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COVID-19: les dangers d’évacuer les résidences pour aînés

CHSLD Les Cèdres
Au moins 11 résidents du CHSLD Les Cèdres à Saint-Laurent sont décédés du coronavirus depuis le début de la pandémie. Photo: Métro Média - Laurent Lavoie

Alors que les cas de COVID-19 et les décès s’accumulent dans les centres d’hébergement et les résidences pour aînés (RPA), les résidents devraient-ils être évacués vers les hôpitaux mieux équipés pour faire face à la pandémie? Cette possibilité s’avérerait risquée selon divers intervenants.

Au CHSLD Les Cèdres, où l’éclosion a fait 11 décès en date de lundi, deux familles ont ramené temporairement à la maison leur proche qui ont testé négatif.

«On sait qu’elles sont dépassées. C’est très difficile pour ces familles-là, dit la directrice générale Fadia El Khoury. C’est sûr qu’elles étaient inquiètes, […] on est en éclosion.»

Pour l’heure, plus de 80% des décès dus à la COVID-19 sont recensés dans les résidences pour aînés et rien qu’à Montréal, ils sont plus de 100 établissements à compter au moins un cas de COVID-19.

Questionné sur l’évacuation des CHSLD vers les centres hospitaliers, le ministère Santé et des Services sociaux (MSSS) n’étudie pas ce scénario pour le moment.

Des directives d’aménagement ont préalablement été soumises aux directions autant des résidences pour aînés privées que publiques. Il s’agit d’établir différentes zones pour limiter la propagation du coronavirus.

Vulnérabilité

Au début de la crise, le gouvernement a délesté plus de 7 500 lits dans ses hôpitaux de crainte que le nombre de personnes devant être hospitalisées monte en flèche.

D’y déplacer des résidents est une stratégie laissant Fadia El Khoury perplexe. «Est-ce qu’on va déplacer la problématique ? Qu’est-ce qu’un hôpital va offrir de plus ? Est-ce qu’il y a plus de personnel ?», questionne-t-elle.

Les résidents étant déjà vulnérables, un transfert pourrait avoir de lourdes conséquences. «Le déménagement d’une personne de cet âge, dans les conditions dans lesquelles elles sont, c’est déjà de les mettre à risque [en temps normal] alors qu’on n’a pas cette urgence qui bouleverse la vie des établissements», soutient le professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM), François Béland.

Le Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA), dont le tiers des quelque 90 établissements compterait 10 cas ou plus, présente également des réticences.

«Pour l’aîné qui est déjà confiné depuis des semaines maintenant, on le sent, on le voit, c’est extrêmement difficile, dit Yves Desjardins. S’il fallait qu’on les enlève de leur milieu, je ne suis pas certain que ça aiderait.»

D’ailleurs, en 2009, un groupe de travail mené par la Dre Marie-Jeanne Kergoat a établi un cadre de référence pour une approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier.

18 303

L’ensemble des centres hospitaliers du Québec compte un total de 18 303 lits, incluant ceux en psychiatrie.

«On évalue que près du tiers des patients âgés hospitalisés en soins aigus subissent un déclin fonctionnel et qu’environ 40 % d’entre eux présentent une atteinte dans plus de trois activités de la vie quotidienne», peut-on lire dans le rapport final.

Un tri des personnes infectées et de celles qui ne le sont pas pourrait s’avérer complexe. Dans l’aile d’un établissement, si de deux à cinq cas de COVID-19 sont recensés, le reste des résidents sont également considérés comme positifs, et ce, sans être dépistés, explique le MSSS.

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