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Gérer le myriophylle à épis en ville

Le myriophylle à épis colonise certains plans d'eau montréalais, mais son impact est moins dramatique qu'en région, où un plan national est demandé pour le contrôler. Photo: Nouvelles Saint-Laurent News – Archives

Avec le printemps, les Montréalais peuvent de nouveau profiter des plans d’eau dans les parcs. Cependant, plusieurs bassins sont envahis par une plante exotique, le myriophylle à épis. La Ville et les arrondissements doivent donc planifier son enlèvement ou sa gestion.

L’espèce originaire d’Eurasie s’est d’abord disséminée dans le fleuve Saint-Laurent à partir de la fin des années 1950, avant de faire son entrée dans les lacs et étangs dans les années 1970.

«Il n’y a presque pas de recherches au Québec, souligne le biologiste Claude Lavoie, professeur titulaire à l’Université Laval. Nous avons tenu pour acquis que le myriophylle à épis est nuisible aux usages et à la valeur foncière, mais, sur le plan de la biodiversité, nous ne connaissons rien.»

L’Alliance pour un programme national de gestion du myriophylle réclame justement davantage de recherche fondamentale sur la plante envahissante.

«De la sensibilisation au nettoyage des bateaux par exemple est nécessaire, car la propagation se fait par l’activité humaine», précise la porte-parole de l’alliance, Constance Ramacieri, une riveraine d’un lac en Estrie. Elle souhaite également une vision nationale pour la gestion.

Lutte
À Montréal, la présence du myriophylle a été constatée dans plusieurs bassins au cours des dernières années. Dès 2013, une toile a été installée dans une section de l’étang du parc Lafontaine pour bloquer sa croissance.

«Dans un plan d’eau artificiel, la lutte au myriophylle relève principalement d’une préoccupation esthétique. Les interventions visent davantage sa maîtrise plutôt que son éradication. Ces dernières impliquent une mobilisation importante d’équipements», explique la relationniste à la Ville de Montréal, Gabrielle Fontaine-Giroux.

Claude Lavoie confirme que la lutte est plus facile lorsqu’on peut vider les bassins. Elle est donc différente des besoins dans les écosystèmes naturels. Le biologiste offre d’ailleurs un programme de formation continue en lutte aux plantes envahissantes nuisibles.

«L’éradication du myriophylle est impossible, ajoute-t-il. Il faut identifier notre seuil de tolérance et se donner les moyens d’y parvenir.»

Arrondissements
L’entretien des parcs relève des arrondissements. À Saint-Laurent, sur les huit bassins de rétention, six sont touchés par le myriophylle à épis, soit ceux de la Brunante, du Suroît, du Noroît, du Suet, Dr-Bernard-Paquette et Guillaume-Bruneau.

«L’aménagement paysager autour des bassins, en créant des zones ombragées, contribue à diminuer sa présence, explique le chargé de communications de l’arrondissement, Marc-Olivier Fritsch. Nous intervenons aussi dans les bassins en fauchant et en ramassant le myriophylle périodiquement.»

Un contrat de 105 000 $ a été accordé en avril pour l’entretien des bassins, incluant le prélèvement d’algues et la taille des plantes envahissantes que sont le myriophylle et le phragmite.

Dans le Sud-Ouest, un inventaire de la végétation aquatique est en cours dans le parc Angrignon.

Ailleurs dans l’Ouest-de-l’Île, l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro et la ville de Dollard-des-Ormeaux affirment ne pas être touchés par le myriophylle à épis. Son absence a aussi été notée lors du bilan hydrique effectué au parc Jarry, dans Villeray–Saint-Michel—Parc-Extension, l’an dernier.

Dans son livre 50 plantes envahissantes: protéger la nature et l’agriculture qui vient de paraître, M. Lavoie rappelle que le myriophylle est surtout connu pour son impact économique et peut rebuter les acheteurs, selon des études conduites aux États-Unis. «Les tapis de myriophylle sont peu esthétiques et invitants pour la baignade», écrit-il.

Les résidents de l’île de la Brunante, à Saint-Laurent, avaient notamment soulevé la problématique.

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