacement de la clientèle; de l’efficacité énergétique de son bâtiment; son offre de produits (qui pour la plupart ne sont pas locaux ou écoresponsables) et de sa consommation de fournitures (papier, sacs, fioles, etc.).
« Ce que je veux, c’est carrément transformer ces établissements en organisations écoresponsables. Par contre, c’est vrai que d’une bannière à l’autre, on n’a pas le même degré de flexibilité. Mais on fait ce qu’on peut avec cette marge de manœuvre. »
En effectuant de petites modifications, il est possible d’avoir un impact bien réel, maintient-il.
« Par exemple, on peut expliquer aux clients comment le fait de venir à pied ou à bicyclette a un impact positif sur leur santé et l’environnement. Pour les inciter à le faire, on peut installer un support à vélo ou leur offrir de synchroniser le renouvellement de leurs prescriptions afin qu’ils n’aient qu’un déplacement à faire. Dans le cadre de notre projet-pilote, en remplaçant le véhicule traditionnel de livraison par un modèle hybride et en révisant l’itinéraire des livreurs, ce sont 10 tonnes de moins de gaz à effet de serre qui ont été libérées dans l’atmosphère », illustre-t-il.
Si plusieurs pharmaciens semblent intéressés par ce virage vert, certains se butent à l’idée que ce n’est pas rentable financièrement. Un argument que réfute M. Mailhot. En réduisant sa consommation d’énergie et de fournitures, on réalise de réelles économies.
Afin d’inciter les pharmaciens-propriétaires à emboîter le pas, M. Mailhot, en partenariat avec la Société de développement environnemental de Rosemont (SODER) a rédigé un ouvrage intitulé Pharmacie écoresponsable : guide des meilleures pratiques en développement durable. Celui-ci est appuyé par l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires, l’Ordre des pharmaciens du Québec et la Fondation David Suzuki. On peut le consulter au maillon-vert.com.
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Autopsie d’une poubelle
Voici un portrait type d’une poubelle de pharmacie
70 % de carton
12 % de plastique, verre et métal
10 % de déchets
8 % de papier
(Source: Pharmacie écoresponsable : guide des meilleures pratiques en développement durable)
Et vous, que pensez-vous des pharmacies écolo?
Le Journal de Rosemont a réalisé un sondage-maison, à la sortie d’une pharmacie, à l’angle des rues Beaubien et des Écores. Il a questionné les passants à savoir s’ils envisageraient de changer leur pharmacie habittuelle pour une autre écoresponsable.
« Je ne me suis jamais posée la question. Faudrait que j’y réfléchisse. Je crois que je le ferais, même si elle est située un peu plus loin », soutient Louise Boivin.
« Non, car mes médicaments sont ici. Le fait qu’une pharmacie soit écologique, ce n’est pas un enjeu qui me préoccupe plus qu’il le faut », confie Camille Bouchard, une aînée.
« Je suis habituée à ma pharmacie de quartier. Ça fait 15 ans que je viens ici. Mon pharmacien me connait et vice-versa. Je ne crois pas que je changerais de pharmacie, je trouve plutôt qu’il faudrait qu’elles deviennent toutes plus écoresponsable », fait valoir Johanne Isabel.
« Oui, sans doute que je changerais de pharmacie », répond Laurent Martin.